La destinée. Ages Lucie des
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Название: La destinée

Автор: Ages Lucie des

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ fils de sonner afin de prévenir Catherine qu'elle eût à préparer la chambre du lieutenant.

      – Je ne sais si vous vous trouverez mieux chez moi que dans une chambre d'hôtel, mais, du moins, vous dormirez sous un toit ami.

      – Demain, afin de ne pas abuser de votre hospitalité, Madame, dit Jacques, je me mettrai en quête d'un logement; mais je suis on ne peut plus reconnaissant d'échapper ce soir à la banalité de l'hôtel, grâce à votre aimable invitation. Dans notre vie de campements souvent transportés d'une endroit à l'autre, c'est un vrai plaisir pour nous de saisir au passage une soirée de famille.

      – Peut-être trouvera-t-on à te loger dans nos environs, dit le docteur.

      – Il y a un petit appartement à louer chez Nicolas Larousse, le marchand de vieux meubles, dit Mme Martelac. J'ai vu l'affiche ces jours-ci en passant.

      – C'est assez près de nous, au bas de la rue. Si tu veux, Jacques, nous pourrons aller voir ensemble s'il te convient? demanda Robert.

      – Volontiers. Je serai heureux d'habiter dans votre voisinage.

      – Mais rien ne presse, reprit la maîtresse de la maison. Restez avec nous jusqu'à ce que vous trouviez à vous caser à votre fantaisie.

      A peine les deux jeunes gens étaient-ils dans le salon qu'on sonna de nouveau à la porte de la rue, et un instant après une jeune fille, grande, belle et fraîche comme la jeunesse elle-même, entra dans l'appartement. Elle embrassa Mme Martelac en la nommant sa tante, donna une poignée de main à Robert, dont le regard se leva vers elle avec une expression qui n'échappa point à Jacques et salua celui-ci, tandis que la mère du docteur les présentait l'un à l'autre.

      Comme vous avez bien fait de venir, Anne! dit Robert en s'empressant pour lui offrir un fauteuil.

      – Mon père m'a amenée en allant à son cercle. Je n'étais pas à la maison tantôt quand vous y êtes venu et j'ai voulu vous voir un moment ce soir.

      Le visage du docteur s'illumina à cette réponse, et profitant d'un moment où Mme Martelac détournait l'attention du lieutenant en lui adressant une question, il se pencha vers sa voisine et demanda à voix basse:

      – Vous êtes venue pour moi, alors? Merci, Anne.

      Celle-ci sourit sans répondre et ses grands yeux bleus se détournèrent du regard reconnaissant qu'ils semblaient refuser de comprendre.

      La soirée se passa gaiement jusqu'au moment où M. Duplay vint reprendre sa fille. Anne plaisantait, causait, brillait et paraissait ravie. Les yeux de Jacques s'arrêtaient involontairement sur ce beau visage resplendissant, et la jeune fille, à laquelle n'échappait point cette admiration, semblait l'agréer comme un tribut auquel elle était accoutumée.

      – Ma tante, dit-elle tout à coup, mon père consent à m'emmener à Royan cette année. Nous y passerons un mois et je suis en ce moment fort occupée de mes toilettes.

      – Ceci est une grave question! dit Mme Martelac en souriant.

      – Oh! très grave, répéta Anne en frappant ses deux mains l'une contre l'autre.

      – Ne serez-vous pas toujours la plus belle? dit Robert, regardant le fin visage auquel la lumière laissait des ombres adoucies et vaporeuses.

      Un sourire le remercia de ce compliment échappé à sa gravité habituelle.

      – Peut-être! répondit Anne, avec un doute mélangé pourtant d'une naïve confiance. Toutefois, il faut venir en aide à la nature et j'ai passé de longues heures à combiner mes costumes.

      – Et qu'as-tu choisi, chère enfant?

      – Une toilette rose, une bleue et une… Oh! mais je n'ose pas vous le dire! Cela va vous sembler absurde.

      En disant ce dernier mot, elle parut s'adresser, non pas à Mme Martelac, à laquelle elle répondait, mais à Robert. Penché devant elle et paraissant sous le charme, il écoutait à peine le babillage de sa cousine, absorbé qu'il était par la contemplation de sa beauté. Il revint à lui en voyant son regard devenu subitement interrogateur.

      – N'est-ce pas, Robert, vous allez blâmer mon goût?

      – Pourquoi cela?

      – Parce que vous êtes la raison même, vous! dit-elle avec une légère expression de raillerie.

      – Eh bien! la troisième? demanda Mme Martelac.

      – La troisième est rouge des pieds à la tête! Et même au-dessus de la tête, car l'ombrelle est assortie. Robe, chapeau, voile, tout d'un rouge éclatant! Ce sera délicieux!

      – Vous porterez cela? dit Robert.

      – Certainement. Pourquoi ne le ferais-je pas?

      Le docteur secoua la tête.

      – Quelle singulière idée de vous habiller ainsi! dit-il d'un ton de doux reproche.

      – Voyez-vous! s'écria Anne. Je savais bien que vous alliez me blâmer. Nos goûts sont si différents!

      Une nuance de tristesse parut sur la physionomie de Robert.

      – Il est sûr que cela est bien voyant, dit Mme Martelac.

      – Sans doute! Au bord de la mer, tout le monde adopte les couleurs voyantes. C'est pittoresque.

      – C'est possible! Mais tenez-vous à poser pour les paysages? demanda le docteur, devenu sérieux.

      – Pourquoi pas? répondit la jeune fille en riant.

      – Tout le monde aura les yeux fixés sur vous.

      – Tant mieux! J'aime qu'on me regarde!

      Anne dit cela d'un air de défi jeté à son cousin. Evidemment le blâme apporté par lui au choix de cette toilette lui déplaisait et elle tenait à l'en faire repentir.

      Heureusement, Mme Martelac mit promptement fin à cette légère escarmouche entre eux et la fit oublier en changeant la conversation qui reprit un tour amical. La jeune fille parut elle-même chercher à effacer le mécontentement passager éprouvé par Robert, et la magie de ses regards eut facilement raison de la gravité un peu triste amenée par ses paroles sur le visage de son cousin.

      Ce petit incident n'eut aucune suite, et le docteur, redevenu gai, raconta à Anne sa rencontre avec Jacques. Il mit tant de verve spirituelle dans son récit que Mlle Duplay rit aux éclats. La présence d'Anne le transfigurait et son sourire heureux laissait lire l'amour dont son coeur était rempli, amour profond, sérieux comme l'âme qui l'avait conçu et auquel celle qui en était l'objet semblait presque indifférente, ce dont le lieutenant ne pouvait se rendre compte.

      Il n'osa interroger son ami. La visite d'Anne, attribuée par elle-même au désir de le revoir, avait rempli le coeur de Robert du joyeux espoir d'être aimé et avait un instant fermé ses yeux sur les véritables sentiments de sa cousine, sentiments que parfois pourtant, quand s'accentuaient les différences existant, comme elle venait de le constater, entre leurs goûts, le jeune docteur craignait de deviner.

      CHAPITRE II

      Nicolas Larousse, dont СКАЧАТЬ