Nach Paris! Roman. Dumur Louis
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Название: Nach Paris! Roman

Автор: Dumur Louis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Dieu, nous serons en France. Nous y serons hors de toute loi, sinon celle de la guerre, exempts de toute contrainte autre que le succès de nos armes et le bon plaisir du guerrier. Rien qu'à y songer, je me sens déjà plein de joie et d'ardente convoitise. Quel pays que la France! Quelles femmes, quels vins, quelles richesses!.. Voilà la réalité, voilà ce qui est appréciable et tangible… La culture, c'est très bien. Vous la répandrez, je n'en doute pas, mon cher Kœnig, vous et vos pareils. Mais croyez-moi, laissez cela aux professeurs, qui s'en chargent. Nous autres, nous sommes des soldats. Nous risquons notre peau, mais nous y trouvons le bénéfice de compensations immédiates. Pour moi, si, comme je l'espère, je rentre en France le sabre au clair et à la tête de ma section, je veux bien me battre, bien tuer, bien manger, bien boire et bien b… Après quoi, je m'en f… et je laisse la place aux professeurs… Prosit!

      Peu à peu Schimmel avait élevé la voix et quand, parvenu au bout de son couplet, il eut haussé victorieusement son verre, de sonores hourras partirent des tables voisines.

      – Bravo!.. Hoch Schimmel!.. Voilà qui est parler! criait-on de divers côtés.

      Le premier-lieutenant Poppe se dérangea pour venir lui serrer la main, et la table des capitaines elle-même fut secouée d'un frémissement joyeux.

      Les échos de cette animation générale ne s'étaient pas encore calmés, que la porte de la salle s'ouvrit. Elle livra passage au major von Nippenburg, qu'accompagnait le capitaine Kaiserkopf. Tout le monde se leva.

      C'était un homme d'une cinquantaine d'années, replet et rose, sans un poil sur la nuque, non plus que sous le busc de son nez d'épervier. Ganté, sanglé, la casquette profondément enfoncée sur le crâne, la torsade à deux brins aux épaules, la cravache sous l'aisselle et les jambes arquées par l'exercice du cheval, il avait l'air tout à la fois burlesque et matamore. Auprès de lui, le capitaine Kaiserkopf paraissait un colosse.

      – Bonsoir, messieurs, dit-il. Je vous en prie, reprenez place.

      Il circulait de table en table, saluant aimablement du geste.

      – Vous n'êtes pas très commodément installés… Vous êtes à l'étroit, messieurs… Vous regrettez votre casino…

      – D'autant plus, fit la grosse voix de Kaiserkopf, que ces bougres de sous-officiers nous font ici à côté un sabbat… Potztausend!

      Cette observation déchaîna une franche hilarité. Le fait est que les sous-officiers du régiment, qui avaient leur cantine dans la salle voisine, ne se gênaient guère pour procéder à leur vacarme habituel, dont, chaque fois que la porte s'ouvrait, nous percevions les éclats et le grossier tintamarre.

      – Que voulez-vous, messieurs… poursuivait le major. A la guerre comme à la guerre!

      A peine avait-il laissé choir ces mots qu'un vif émoi s'emparait des assistants. Des officiers se précipitaient:

      – La guerre!.. Vous avez dit la guerre, monsieur le commandant?.. Est-ce la guerre?..

      Assailli de la sorte, le major ne vit d'autre ressource que de lever au plafond ses bras courts.

      – Je vous en prie, messieurs, chevrota-t-il, calmez-vous… Je n'ai pas dit la guerre… Si j'ai dit la guerre, c'était sans y prendre garde, dans l'emploi d'une expression usuelle à laquelle je n'attachais pas d'autre importance… Je ne sais rien, messieurs… Je vous assure que j'ignore tout… Comme vous, j'attends… Calmez-vous, messieurs, je vous en supplie…

      – Calmez-vous donc, nom de Dieu! tonitrua le capitaine Kaiserkopf. Le major von Nippenburg vous dit qu'il ne sait rien: c'est qu'il ne sait rien.

      Cette injonction eut raison du tumulte. Que le major von Nippenburg sût quelque chose qu'il ne voulût pas dire ou que vraiment il ne sût rien, le résultat en était le même et la conséquence identique: la patience.

      Ce fut le moment de me lever de nouveau, de faire trois pas à la rencontre du major qui s'avançait vers notre table et de me présenter à lui. Il voulut bien me reconnaître, m'adressa plusieurs questions et me demanda des nouvelles de mon père. Cet accueil ne manqua pas d'impressionner le capitaine Kaiserkopf.

      – Gewiss, fit celui-ci, je crois que nous pouvons compter sur ce jeune gaillard. J'ai vu ses notes, qui sont bonnes, et je lui ai confié le cinquième groupe de la troisième section.

      – Montrez-vous digne de cette confiance, monsieur Hering, me dit le major, et nous pourrons, je l'espère, avant qu'il soit longtemps, vous octroyer le porte-épée.

      Il s'informa du bagage des officiers dont le lieutenant Kœnig avait été chargé.

      – Tout est en règle, monsieur le commandant; le train n'a plus qu'à enlever.

      – Bien, bien, très bien… Je vois que l'esprit est excellent, fit-il en explorant de nouveau du regard la salle rumorante. Je suis très satisfait…

      Puis, après nous avoir encore adressé un petit salut de la main, il se dirigea vers la table des capitaines, y prit place et, les ordonnances accourues, après s'être longuement concerté avec son acolyte, commanda un punch.

      – C'est un malin, murmura Schimmel; il se rend populaire. Ce n'est pas le major von Putz, du premier bataillon, qui en ferait autant. Tous les supérieurs sont en ville, au Fürstenhof, au Theatergarten ou chez le général, tandis que nous moisissons ici à ne rien savoir.

      Pour moi, je ne me sentais aucunement moisir. Très content de moi-même et des égards que je m'étais vu témoigner, heureux de me trouver dans cette atmosphère militaire et dans la compagnie de ces officiers distingués, je ne demandais qu'à jouir de ma situation présente, en attendant tranquillement les événements. Je m'enquérais de ce qu'étaient devenus ceux de mes anciens camarades que je n'avais pas revus, l'enseigne Wollenberg, l'exempt Lothar, le volontaire Otto Fuchs et le baron Hildebrand von Waldkatzenbach. On m'informait alors que Wollenberg était parti avec l'active, ainsi que l'exempt Lothar, nommé sous-officier, tandis que Fuchs, non encore mobilisé, était désigné pour le bataillon de dépôt. Quant au baron Hildebrand von Waldkatzenbach, qui avait raté l'examen d'officier de réserve, son rang d'aspirant, à ce que m'apprenait Helmuth, avait cependant fini par lui être concédé sur l'intervention d'une princesse appartenant à une famille souveraine. Nous ne tarderions pas à le revoir parmi nous.

      Tout cela me ravissait d'aise. Halle et son université étaient bien loin. Je me sentais militaire dans l'âme, et je me demandais déjà si je n'avais pas menti à ma vocation, si je n'aurais pas dû, comme Wollenberg, arborer la cocarde de l'enseigne, plutôt que de coiffer la casquette orange du corps d'étudiants de Teutonia.

      Au reste, le bruit croissant et la mêlée dissonante où la forte voix du capitaine Kaiserkopf grondait sans effort comme une basse persistante, la fumée des pipes et des cigares, le brandissement des chopes, le scintillement des liqueurs conféraient de plus en plus à cette réunion le caractère d'une vaste kneipe. Un bourdonnement continu provenait de la salle des sous-officiers, gonflé d'échos de disputes et de braillements de chants. De temps en temps la porte s'ouvrait, un officier entrait ou sortait, et le charivari devenait alors énorme. Dominant toutes les autres, une voix avinée, où l'on ne pouvait reconnaître que celle du sous-officier Michel Bosch, gueulait:

      Zum Rhein, zum Rhein, zum deutschen Rhein!

      Wer will des Stromes Hüter sein?

      Lieb Vaterland, magst ruhig sein:

      Fest steht und treu die Wacht am Rhein!

      Puis la СКАЧАТЬ