La destinée. Ages Lucie des
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Название: La destinée

Автор: Ages Lucie des

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ à coup, avec la mobilité naturelle à son âge, elle sort de cette rêverie qui pour elle remplace les contes de fées dont on berce d'ordinaire les enfants. Cherchant une distraction, elle étend la main vers un coffret placé à sa portée, l'ouvre, en sort quelques bijoux anciens et les examine les uns après les autres. Un collier d'un travail souple et gracieux la séduisant, elle le passe à son cou et sourit en levant les yeux vers la glace qui lui renvoie son image.

      La fille d'Eve se fait jour en cette frêle enfant à laquelle jamais aucun regard n'a dit qu'elle était belle. Prise d'un accès de coquetterie, elle ramasse l'étoffe rayée gisant à ses pieds, l'enroule autour d'elle, relève ses cheveux avec des épingles à tête de corail, et chargeant ses bras de bracelets, elle se met à sauter devant la glace avec une joie naïve.

      A ce moment, la porte s'ouvre, Jacques et Robert entrent, et la petite fille, effrayée, se rejette sur son siège en cachant sa tête à travers les coussins.

      – Est-ce la fée du logis? demande le docteur en riant.

      Son compagnon parcourt la boutique du regard:

      – Ou la princesse gardienne de ces richesses? Certes, le contenant n'annonce guère le contenu et personne ne se douterait, en voyant cette vieille bicoque, qu'elle renferme tant de belles choses! Les locataires de ce digne homme doivent être royalement meublés s'il met à leur disposition les ressources de son magasin et je m'attends à dormir dans quelque lit monumental, sous de vieilles courtines brodées par une châtelaine u moyen âge.

      – Il est peu probable que le bonhomme t'accorde un pareil luxe, répond Robert en suivant Jacques près de Sarah. Sa réputation ne permet guère d'espérer de sa part une pareille générosité en ta faveur!

      – Il est donc avare? demande Jacques à demi-voix.

      – On le dit et même on conte de lui des prodiges d'économie; mais, que t'importe, pourvu qu'il te loge convenablement pour ton argent?

      Les deux jeunes gens avaient dû, pour parvenir à la pièce dans laquelle ils se trouvaient, traverser les autres salles sans que la petite fille les eût entendus venir. Elle ne leva pas la tête à leur approche et se serra, au contraire, d'un mouvement craintif, contre le coussin derrière lequel se cachait son visage, semblable à ces oiseaux qui, la tête abritée sous leur aile, s'imaginent se dérober à l'oeil du chasseur.

      – Cette petite créature ne semble pas extrêmement civilisée, dit Jacques. Elle paraît peu habituée à la société de ses semblables!

      – Il faut pourtant s'adresser à elle, car je ne pense pas qu'il y ait personne autre dans la maison.

      – Mademoiselle! appela le lieutenant en se penchant.

      Sarah ne bougea pas.

      – Voyons, regardez-moi, je vous en prie, reprit-il d'un ton insinuant. Je n'ai pas la prétention d'être un joli garçon, mais un regard vous démontrera que je n'ai rien de si terrifiant que vous semblez le croire.

      Sa tentative fut sans succès et Sarah ne parut pas avoir entendu cette invitation.

      Il se retourna d'un air découragé vers le docteur:

      – Elle demeure insensible à mon éloquence et refuse décidément de me donner audience!

      – Ton uniforme l'effraie peut-être.

      – C'est donc une princesse bien sauvage! Essaie alors de l'apprivoiser, mon ami.

      – Mon enfant, dit Robert doucement, ayez la complaisance de nous répondre.

      – Voilà, je pense, une façon civile d'interroger les gens! murmura Jacques.

      – Où est M. Larousse? reprit le docteur, s'adressant encore à la petite fille.

      Celle-ci se hasarda enfin à écarter un des coussins et jeta un regard sur les visiteurs.

      – Par où êtes-vous entrés? demanda-t-elle avec autant d'étonnement que si les deux jeunes gens, munis chacun d'une paire d'ailes, fussent descendus à travers le rayon pâle que le soleil envoyait dans l'appartement.

      – Par la porte, ma belle enfant, dit Jacques. Vous semblez ne pas comprendre que nous ayons usé d'un moyen si naturel de pénétrer chez vous! Par où pensez-vous donc que nous ayons l'habitude de nous introduire dans les magasins?

      Le jeune officier s'amusait de l'attitude effarouchée de Sarah et trouvait plaisant de la taquiner; mais Robert eut pitié d'elle:

      – Je t'en prie, ne l'effraie pas. Elle est déjà assez difficile à approcher! Si tu continues, nous n'en tirerons rien.

      Puis, se penchant de nouveau, car la petite fille du marchand était restée dans la même position, hésitant à inspecter encore ceux qui lui parlaient:

      – Peut-on voir Nicolas Larousse?

      Sans doute, l'enfant sentit une intonation protectrice dans cette voix, adoucie pour la rassurer; relevant ses paupières aux longs cils et repoussant d'un geste ses cheveux, qui s'étaient dénoués et cachaient son visage, elle regarda le jeune homme.

      Le docteur Martelac n'était rien moins que rassurant au premier abord; ses traits trop forts, son regard grave et sa taille élevée devaient inspirer une certaine frayeur à une sauvage créature comme Sarah. La personne de Jacques, au contraire, avait une apparence d'élégance et de jeunesse; ses traits fins et réguliers, ses grands yeux gris, sa moustache blonde et soyeuse, la douceur naturelle de son sourire, formaient un ensemble sympathique. Toutefois, Sarah fut satisfaite, sans doute, par le rapide coup d'oeil qu'elle avait jeté sur le premier, car ce fut à lui qu'elle s'adressa quand elle se décida à répondre, non sans un reste de timidité:

      – Il est sorti. Habituellement, il ne sort jamais sans fermer à clé la porte de la rue. Elle ne l'était donc pas?

      – Non, nous avons frappé longtemps et appelé quelqu'un. Personne ne nous ayant répondu, nous nous sommes décidés à ouvrir et votre rire de toute à l'heure nous a amenés vers vous.

      – Comme vous êtes belle! dit Jacques en montrant du doigt le collier de l'enfant. Vous êtes couverte de bijoux comme les fées des contes enfantins.

      La comparaison, en ce moment, semblait juste. Debout, car elle avait enfin quitté l'abri des coussins pour répondre à Robert, elle retenait autour d'elle l'étoffe aux vives couleurs avec sa main chargée de bracelets trop grands pour son poignet délicat. Sa chevelure, à travers laquelle glissaient les épingles de corail qui l'avaient retenue, tombait sur ses épaules et elle regardait, de ses grands yeux sauvages et encore effrayés, les deux jeunes gens étonnés. A la remarque de Jacques, elle tourna les yeux vers la glace et dit:

      – Mon grand-père a tant de choses comme celles-là!

      – Il est donc riche?

      – Oui, je pense. Il doit l'être, il aime beaucoup l'argent et en amasse le plus possible.

      Puis, oubliant un instant sa timidité pour raconter le secret surpris:

      – Tenez, là, ajouta-t-elle en montrant la direction dans laquelle se trouvait le cabinet de Nicolas, il a beaucoup d'or. Il ne croit pas que je le sais, car il se plaint toujours devant moi et ne cesse de m'engager à économiser sur notre nourriture. Un soir qu'il me croyait endormie, je suis venue doucement pour savoir ce qu'il СКАЧАТЬ