Le chemin qui descend. Ardel Henri
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Название: Le chemin qui descend

Автор: Ardel Henri

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ non! Élisabeth… Après un après-midi comme celui d'aujourd'hui, vous devez vous reposer; toute la matinée, déjà, vous avez circulé. Soignez-vous donc un peu, vous-même, de temps en temps!

      Élisabeth se mit à rire.

      – Vous entendez, docteur, cette petite qui se mêle de donner des consultations. Claude, porte plutôt du lait à Hugaye qui m'a l'air de fourrager inutilement sur le plateau.

      Elle obéit et versa le lait dans la tasse que lui tendait le jeune homme. Tous deux étaient sous la haute clarté d'une lampe, près de la table. Claude, debout, s'était mise à grignoter une tartine de pain bis.

      Étienne interrogea:

      – Qu'est-ce que vous avez fait cet été? Claude.

      Ils étaient de vieux amis et se traitaient comme tels.

      – A Landemer? J'ai joué du violon, j'ai lu, j'ai vagabondé sur les falaises et dans d'exquis petits sentiers… J'ai même été une fois en auto!

      – Une fois?..

      Elle rit.

      – Oui, une fois, une seule fois!.. Et c'est à votre tante, Mme de Ryeux, que je le dois. Elle a demandé à son fils de m'emmener à la Pointe de Jobourg. J'ai fait une exquise promenade!

      – Avec son fils?.. Avec Raymond de Ryeux?..

      – Mais oui!.. Est-ce qu'elle a un autre fils?

      – Non, bien entendu. Mais quelle diable d'idée a-t-elle eue là de vous envoyer ainsi avec Raymond?.. Il n'était pas du tout un… chaperon pour vous!

      Une lueur d'amusement brilla dans les prunelles de Claude:

      – Vous parlez comme Mlle de Villebon! Pourquoi donc traitez-vous avec tant d'irrévérence, l'aimable idée de votre tante? Son fils m'a paru un monsieur très correct. Nous ne nous sommes pas dit un mot durant le trajet. Nous avons bavardé seulement à Jobourg, en descendant la falaise, et au goûter!.. Pour être un homme du monde, il n'était pas stupide!..

      – Merci pour lui!.. Vous lui avez donc fait de la musique?.. Je me souviens de l'avoir entendu parler de votre talent!

      – Vraiment?.. C'est gentil à lui! Il aura été reconnaissant. Afin de le remercier de m'avoir si bien promenée, j'ai joué pour lui, tout seul, dans l'église d'Urville.

      – C'est vrai, tout cela?.. Vous ne vous moquez pas de ma candeur?..

      – Très vrai!

      Il la regardait avec une sorte de stupéfaction mécontente.

      – Eh bien, je ne vous en fais pas mes compliments.

      – Je ne vous les demande pas! lança-t-elle, taquine.

      Comme s'il n'avait pas entendu, il continuait rudement:

      – Je me demande à quoi a pensé Mlle de Villebon, d'autoriser cette absurde équipée.

      – Mais Mlle de Villebon n'avait rien à autoriser ou à interdire, riposta-t-elle avec insouciance, un peu hautaine. Je suis libre, j'imagine, de mes actes.

      – Très exact, vous avez raison. Recevez mes excuses de m'être mêlé de ce qui ne me regarde pas.

      – Bon!.. Alors, puisque vous reconnaissez vos torts, faisons la paix!.. Vous me demandiez ce que j'ai fait à Landemer?.. J'ai aussi regardé Mlle de Villebon soigner son troupeau.

      Une impatience passa en éclair dans les yeux gris du jeune homme.

      – Et vous l'avez aidée?

      – Bien peu… pour ne pas dire «point», si j'ose un tel aveu. Je ne me sentais pas un brin altruiste, à Landemer.

      Une expression désapprobatrice assombrit le visage d'Étienne Hugaye.

      – Je suis sûr que vous vous calomniez.

      Elle eut un petit rire bref:

      – C'est que vous êtes une belle âme; vous jugez les autres à votre image; comme Mlle de Villebon qui, très sincèrement, ne connaît rien de plus passionnant que de faire du bien à ses semblables… Si elle n'était très charitable, elle aurait été plus d'une fois scandalisée de ma misérable insouciance pour les obligations de la solidarité! Peut-être, à Paris, près d'Élisabeth, je vais redevenir un peu meilleure… Mais ce n'est pas sûr!

      Elle parlait avec une légèreté ironique, amusée de l'irritation qu'elle devinait chez son sévère interlocuteur.

      Leurs rapports étaient tout particuliers. Elle aussi l'estimait. Mais résolument, en toute occasion, elle s'insurgeait contre son intransigeance autoritaire qui la choquait, elle si indépendante et de pensée si souple; contre son austérité qu'il eût voulu voir partagée par tous, comme la source d'un bonheur né du renoncement à la joie de vivre.

      Très souvent, elle le choquait; quelquefois même elle le blessait; mais toujours elle l'intéressait, alors même qu'elle l'irritait jusqu'à l'exaspération. Seulement, combien de plus en plus, elle lui paraissait inquiétante! Il reprit:

      – J'espère bien, moi, que vous êtes toujours la même, très généreuse quoi que vous en disiez… Car j'ai besoin de votre concours.

      – Pour?

      – Pour venir faire entendre un peu de musique à mon cercle ouvrier.

      La même obscure rébellion, qu'elle ne s'expliquait pas, frémit au cœur de Claude. Aller retrouver là, encore, cette atmosphère de pauvreté dont il semblait que, peu à peu, le dégoût lui venait! Pourtant, plusieurs fois déjà, et de très bon cœur, elle avait été ainsi donner à des humbles, l'aumône de son talent. Elle avait aimé la ferveur de leurs applaudissements… Alors qu'avait-elle donc?..

      Bravement, peut-être parce qu'au passage, elle rencontrait le regard lumineux d'Élisabeth, elle domina tout de suite la honteuse impression:

      – Je serai à votre disposition, Étienne, le soir où vous voudrez.

      – Bien. Merci beaucoup, Claude. Je vous dirai, ces jours-ci, la date exacte du concert. Croyez-vous que votre amie, Rita Delviani, consentirait à chanter?

      – Étienne, vous m'en demandez trop long. Mais Rita viendra, je pense, tout à l'heure. Vous pourrez lui adresser vous-même votre requête… Tenez, les dieux sont pour vous, la voilà justement!.. Ah! Sonia aussi!..

      En effet, la porte venait encore de s'ouvrir devant deux nouvelles visiteuses très différentes d'aspect: une superbe créature, grande, très forte, des yeux de velours sombre, une bouche délicieuse sur des dents de bébé, un air joyeux de bonne fille qui goûte la vie avec des lèvres gourmandes, Rita Delviani, la chanteuse dont la voix était d'un admirable métal.

      L'autre, Sonia Lavernoff, une Russe, étudiante en médecine, d'une vingtaine d'années, qui avait des yeux clairs de mystique, dans un masque rude. Insouciante de la pauvreté, elle poursuivait ses études pour atteindre les grades qui lui permettraient de s'en aller exercer un ministère charitable dans une région perdue de la Russie.

      Claude lui serra amicalement la main car elle admirait СКАЧАТЬ