Un tuteur embarrassé. Dombre Roger
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Un tuteur embarrassé - Dombre Roger страница 4

Название: Un tuteur embarrassé

Автор: Dombre Roger

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ à ce point.

      Car, qui connaissait, mieux que lui, la beauté de cette petite âme délicate et nerveuse, vite cabrée et si tendre, une fois soumise?

      A présent qu'elle n'était plus, il ne voulait se rappeler que sa tendresse, oubliant ses fautes et ses caprices passés.

      Il eût donné tout ce qu'il possédait pour revoir cette jolie moue qu'elle mettait si souvent sur ses lèvres roses, promptes à la riposte et aussi à la bouderie; pour l'entendre se fâcher et même trépigner un peu.

      N'était-elle pas exquise jusque dans ses petites colères? Certes, il y aurait eu quelques retouches à faire en cette jeune fille, afin qu'elle passât pour une beauté accomplie; mais combien elle était gentille et douce à regarder, même sur son lit de mort, avec sa bouche close et les lignes pures de son fin visage!

      Un certain vacarme qui se produisit dans la maison, fit tressaillir Robert.

      – Mon Dieu! pensa-t-il, en fronçant le sourcil, ne peuvent-ils donc respecter le dernier sommeil de notre pauvre chérie? Qu'est-ce qu'ils peuvent avoir à s'agiter ainsi?

      Il n'eut pas le temps de s'en enquérir; une main hésitante entr'ouvrait la porte, et un rire léger, discret, effleurait son oreille.

      Ce rire ressemblait à celui d'Odette; ce n'était pourtant pas le rire d'un spectre… Mais, était-ce la morte qui le produisait?

      Robert crut devenir fou, quand une petite voix, mal assurée, mais douce et fraîche, prononça près de lui:

      – Je ne voudrais pas te faire peur, Robert, mais je viens te dire que… que je ne suis pas du tout morte. On s'est trompé: je dormais seulement.

      Homme de sang-froid et d'intelligence prompte, Robert Samozane avait déjà compris.

      Debout, très pâle, il tendait les bras à la jolie revenante qui s'y était blottie, contente de le revoir, contente de revivre, quoique un peu faible encore.

      Une grande, une intense émotion faisait battre, à coups précipités, ce coeur contre lequel se pressait la ressuscitée; et, tout bas, Robert remerciait Dieu qui lui rendait sa petite amie.

      Soudain, Odette s'arracha des bras qui l'enserraient et, regardant son grand cousin avec une surprise nuancée de malice:

      – Comme tu as l'air troublé!.. Et tes yeux sont mouillés! Toi, Robert, toi!..

      – Dame! on te croyait morte…

      – Et l'on me pleurait! Que c'est gentil! J'en vaux donc la peine! Si tu savais comme cela me fait plaisir!

      – Pourquoi?

      – Si tu avais été mort, seulement pendant cinq ou six heures, tu saurais qu'on prend de l'expérience en cette… absence, et que cela vous vieillit.

      – Pas physiquement, au moins, dit Robert en souriant; tu as toujours ta gentille petite frimousse mutine.

      – Ah! oui, parlons-en: elle doit être jolie, ma tête… Mais, cela s'arrangera. Je vais te faire un aveu, Robert: je meurs de faim.

      – On va te servir tout de suite, mignonne, répondit le jeune homme en entraînant la fillette vers la porte. Qu'il fera bon te regarder manger!

      Puis il s'arrêta, pris d'inquiétude.

      – Mais, à propos; et les autres?.. Savent-ils?

      – Ma résurrection? Certainement, j'ai commencé par eux.

      – Tu as dû leur faire une frayeur!..

      – Un peu; mais, je suis bonne et j'y ai mis des formes. Voilà: Euphranie et Gertrude ronflaient en me gardant avec vigilance… Si je n'avais eu que leurs prières pour le repos de mon âme, je risquerais fort de m'éterniser en purgatoire; mais tu vois que les prières n'étaient pas nécessaires. Depuis quelques minutes, je me sentais des fourmillements dans les membres et je doutais de mon trépas; puis, le ronflement des deux servantes m'agaçait. Ensuite, j'ai pu remuer un doigt, puis le bras, et surtout ma pauvre tête endolorie. Ca n'a pas été comme sur des roulettes, tu le penses.

      – Ne plaisante pas, Odette.

      – Tu aimes mieux me voir pleurer sur mon sort? Que nenni! Je ne suis pas fâchée d'être revenue parmi vous.

      – Enfin, tu as secoué ou appelé les deux servantes?

      – Pas du tout; elles dormaient trop bien. Je me suis levée… J'ai couru au salon où mes cousines discouraient encore avec Miss Hangora et Mlle Dapremont, au lieu d'écrire les adresses destinées aux billets de faire-part…

      – Tais-toi, ne parle pas de cela!

      – Pourquoi? Ils serviront pour une autre fois, voilà tout, fit Odette avec sérénité.

      Ces jeunes personnes parlaient de moi, et jamais je ne me suis autant félicitée d'avoir appris l'anglais, car, elles faisaient mon oraison funèbre dans la langue de Shakespeare…

      – Et ton éloge, sans doute?

      – Pas absolument; on prétendait que, "de mon vivant", j'étais souvent hargneuse. Est-ce vrai, cela, mon Robert?

      – Eh! eh!.. il y a du vrai.

      – Mais ce n'était pas le moment de me bêcher, n'est-ce pas, pendant que mon cadavre gisait à deux pas de là?

      Ne frissonne pas, Robert, ajouta la douce enfant en lui pressant la main avec force, puisque ce cadavre est revenu à la vie.

      Mais laisse-moi achever. Comme elles parlaient ainsi, j'entrai dans le salon, telle que tu me vois, avec cette robe blanche, et je dis tranquillement:

      – C'est cela, ne vous gênez pas, mes petits enfants; cassez du sucre sur ma tête…

      – Elles ne se sont pas évanouies de peur ou de saisissement?

      – Si; pas toutes, du moins: Mlle Dapremont et Blanche; les deux autres les ont secourues en m'invectivant.

      – Pourquoi?

      – Dame! Elles se figuraient que je leur avais offert une petite comédie, que je me moquais d'elles.

      – Mais, tu les en as dissuadées?

      – Pas le moins du monde; j'ai laissé Jeanne et Miss Hangora jouer du flacon sous le nez de leurs compagnes, et je suis allée trouver mon oncle.

      – Qu'a dit ce cher père?

      – Lui, tu le sais, ne s'étonne jamais de rien. Il a mis son lorgnon, m'a regardée, écoutée, et a conclu:

      "Aussi, cela me surprenait trop de te voir mourir à quinze ans, quand les protubérances de ton crâne affirmaient…"

      Là-dessus, je me suis sauvée chez mes tantes. J'ai eu la délicatesse de me faire annoncer par Philibert que j'ai rencontré dans le corridor, et qui a fait force signes de croix à ma vue. En deux mots, je l'ai mis au courant de ma résurrection et, précédée par ce brave serviteur, j'ai pu faire une entrée correcte chez ta mère.

      Souriant, mais encore СКАЧАТЬ