Les chasseurs de chevelures. Reid Mayne
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les chasseurs de chevelures - Reid Mayne страница 12

Название: Les chasseurs de chevelures

Автор: Reid Mayne

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ de cinquante dollars, que ma danseuse semblait trouver muy buonito. La flamme de ses yeux m'avait touche le coeur, et les fumees du champagne me montaient a la tete; je commencai a calculer le resultat que pourrait avoir la translation de ce diamant de mon petit doigt au medium de sa jolie petite main, ou sans doute il aurait produit un charmant effet. Au meme instant je m'apercus que j'etais surveille de pres par un vigoureux lepero de fort mauvaise mine, un vrai pelado qui nos suivait des yeux, et quelquefois de sa personne, dans toutes les parties de la salle. L'expression de sa sombre figure etait un melange de ferocite et de jalousie que ma danseuse remarquait fort bien, mais qu'elle me semblait assez peu soucieuse de calmer.

      – Quel est cet homme? lui demandai-je tout bas, comme il venait de passer pres de nous, enveloppe dans son serape raye.

      – Esta mi marido, senor (c'est mon mari, monsieur), me repondit-elle froidement.

      Je renfoncai ma bague jusqu'a la paume et tins ma main serree comme un etau. Pendant ce temps, le whisky de Thaos avait produit son effet sur les danseurs. Les trappeurs et les voituriers etaient devenus bruyants et querelleurs! Les leperos qui remplissaient la salle, excites par le vin, la jalousie, leur vieille haine, et la danse, devenaient de plus en plus sombres et farouches. Les blouses de chasses frangees et les grossieres blouses brunes trouvaient faveur aupres des majas aux yeux noirs a qui le courage inspirait autant de respect que de crainte; et la crainte est souvent un motif d'amour chez ces sortes de creatures.

      Quoique les caravanes alimentassent presque exclusivement le marche de Santa-Fe, et que les habitants eussent un interet evident a rester en bons termes avec les marchands, les deux races, anglo-americaine et hispano-indienne, se haissent cordialement; et cette haine se manifestait en ce moment, d'un cote par un mepris ecrasant, et de l'autre par des carajos concentres et des regards feroces respirant la vengeance.

      Je continuais a babiller avec ma gentille partenaire. Nous etions assis sur la banquette ou je m'etais place en arrivant. En regardant par hasard au-dessus de moi, mes yeux s'arreterent sur un objet brillant. Il me sembla reconnaitre un couteau degaine qu'avait a la main su marido, qui se tenait debout derriere nous comme l'ombre d'un demon. Je ne fis qu'entrevoir comme un eclair ce dangereux instrument, et je pensais a me mettre en garde, lorsque quelqu'un me tira par la manche; je me retournai et me trouvai en face de mon precedent interlocuteur a la manga pourpre.

      – Pardon, monsieur, me dit-il en me saluant gracieusement; je viens d'apprendre que la caravane pousse jusqu'a Chihuahua.

      – Oui; nous n'avons pas acheteurs ici pour toutes nos marchandises.

      – Vous y allez, naturellement?

      – Certainement, il le faut.

      – Reviendrez-vous par ici, senor?

      – C'est tres-probable. Je n'ai pas d'autre projet pour le moment.

      – Peut-etre alors pourrez-vous consentir a ceder votre cheval? Il vous sera facile d'en trouver un autre aussi bon dans la vallee du Mississipi.

      – Cela n'est pas probable.

      – Mais senor, si vous y etiez dispose, voulez-vous me promettre la preference?

      – Oh! cela, je vous le promets de tout mon coeur.

      Notre conversation fut interrompue par un maigre et gigantesque Missourien, a moitie ivre, qui, marchant lourdement sur les pieds de l'etranger, cria:

      – Allons, heup, vieux marchand de graisse! donne-moi ta place.

      – Y porque? (et pourquoi?) demanda le Mexicain se dressant sur ses pieds.

      Et toisant le Missourien avec une surprise indignee.

      – Porky te damne! Je suis fatigue de danser. J'ai besoin de m'asseoir. Voila, vieille bete.

      Il y avait tant d'insolence et de brutalite dans l'acte de cet homme que je ne pus m'empecher d'intervenir.

      – Allons! dis-je en m'adressant a lui, vous n'avez pas le droit de prendre la place de ce gentleman, et surtout d'agir d'une telle facon.

      – Eh! monsieur, qui diable vous demande votre avis? Allons, heup! je dis.

      Et il saisit le Mexicain par le coin de sa manga comme pour l'arracher de son siege.

      Avant que j'eusse eu le temps de repliquer a cette apostrophe et a ce geste, l'etranger etait debout, et d'un coup de poing bien applique envoyait rouler l'insolent a quelques pas.

      Ce fut comme un signal. Les querelles atteignirent leur plus haut paroxysme. Un mouvement se fit dans toute la salle. Les clameurs des ivrognes se melerent aux maledictions dictees par l'esprit de vengeance; les couteaux brillerent hors de l'etui: les femmes jeterent des cris d'epouvante, et les coups de feu eclaterent, remplissant la chambre d'une epaisse fumee. Les lumieres s'eteignirent, et l'on entendit le bruit d'une lutte effroyable dans les tenebres, la chute de corps pesants, les vociferations, les jurements, etc. La melee dura environ cinq minutes. N'ayant pour ma part aucun motif d'irritation contre qui que ce fut, je restai debout a ma place sans faire usage ni de mon couteau ni de mes pistolets; ma maja, effrayee, se serrait contre moi en me tenant par la main. Une vive douleur que je ressentis a l'epaule gauche me fit lacher tout a coup ma jolie compagne, et, sous l'empire de cette inexpressible faiblesse que provoque toujours une blessure recue, je m'affaissai sur la banquette. J'y demeurai assis jusqu'a ce que le tumulte fut apaise, sentant fort bien qu'un ruisseau de sang s'echappait de mon dos et imbibait mes vetements de dessous.

      Je restai dans cette position, dis-je, jusqu'a ce que le tumulte eut pris fin; j'apercus un grand nombre d'hommes vetus en chasseurs courant ca et la en gesticulant avec violence. Les uns cherchaient a justifier ce qu'ils appelaient une bagarre, tandis que d'autres, les plus respectables parmi les marchands, les blamaient. Les leperos et les femmes avaient tous disparu, et je vis que les Americanos avaient remporte la victoire. Plusieurs corps gisaient sur le plancher; c'etaient des hommes morts ou mourants. L'un etait un Americain, le Missourien, qui avait ete la cause immediate du tumulte; les autres etaient des pelados. Ma nouvelle connaissance, l'homme a la manga pourpre n'etait plus la. Ma fandanguera avait egalement disparu, ainsi que su marido, et, en regardant a ma main gauche, je reconnus que mon diamant aussi avait disparu.

      – Saint-Vrain! Saint-Vrain! criai-je en voyant la figure de mon ami se montrer a la porte.

      – Ou etes-vous, Haller, mon vieux camarade? Comment allez-vous? bien, j'espere?

      – Pas tout a fait, je crains.

      – Bon Dieu! qu'y a-t-il donc? Aie! vous avez recu un coup de couteau dans les reins! Ce n'est pas dangereux, j'espere. Otons vos habits que je voie cela.

      – Si nous regagnions d'abord ma chambre?

      – Allons! tout de suite, mon cher garcon; appuyez-vous sur moi; appuyez, appuyez-vous!

      Le fandango etait fini.

      VII

      SEGUIN LE CHASSEUR DE SCALPS

      J'avais eu precedemment le plaisir de recevoir une blessure sur le champ de bataille. Je dis le plaisir; sous certains rapports, les blessures ont leur charme. On vous a transporte sur une civiere en lieu de surete; un aide de camp, penche sur le cou de son cheval ecumant, annonce que l'ennemi est en pleine deroute, et vous delivre ainsi de la crainte d'etre transperce par quelque lancier moustachu; un chirurgien se penche affectueusement vers vous, СКАЧАТЬ