Nach Paris! Roman. Dumur Louis
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Название: Nach Paris! Roman

Автор: Dumur Louis

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      – Nous partons. Mais quand, das weiss ich nicht. Le colonel reste mystérieux. Quand avez vous reçu votre ordre?

      – Avant-hier.

      – Parfait. Avez-vous vu le capitaine?

      – Pas encore. J'arrive.

      – Eh bien, montez vous mettre en tenue. Je vous rejoindrai dans une demi-heure. Nous irons ensemble. Vous verrez, mon cher, un homme extraordinaire.

      – Qui ça, Braumüller?

      – Mais non, Kaiserkopf… le capitaine Kaiserkopf. Puis, voyant mon étonnement:

      – C'est juste, vous ne savez pas… Braumüller est parti avec l'active.

      – Le régiment n'est plus ici?

      – Non. Nous autres, nous sommes affectés au cadre de réserve. Nous avons un nouveau capitaine, et c'est le capitaine Kaiserkopf.

      – Kaiserkopf… répétai-je, comme pour me graver dans la tête ces syllabes sonores.

      – Vous verrez. C'est un homme… je ne sais pas s'il vous plaira… c'est un homme extraordinaire… Il vient de Torgau.

      – Qu'a-t-il de si extraordinaire?

      – Vous verrez. A propos, fit Kœnig, ce n'est pas la peine de sortir votre tenue de service. On distribue depuis ce matin les uniformes de campagne. Faites-vous délivrer le vôtre. A tout à l'heure.

      – C'est entendu. Mais qu'est-ce que c'est donc que tous ces gens-là, demandai-je, montrant les hommes à l'exercice. Il y a là pour le moins, un demi-bataillon.

      – Une compagnie, mon cher, une seule compagnie, la sixième.

      – Une compagnie! m'écriai-je. Vous plaisantez.

      – Aucunement, mon ami. Toutes les compagnies de notre régiment vont avoir trois cent cinquante hommes sur pied de guerre.

      Je restai suffoqué. Trois cent cinquante hommes par compagnie, cela me semblait un chiffre énorme.

      – Kanonenfutter, murmura philosophiquement le lieutenant Kœnig. Ah! les Français ne se doutent pas de ce qu'ils vont recevoir sur le dos: l'active et la réserve, tout à la fois, et des compagnies de trois cent cinquante hommes!

      Sur quoi il se remit à sa besogne d'estampillage.

      Je montai à la compagnie. Notre étage bourdonnait comme une ruche en travail. Par les portes des chambrées on voyait les hommes en tricot de coton préparer leurs paquetages, ordonner leur fourniment, graisser leurs bottes. Des sous-officiers s'évertuaient, bougonnaient des instructions, mâchaient des jurons entre leurs dents tabagiques. Une prenante odeur de suée, de pieds et d'aisselles flottait dans les corridors.

      Je rencontrai le fourrier Schmauser devant les lavabos.

      – Ah! vous voilà, Hering! Je vous ai logé chez le feldwebel Schlapps. Vous ne vous plaindrez pas!

      – Le feldwebel est absent?

      – Le feldwebel est parti en avant avec le lieutenant-colonel Preuss pour les cantonnements.

      – Où?

      – Je n'en sais rien.

      – Quand partons-nous!

      – Je n'en sais rien.

      – Mais, savez-vous au moins si nous partons?

      – Je n'en sais rien de rien. Tout ce que je sais, c'est qu'on s'occupe de nous cantonner quelque part. Voici la clef du feldwebel. Je vais vous envoyer le tailleur, puis vous irez au magasin d'habillement choisir un casque. Tout le monde est équipé à neuf des pieds à la tête.

      – Quel remue-ménage!

      – Ne m'en parle pas! Voici deux nuits que je ne dors pas. Les chambrées sont archi-pleines, je ne sais où caser mes hommes.

      Tout pénétré de son importance, le fourrier Schmauser épongeait son front moite.

      Je trouvai ma cantine qui m'attendait devant la porte du feldwebel. Le logement était des plus confortables. Il se composait de deux pièces donnant sur la cour de la manutention, l'une servant de salon, l'autre de chambre à coucher. Le meuble en était cossu et voyant. Un fort bureau recouvert d'un tapis de peluche écarlate à grosses franges d'or supportait un cabaret à liqueurs, des pots à tabac et quelques livres de service. Sous une panoplie de pipes auréolant de leurs rayons divergeants le portrait en couleur de l'empereur, s'étalait, très fatigué, un large divan bleu de Prusse, devant lequel traînait une peau de renard. Aux fenêtres pendaient de lourds rideaux de panne jaune serin. Les murs tendus d'un papier gaufré à fleurs vertes se hérissaient de pointes de casques, d'aigrettes, de plumets, de crosses de pistolets, de poignards, de fers de lances, de bois de cerfs, de couteaux de chasse et d'armes exotiques. Sur la cheminée, entre deux enveloppes d'obus garnies d'herbes stérilisées, je reconnus la jolie pendule en porcelaine de Meissen que j'avais donnée au feldwebel pendant mon volontariat pour me concilier sa bienveillance. Mais ce qui surprenait le plus dans l'appartement du feldwebel Schlapps, c'était la quantité prodigieuse de souvenirs de femmes qui en ornaient tous les coins et recoins. On ne comptait pas les écharpes, les rubans, les mouchoirs, les débris de gaze, les bouquets fanés, les gants jaunis, les jarretières, les nœuds de chemise qui s'accrochaient à tous les clous, rôdaient sur les meubles, chargeaient des étagères, piquaient les angles des cadres et des miroirs. Les plus intimes de ces objets étaient naturellement dévolus à la décoration de la chambre à coucher, où l'on pouvait voir jusqu'à un pantalon de linon, avec des faveurs roses et des dentelles, servant de têtière à un fauteuil oriental. Le nombre des photographies surtout était considérable: il y en avait de toutes les sortes, dans toutes les poses et dans tous les costumes. Les unes présentaient de sémillants minois en toilette de ville, d'autres des déshabillés suggestifs, d'autres de piaffantes mascarades de théâtre-variété. Il y en avait de poétiques et de provocantes, de sensuelles et de sentimentales, de lascives, de perverses, de triviales; quelques unes même pouvaient être qualifiées de nettement obscènes. Tout ce qui avait passé sur les scènes des music-halls de Magdebourg, sur la piste de son cirque, dans ses tavernes, dans ses confiseries, dans ses bals publics, dans ses bars, sur ses trottoirs ou dans ses maisons louches s'étalait là, paradant, aguicheur, érotique et brutal, témoignage impressionnant des robustes appétits et des succès féminins de notre feldwebel.

      J'en étais là de ma contemplation et ma pensée rougissante s'en allait déjà, portée par un courant naturel, errer à la dérive du côté des charmes encore à peine entrevus de ma chère Dorothéa, quand le tailleur Stich entra. Il avait les bras chargés de deux ou trois tuniques et d'autant de pantalons.

      – A vos ordres, monsieur l'aspirant. J'ai conservé vos mesures de l'année dernière. Avez-vous grandi? Avez-vous grossi?

      – Pas d'un pouce, Stich.

      – Alors, fit-il de sa voix nasillarde, voilà qui doit vous aller comme un gant.

      Il me présenta un uniforme et m'aida à l'endosser. J'en examinai l'effet dans la grande glace de Schlapps.

      C'était le fameux uniforme feldgrau, dont j'avais déjà porté un spécimen aux manœuvres.

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