Un tuteur embarrassé. Dombre Roger
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Название: Un tuteur embarrassé

Автор: Dombre Roger

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ ta beauté ni t'en servir pour t'attirer des hommages."

      D'abord, m'attirer des hommages, il faut être dans les circonstances voulues pour cela. Jusqu'à présent, si j'avais écrit ma vie, ce serait une histoire édifiante à l'usage de la jeunesse; désormais… ou plutôt l'hiver prochain, aussitôt que j'aurai dix-sept ans, on m'exhibera dans les salons.

      Je crois que cela m'amusera, et ce sera bien le diable si je ne récolte par deux ou trois pauvres petits compliments par soirée.

      Ici, pour m'en faire, il n'y a personne, tant on craint de m'induire en tentation de vanité.

      L'oncle Valère ne consulte que les protubérances de mon crâne, qui n'en a guère, du reste.

      Tante Germaine me prêche le détachement de tout.

      Tante Bertrande me répète que j'aurais pu être beaucoup mieux.

      Jeanne me dénigre chaque fois qu'elle en trouve l'occasion.

      Blanche me fait remarquer qu'il vaudrait mieux pour moi être blonde.

      Guimauve me rit au nez quand il me trouve décoiffée, ce qui n'est pas rare.

      Et Robert, le grave Robert, a un petit sourire ironique lorsqu'il me voit donner un regard… furtif ou prolongé, au miroir.

      Seule, ma vieille bonne Euphranie témoigne une admiration sans bornes pour ma personne.

      Mais voilà, je me méfie de son appréciation.

      N'empêche que je suis satisfaite de sortir de l'épreuve aussi fraîche que par le passé, et avec trente-deux dents toujours; trente-deux dents bien blanches et bien alignées.

      Ca ne m'a pas absolument surprise de me retrouver de ce monde, ni étonnée, ni ahurie; la crise a si peu duré!

      Dieu du ciel et de la terre, soyez béni!

      Quand je pense que quelques heures plus tard, je me réveillais entre les quatre planches d'une bière!

      C'est sans doute cette idée qui a aigri mon caractère; ou, pour être plus juste, c'est le souvenir de certaines paroles recueillies dans mon étrange sommeil.

      D'abord, il y en a qui, après avoir un peu pleuré sur moi, ont pensé à mes dépouilles opimes.

      Mon oncle, lui, pauvre homme, n'a songé qu'à mes bosses crâniennes qui le trompaient.

      Sa femme et sa belle-soeur ont dû… espérer vaguement ma succession.

      Que le dieu d'Israël me pardonne si je juge témérairement!

      Blanche et Jeanne se sont dit, et de cela, je suis certaine, hélas! que mon trépas leur fournissait une jolie dot.

      Guimauve a geint de n'avoir plus de camarade bonne enfant à taquiner.

      Robert, lui, n'a ni assez geint, ni assez gémi, ni assez pleuré, ni assez soupiré, à mon avis.

      Que cachait ce silence?

      Je me le demande avec curiosité depuis que je suis de retour en ce monde.

      Et, malgré moi, l'opinion des deux servantes, Euphranie et Gertrude, gardant mon cadavre, me revient à la mémoire et je me demande…

      Mais n'est-ce pas absurde de se laisser impressionner par les bavardages de deux vieilles commères?

      Aussi, pourquoi suis-je riche, et pas eux?.."

      IV

       Notes de M. Samozane.

      "Nous avons failli perdre ma pupille; il n'en fallait pas davantage pour affoler toute la maisonnée, car, on chérit cette enfant gâtée qui se nomme Odette d'Héristel.

      Mais ce malaise n'était que passager, et la chère petite en est quitte pour rester un peu pâlotte.

      Ou du moins… en est quitte! Je m'avance beaucoup, car au moral elle est fort changée.

      Je sais bien qu'elle a la bosse du caprice et qu'il ne faut pas demander une conduite persévérante à cet oiseau léger; mais, je ne l'ai jamais vue aussi bizarre que depuis son retour parmi les vivants.

      Certes, maintes fois depuis qu'elle est ma pupille, Odette a manifesté des dispositions tout à fait contraires à celles de son tuteur et de ses tantes, et nous avons malheureusement trop souvent cédé; mais aujourd'hui, on dirait qu'elle se plaît à être en continuelle contradiction avec nous. Qu'y a-t-il?

      J'examinerai encore son crâne.

      Car, en ma qualité de tuteur et d'oncle, je devrais…

      Oui, que devrais-je faire? Moi qui trouve déjà trop sévères à son égard ma femme et ma belle-soeur…

      Ouf! heureusement que mes filles sont d'une nature beaucoup plus calme que leur cousine et qu'elles ne me donneront pas de fil à retordre!

      Mon Dieu! oui, je le répète, nous l'avons gâtée, élevée un peu comme un garçon… Et cependant aujourd'hui elle est très femme; et fantasque, Seigneur!

      Or, le procès qui menace sa fortune m'a l'air de tourner contre nos désirs.

      Certes, si la chère enfant le perdait, se voyant ainsi tout à coup appauvrie, elle n'en serait pas plus malheureuse pour cela; nous sommes ici, nous, et tant qu'il y aura du pain chez nous, elle partagera notre médiocrité.

      De plus, je sais un garçon qui n'a déjà d'yeux que pour cette gamine (elle n'en est pas digne, la petite sorcière!) et, comme ce cher Robert a un bel avenir devant lui, il offrira au moins l'aisance à sa femme.

      Mais, Odette est si jeune encore!"

      V

       Notes de Mme Samozane.

      "Elle devient de plus en plus insupportable, me répondant, à moi sa tante, presque sa seconde mère, sur un ton d'insolence polie qui nous afflige tous.

      J'espère que ce n'est qu'une fatigue passagère, suite de son accident d'il y a un mois; pour plus de sûreté, je l'ai fait examiner par le docteur Mérentié; or, l'excellent homme nous a affirmé que jamais Mlle d'Héristel ne s'est jamais si bien portée.

      Alors?.. Je n'y comprends rien.

      Elle a perdu sa verve piquante qui nous amusait, quoique maintes fois je dusse la rappeler à l'ordre. Tout cela est remplacé par une suprême impertinence; elle a même des mots cruels pour ce pauvre Robert, qui en est peiné quoiqu'il n'en montre rien, le cher enfant. Quant à ses cousines, elle se moque d'elles avec un petit air candide et ingénu qui agace mes pauvres fillettes.

      Je me demande toujours ce qui a pu motiver un pareil changement… Et je ne trouve pas.

      A moins que… en dépit des affirmations du docteur, la santé y soit pour quelque chose.

      J'aimerais mieux cela, je l'avoue.

      Il paraît (c'est Valère, mon mari, qui me tient au courant de la chose) que la fortune de notre nièce est fort compromise.

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