Les Mystères du Louvre. Féré Octave
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Название: Les Mystères du Louvre

Автор: Féré Octave

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая литература

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СКАЧАТЬ étaient une révolution, une prophétie. Si la fatalité, liguée contre nous, déjouait nos desseins, j'ai la foi que, renaissant un jour, fût-ce dans un siècle, en des conditions meilleures, notre étoile nous remettrait en présence l'un de l'autre, et nous réunirait.

      – C'est ma confiance et ma consolation aussi!..

      – Oh! oui, poursuivit Marguerite avec une sorte d'illumination, les âmes se transmettent! Sans cela, d'où viendraient ces attractions singulières qui sont la manifestation de l'amour… L'amour! mais il est plein de réminiscences mystérieuses!.. Quand on s'aime bien, ne semble-t-il pas que cette béatitude ne soit que la continuation d'une vie antérieure?.. On se connaît du premier instant qu'on se rencontre; la sympathie s'établit sans qu'on y songe, et tandis que vous restez en constant éloignement avec certains êtres, vous êtes porté par une voix intérieure, vers d'autres, comme s'ils s'étaient déjà identifiés à vous-même!..

      – Adorée Marguerite! que n'est-il donné à mon père de vous voir et de vous entendre! Combien il serait fier de rencontrer un disciple qui interprète et devance si éloquemment les visées de sa philosophie!..

      – Moi aussi, ami, j'eusse voulu connaître ce sage patriarche. Hélas! mon vieux serviteur, Michel Gerbier, mon père de nourrice, est de retour depuis hier, ayant tout mis en œuvre sans retrouver sa trace.

      Le prisonnier serra sa main avec émotion.

      – Merci, noble femme…

      Et il s'arrêta; un mot de plus, ses larmes débordaient.

      – Brave cœur, dit-elle à demi-voix; au fond de ce cachot, c'est sur le malheur de son père qu'il s'afflige!..

      Alors, cédant à ce sentiment d'admiration, elle posa silencieusement ses lèvres sur ses deux yeux profonds et tristes, pour écarter leurs soucis par ses baisers.

      Deux petits coups frappés derrière la pierre tournante mirent fin à cet épanchement.

      – Déjà!.. soupira Jacobus.

      – Les minutes sont brèves, qui sont heureuses… Mais cette issue, fermée à nos ennemis, peut se rouvrir pour nous…

      Deux nouveaux coups indiquèrent la nécessité de la séparation, en même temps que du coin de la porte secrète s'avança la tête du vieux geôlier disgracié.

      – Pas un instant à perdre, Altesse, dit-il; voici l'heure de la ronde des gardiens; l'écho m'annonce qu'ils sont entrés dans la galerie…

      Il fallait son oreille exercée à ces bruits souterrains pour discerner cet incident dans le silence apparent qui remplissait cette lourde atmosphère.

      – Adieu! adieu donc! murmura Jacobus de Pavanes.

      – Au revoir! répondit Marguerite.

      La pierre roula sur son pivot, la lumière apportée par le vieux guide disparut.

      Lorsque les gardiens jetèrent leur coup d'œil méfiant dans la cellule, à quelques secondes de là, ils aperçurent le prisonnier étendu sur sa couche, le visage tourné vers le mur, et la clarté imperceptible de la lampe, dont le lumignon, à bout d'huile, crépitait, prêt à s'éteindre.

      – Tout va bien, prononça le chef de la ronde; il dort, et l'ange des tombeaux sera habile s'il arrive jusqu'à lui.

      XI

      TEL MAITRE, TEL VALET

      La journée qui succéda à cette nuit de mélancoliques aspirations s'écoula pour la princesse Marguerite avec une lenteur mortelle.

      Elle refusa de quitter sa chambre, alléguant une indisposition, ce qui n'était que trop justifié par son abattement, par le marasme qui, de son moral, influait sur ses forces physiques.

      Hélène de Tournon, seule initiée à ses chagrins et à ses angoisses, resta auprès d'elle et ne la quitta qu'un instant vers la fin du jour.

      Les croisées de la princesse donnaient sur la Seine. Son appartement se trouvait au premier étage, dans la partie du palais qui va aujourd'hui se réunir par un angle au pavillon de Charles IX, et devant laquelle s'étend le parterre de l'Infante.

      Dans ces constructions gothiques, l'épaisseur des murailles, l'élévation de l'appui des fenêtres, étroites et longues d'ailleurs, ne permettaient guère de jouir de l'aspect du dehors. On avait pour cela, dans les habitations princières, ces grands sièges, hauts sur leurs pieds, à la forme solennelle, comme les retraits auxquels ils étaient destinés.

      C'était d'un de ces fauteuils que Marguerite de Valois contemplait les lueurs ardentes du soleil couchant, qui se reflétaient en cascades diamantées sur les flots de la Seine.

      C'était à cette place, de ce fauteuil, dans ces splendeurs du firmament, dans ces magnificences de la nature, que son imagination puisait parfois ses plus poétiques inspirations.

      Ce soir-là, pensive et grave, qu'allait-elle leur demander? Quelles révélations son esprit attendait-il de ces sphères perdues dans l'immensité?

      Peut-être, gagnée à des velléités superstitieuses, se rappelait-elle les croyances de sa mère aux œuvres des cabalistes; peut-être, plutôt, interrogeait-elle le ciel infini pour savoir si vraiment les âmes vivent de plusieurs vies, et, dans cette espérance, voulait-elle connaître encore quand viendrait celle qui, comblant les distances de la naissance et du rang, nivelant les abîmes, écartant les obstacles, réaliserait l'ère des sympathies et des migrations heureuses!

      Un effet de l'horizon empourpré venait éclairer l'embrasure de la croisée, miroitait contre les vitraux en losanges, aux brillants coloriages, mais laissait dans une obscurité épaisse l'intérieur de la chambre et son mobilier somptueux.

      Quelqu'un entra discrètement, et, voyant l'immobilité de la princesse, s'avança vers elle en se guidant sur cette transparence des croisées.

      C'était Hélène de Tournon, qui revenait de pourvoir au service de sa chère maîtresse.

      Si celle-ci eût été en état de l'observer, elle eût reconnu qu'elle était à la fois émue et embarrassée.

      Mais, le regard noyé à la poursuite des zones prestigieuses qui pâlissaient sensiblement au loin, Marguerite ne s'aperçut même pas de son retour.

      Hélène manifesta d'abord une grande perplexité; son attention allait alternativement de la princesse à la portière de la chambre, et tout montrait qu'elle semblait craindre la venue de quelqu'un dont elle ne savait en quels termes annoncer la visite.

      Comme il y allait d'une affaire de conséquence, elle s'enhardit à la fin:

      – Me voici à vos ordres, madame, dit-elle.

      – Ah! tu étais là! fit la princesse, dont la prunelle encore éblouie ne la distinguait pas dans l'ombre de la chambre.

      – Votre Altesse doit reconnaître que ses appartements ont été défendus avec soin, suivant son désir, puisque madame la régente même n'a pas insisté pour y pénétrer.

      – Je dois cette solitude à ton zèle, et je t'en remercie.

      – Ainsi, Votre Altesse n'est pas décidée à se départir de cette consigne pour personne?

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