Thémidore; ou, mon histoire et celle de ma maîtresse. Godard d'Aucour Claude
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СКАЧАТЬ parloit à l’esprit avec art, & ses charmes se rendoient maîtres de mon cœur. Les louanges qu’elle me donnoit tomboient sur un article dont tout le monde est charmé de se prévaloir. Détaillant le caractere de sa bonne amie, elle en faisoit, par forme de conversation, une critique approchante de la satyre. Elle en vint à me confesser que, vis-à-vis de moi, en telle situation, si sa foiblesse ne plioit pas, l’espoir certain du plaisir détermineroit son obéissance; la gloire d’être inexorable ne valant pas la joie intérieure que l’on goûte à ne la pas être. Elle embellit cette morale en fille qui en espéroit du fruit. Cependant elle s’étoit approchée de moi, & en regardant mon ajustement: serrez, Monsieur, dit-elle, ce que j’entrevois là-dessous; vous m’exposez-là une tentation & à une tentation; & en voulant elle-même écarter cette tentation, elle en fit naître en moi pour elle une des mieux conditionnées. De degrés en degrés mademoiselle de Noirville me mit hors de moi-même. Je prends feu aisément: la moindre étincelle embrase une matiere combustible, & l’embrasement consume indifféremment tout ce qui se trouve à son passage. Bref, mademoiselle de Noirville remplit la place de Rozette, en tint presque lieu chez moi dans des embrassemens que serroit la passion; je ne songeai qu’au sacrifice, & peu à la Divinité: ce que j’éprouvai, c’est qu’à quelque Dieu de l’Univers que l’on adresse ses vœux, il y a une satisfaction sensible à mettre des présens sur un autel.

      Rozette rentra alors, & mademoiselle de Noirville, que j’ai connue depuis, qui étoit venue-là comme une machine, s’en retourna de même. La plaisante figure que celle que je faisois alors en présence de Rozette! Elle savoit ce qui étoit arrivé, & elle avoit d’avance calculé cette éclipse. Elle étoit à un coin de la chambre, & moi à l’autre. Nous n’osions nous approcher. Qu’étoient devenus ces momens où nous nous serions si volontiers confondus ensemble? Elle me fit mille reproches; mais avec cet air sévere & gracieux, & de ce ton insinuant qui vous peint votre faute sans vous la nommer: elle m’offroit à penser & me prêtoit un cadre vuide où je pouvois moi-même placer mes solides réflexions. Elle me fit remarquer que les femmes étoient bien folles de compter sur le cœur des hommes, dont l’unique but n’est jamais que de satisfaire leurs passions. Qui n’auroit pas goûté cette morale dans sa bouche? Mais la façon dont elle la débitoit excitoit en moi pour elle les mêmes passions contre lesquelles elle déclamoit avec tant de grace.

      De la morale au plaisir il n’est souvent qu’un pas. Au milieu des avis que me prodiguoit si libéralement Rozette, je lui demandai si le soir je pourrois venir souper avec elle; & pour déterminer son consentement, je lui fis la galanterie d’une navette garnie d’or. Elle aime à faire des nœuds, ainsi elle reçut mon présent, & me confessa que, malgré mes infidélités, elle m’aimoit toujours. Un bijou présenté à temps attendrit bien une ame: si les Dieux se gagnent par des offrandes, pourquoi de simples mortelles y seroient-elles insensibles?

      Je la quittai avec peine. Retourné à la maison, j’y trouvai mon pere, auquel je fis un détail de ce que je n’avois pas vu la veille à l’Opéra & le soir aux Tuileries. Il sut en un moment l’histoire circonstanciée de mille aventures qui n’étoient certainement point arrivées. En pareilles circonstances il faut d’autant plus raconter de choses qu’on en a moins vues. Je lui dis que j’étois prié à souper en ville, & que la partie étoit indispensable. Je lui nommai une maison qu’il ne connoissoit point ni moi non-plus. Mon pere est bon, peu défiant, s’en rapporte à moi, & m’aime extrêmement, comme étant le dernier fruit de son amour avec ma mere, & à qui ma naissance a coûté la vie. Je me fis conduire au Marais, renvoyai mon équipage, & ordonnai au Cocher de se trouver à côté de l’hôtel de Soubise à une heure du matin au plus tard. J’espérois effectivement m’y rendre. Ne comptons jamais sur l’avenir. Les Domestiques partis, je monte dans un Fiacre. Je ne sais pourquoi le coquin, qui étoit cependant sur la place, ne vouloit point marcher: je fus obligé d’en venir à des extrêmités. Il me servit enfin. Il étoit marqué au numéro 71, & à la lettre X.

      Vous verrez, cher Marquis, que ce numéro va jouer un grand rôle; ainsi ne soyez pas étonné que je m’en souvienne si bien.

      En passant pardevant un Café, ce nombre impair fit perdre une grosse somme à des particuliers qui jouoient à pair ou non sur le chiffre du premier Fiacre qui passeroit. Avant que le Fiacre fût à portée de laisser voir son numéro on eut celle de considérer celui qui étoit dedans. Les perdans & les gagnans se ressouvinrent du chiffre & de la lettre, & n’oublierent pas celui qui étoit dans la voiture. Ainsi, cher Marquis, les événemens de la vie dépendent d’une circonstance à laquelle on n’a jamais pensé, & qu’il est impossible au plus fin de prévoir.

      J’arrivai chez Rozette, qui commençoit à s’impatienter de mon délai. Elle me reçut avec empressement; soit qu’elle eût pris de l’amitié pour moi, soit que ma libéralité lui eût plu, elle se préparoit à une généreuse reconnoissance. Elle m’obligea de mettre la robe de chambre que j’avois fait porter chez elle, & voulut que je me misse à mon aise, étant dans le pays de la liberté. Elle s’étoit coëffée de nuit, & sa garniture de dentelles, en pressant un peu ses joues, faisoit un office qui lui donnoit de belles couleurs. Un mouchoir politique couvroit sa gorge; mais il étoit placé d’un air qui demandoit qu’on ne le laissât pas à sa place. Elle n’avoit qu’un corset de taffetas blanc & un jupon de même étoffe & de pareille couleur: sa robe, aussi de taffetas bleu, flottoit au souffle des zéphirs.

      Le souper n’étoit pas encore prêt. Nous entrâmes dans sa chambre. Les rideaux du lit étoient fermés, & les bougies placées sur la toilette, de sorte que la lumiere ne réfléchissoit pas sur toute la chambre. Nous passâmes vers le côté obscur. Je me jettai sur un fauteuil, & la tenant entre mes bras, je lui tenois les discours les plus tendres. Elle y répondoit par de petits baisers & par des caresses délicates: ainsi peint-on les colombes de Vénus. Tu veux donc, dit-elle après quelques instants de recueillement, que je te donne du plaisir? Petit libertin! N’allez pas faire venir mademoiselle de Noirville, lui repliquai-je. Non, non, ajouta-t-elle, ce n’est plus le tems: j’ai eu mes raisons pour le faire; d’autres circonstances exigent d’autres soins. En discourant ainsi, & badinant toujours, nous gagnâmes le lit: je l’y poussai délicatement, en la serrant entre mes bras. Approchez ces deux chaises, dit-elle, puisque vous le voulez absolument. J’obéis. Elle mit ses deux jambes dessus, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, & sans sortir de la modestie, sinon par la situation, elle m’agaça par mille figures.

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      1

      Elle se nomme madame Morin.

      2

      Marchand Bijoutier; rue Saint Honoré; СКАЧАТЬ