Romans, Nouvelles et Histoires Maritimes. Эжен Сю
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Romans, Nouvelles et Histoires Maritimes - Эжен Сю страница 7

Название: Romans, Nouvelles et Histoires Maritimes

Автор: Эжен Сю

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082697

isbn:

СКАЧАТЬ se tenait du côté du vent, tomba sur le bastingage du babord... et de là dans la mer, en entraînant les haubans, qui l'attachaient toujours au navire.

      Ce qu'il y avait d'horrible dans cette position, c'est que ce mât, poussé par les lames furieuses, allait et revenait contre le brick auquel il tenait encore par une partie de ses manœvres, et, agissant comme un bélier sur ses flancs, menaçait d'y faire une trouée qui l'eût coulé à fond.

      Une seule chose restait à faire, c'était de couper les cordages qui liaient cette poutre au brick[5].

      —Il n'y a pas à balancer, c'est dangereux, mais il y va de notre peau—dit Benoît, en s'amarrant aussitôt au bout d'une manœuvre, et d'un saut il fut à cheval sur le bastingage, sa hache à la main.

      —Catherine et Thomas—dit le brave homme, en enjambant le plat-bord—c'est pour vous....

      Il s'élança....

      Mais une main de fer saisit la corde au moment où il allait sauter, et le digne Benoît fut un instant suspendu en l'air, puis halé à bord par son ami Simon.

      —Ah! gredin—s'écria Benoît—tu veux donc faire sombrer le brick? et il dirigea sa hache sur Simon, qui évita le coup....

      —Diable! vous devenez vif, capitaine, je voulais vous dire que ce n'est pas là votre place.... Pour cette besogne vous ne verriez pas assez clair, Catherine et Thomas vous brouilleraient la vue....

      Et il sauta sur le bastingage.

      —Mon bon Simon—dit Benoît en l'arrêtant par la jambe—jure-moi....

      —Sacré mille tonnerres, mille millions, de diables, voulez-vous me lâcher?... sacré....

      —Ce n'est pas comme ça que je voulais te faire jurer, mais amarre-toi, pour l'amour de Dieu... amarre-toi....

      Simon ne l'entendait plus, il s'était déjà jeté à la mer, afin d'atteindre le mât et de s'y cramponner pour le débarrasser de son gréement.

      Le vent se calmait, mais la houle était toujours très-forte.

      —Pauvre Simon... il est cuit—dit Benoît, en voyant son second, tâchant de se tenir à cheval sur cette poutre ronde qui roulait à chaque lame et s'avançait vers le flanc du brick.

      La position de Simon était horriblement dangereuse, car il risquait à tout moment d'être écrasé contre le navire.

      —Encore un coup de hache, Simon—criait Benoît—et nous sommes parés. Ah... mon Dieu... Simon... Simon... défie la vague... à la mer... jette-toi à la mer... tu vas... Simon... Ah!...

      Et le capitaine poussa un cri affreux en mettant la main devant ses yeux.

      Simon avait eu la tête broyée entre le mât et le brick; mais aussi, grâce à son intrépide sang-froid, le navire était sauvé d'une position bien critique, je vous assure.

      L'ouragan s'apaisait peu à peu comme toutes les bourrasques des mers des Tropiques qui tombent aussi rapidement qu'elles s'élèvent; le vent se régla, les nuages chassèrent rapidement vers le sud.

      Quand Benoît eut accordé quelques moments à sa douleur et à ses regrets, il fit nettoyer le pont des débris de manœuvre et de charpente qui l'encombraient, amurer la misaine, et, profitant d'un vent bon frais, mit le cap au sud-est.

      Comme on le pense bien, l'expression grandiose de M. Benoît sembla disparaître avec le danger et la tempête;—une fois la brise réglée, le navire en route... il redevint l'homme grossier, vulgaire, niais, mais honnête, faisant la traite des nègres avec autant de conscience et de probité qu'il est possible d'en mettre dans les affaires, et ne croyant pas agir plus mal que s'il eût vendu des bestiaux ou des denrées coloniales, ne pensant enfin qu'à s'amasser une fortune indépendante pour vivre tranquillement le reste de ses jours et assurer l'avenir de sa petite famille. Le digne père!

      Il veilla toute la nuit et pensa même plus à Simon qu'à sa chère Catherine: Simon naviguait avec lui depuis si long-temps! Simon connaissait ses habitudes, lui était dévoué, s'occupait des minutieux détails de l'emménagement des nègres à bord, avec une patience, une humanité qui charmaient le capitaine; jamais les noirs ne manquaient de vivres, et, sauf le déchet, qu'on ne pouvait éviter, la cargaison arrivait toujours aux colonies, grâce à cette paternelle administration, arrivait, dis-je, toujours saine et bien portante. Simon était son factotum. À Nantes il menait promener Thomas ou allait au marché avec madame Benoît, un panier au bras; enfin, Simon était pour le capitaine un être inappréciable, un ami véritable et dévoué.

      Aussi, en attendant le jour, M. Benoît s'essuya-t-il plus d'une fois les yeux.

      Il était encore plongé dans ses douloureux regrets, lorsque le matelot de vigie cria:—terre à babord.

      —Déjà—dit Benoît, en montant sur son banc de quart—je ne me croyais pas si près des côtes, heureusement elles sont açores. Toi, timonier, tiens cette montagne ouverte d'un quart, avec ce bouquet de palmiers, jusqu'à ce que tu arrives à l'embouchure de la rivière Rouge.

      —Enfin nous y voilà—dit le capitaine—pourvu que le père Van-Hop ait de quoi me radouber et me regréer.... Je ne parle pas du bois d'ébène,... c'est le plus fin courtier de la côte d'Afrique, et il connaît les bons endroits, le compère... mais, il va m'écorcher. Ah! si mon pauvre Simon était là au moins... mais non... plus jamais!... Ah! mon Dieu, plus jamais!... comme c'est triste!...

      Et le bon homme mouilla son troisième mouchoir à tabac à carreaux bleus, précieusement marqué, par sa chère Catherine, d'un C et d'un B en coton rouge.

       Table des matières

      Borné dans sa nature; infini dans ses vœux,

       L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux,

       soit que, déshérité de son antique gloire,

       De ses destins perdus il garde la mémoire,

       Soit que de ses désirs l'immense profondeur

       Lui présage de loin sa future grandeur.

       de Lamartine.—Méditation II.

      Le commerce, ah! Monsieur, le commerce!

       c'est le lien des Nations, la fraternité de la

       grande famille, la providence du pauvre, la sécurité

       du riche, ah!... Monsieur, le commerce!

       WANDRYK, Essai d'économie politique pratique.

      LE COURTIER.

      Le soleil se levant pur, radieux, caraissait la surface de l'Océan, comme pour le consoler de la tempête de la nuit, et le sourd murmure des vagues encore agitées par un reste de houle, ressemblait aux derniers grondements d'un chien qui s'apaise à la vue de son maître.

      La Catherine СКАЧАТЬ