La Guerre et la Paix (Texte intégral). León Tolstoi
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Название: La Guerre et la Paix (Texte intégral)

Автор: León Tolstoi

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066445522

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СКАЧАТЬ ici…»

      Et, l’entraînant tout au milieu des arbres, elle jeta sa poupée.

      «Plus près, plus près!» dit-elle en saisissant tout à coup le jeune homme par son uniforme.

      Et, rougissante d’émotion et prête à pleurer, elle murmura: «Et moi, m’embrasserez-vous?»

      Boris devint pourpre.

      «Comme vous êtes étrange!» lui dit-il.

      Et il se penchait indécis au-dessus d’elle.

      S’élançant d’un bond sur une des caisses, elle entoura de ses deux petits bras nus et grêles le cou de son compagnon, et, rejetant ses cheveux en arrière, elle lui appliqua un baiser sur les lèvres; puis, s’échappant aussitôt et se glissant rapidement à travers les plantes, elle s’arrêta de l’autre côté, la tête penchée.

      «Natacha, je vous aime, vous le savez bien, mais…

      – Êtes-vous amoureux de moi?

      – Oui, je le suis. Mais, je vous en prie, ne recommençons plus…, ce que nous venons de faire… Encore quatre ans… alors je demanderai votre main…»

      Natacha se mit à réfléchir.

      «Treize, quatorze, quinze, seize, dit-elle en comptant sur ses doigts. Bien, c’est convenu!…»

      Et un sourire de confiance et de satisfaction éclaira son petit visage.

      «C’est convenu! Reprit Boris.

      – Pour toujours, à la vie à la mort!» s’écria la fillette en lui prenant le bras et en l’emmenant, heureuse et tranquille, dans le grand salon.

      XIV

      La comtesse, qui s’était sentie fatiguée, avait fait fermer sa porte et donné ordre au suisse d’inviter à dîner tous ceux qui viendraient apporter leurs félicitations. Elle désirait aussi causer en tête-à-tête avec son amie d’enfance, la princesse Droubetzkoï, qui était revenue depuis peu de Pétersbourg.

      «Je serai franche avec toi, lui dit-elle en rapprochant son fauteuil de celui de la comtesse: il nous reste, hélas! Si peu de vieux amis, que ton amitié m’est doublement précieuse.»

      Et, jetant un regard sur Véra, elle se tut.

      La comtesse lui serra tendrement la main.

      «Véra, vous ne comprenez donc rien?»

      Elle aimait peu sa fille, et c’était facile à voir.

      «Tu ne comprends donc pas que tu es de trop ici. Va rejoindre tes sœurs.

      – Si vous me l’aviez dit plus tôt, maman, – répondit la belle Véra avec un certain dédain, mais sans paraître toutefois offensée, – je serais déjà partie…»

      Et elle passa dans la grande salle, où elle aperçut deux couples assis, chacun devant une fenêtre et qui semblaient se faire pendants l’un à l’autre.

      Elle s’arrêta un moment pour les regarder d’un air moqueur. Nicolas, à côté de Sonia, lui copiait des vers, les premiers de sa composition. Boris et Natacha causaient à voix basse; ils se turent à l’approche de Véra. Les deux petites filles avaient un air joyeux et coupable qui trahissait leur amour; c’était charmant et comique tout à la fois, mais Véra ne trouvait cela ni charmant ni comique.

      «Combien de fois ne vous ai-je pas prié de ne jamais toucher aux objets qui m’appartiennent! Vous avez une chambre à vous.»

      Et là-dessus elle prit l’encrier des mains de Nicolas.

      «Un instant, un instant, dit Nicolas en trempant sa plume dans l’encrier.

      – Vous ne faites jamais rien à propos: tout à l’heure, vous êtes entrés comme des fous dans le salon, et vous nous avez tous scandalisés.» En dépit, ou peut-être à cause de la vérité de sa remarque, personne ne souffla mot, mais il y eut entre les quatre coupables un rapide échange de regards. Véra, son encrier à la main, hésitait à s’éloigner.

      «Et quels secrets pouvez-vous bien avoir à vos âges? C’est ridicule, et ce ne sont que des folies!

      – Mais que t’importe, Véra? Dit avec douceur Natacha, qui se sentait ce jour-là meilleure que d’habitude et mieux disposée pour les autres.

      – C’est absurde! J’ai honte pour vous! Quels sont vos secrets, je vous prie?

      – Chacun a les siens, et nous te laissons en repos, toi et Berg, reprit Natacha en s’échauffant.

      – Il est facile de me laisser tranquille, puisque je ne fais rien de blâmable. Mais, quant à toi, je dirai à maman comment tu te conduis avec Boris.

      – Natalie Ilinischna se conduit très bien avec moi, je n’ai pas à m’en plaindre.

      – Finissez, Boris; vous êtes un vrai diplomate!»

      Ce mot «diplomate», très usité parmi ces enfants, avait dans leur argot une signification toute particulière.

      «C’est insupportable, dit Natacha, irritée et blessée. Pourquoi s’accroche-t-elle à moi? Tu ne nous comprendras jamais, car tu n’as jamais aimé personne; tu n’as pas de cœur, tu es MmedeGenlis, et voilà tout (ce sobriquet, inventé par Nicolas, passait pour fort injurieux); ton seul plaisir est de causer de l’ennui aux autres: tu n’as qu’à faire la coquette avec Berg tant que tu voudras.

      – Ce qui est certain, c’est que je ne cours pas après un jeune homme devant le monde, et…

      – Très bien, s’écria Nicolas, tu as atteint ton but, tu nous as dérangés pour nous dire à tous des sottises; allons-nous-en, sauvons-nous dans la chambre d’étude!…»

      Aussitôt tous les quatre se levèrent et disparurent comme une nichée d’oiseaux effarouchés.

      «C’est à moi au contraire que vous en avez dit,» s’écria Véra, tandis que les quatre voix répétaient gaiement en chœur derrière la porte:

      «MmedeGenlis! MmedeGenlis!»

      Sans se préoccuper de ce sobriquet, Véra s’approcha de la glace pour arranger son écharpe et sa coiffure, et la vue de son beau visage lui rendit son impassibilité habituelle.

      Dans le salon, la conversation était des plus intimes entre les deux amies.

      «Ah! Chère, disait la comtesse, tout n’est pas rose dans ma vie; je vois très bien, au train dont vont les choses, que nous n’en avons pas pour longtemps; toute notre fortune y passera! À qui la faute? À sa bonté et au club! À la campagne même, il n’a СКАЧАТЬ