Romans, Nouvelles et Histoires Maritimes. Эжен Сю
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Название: Romans, Nouvelles et Histoires Maritimes

Автор: Эжен Сю

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082697

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СКАЧАТЬ un vaillant brick que celui-ci, qui, mollement bercé sur une mer paresseuse, semble s'y jouer comme une dorade par le beau temps.

      Au souffle de cette petite brise, il continue honnêtement son chemin vers le sud-est, arrivant sans doute d'Europe où il se sera défait de toute sa cargaison, car il navigue sur son lest et montre presque deux pieds de cuivre hors de l'eau.

      Il fait à bord une chaleur excessive, et le soleil ardent de l'équateur calcine le pont, malgré la double tente qui couvre la dunette.

      Dans ce navire, tout était propre, luisant, frotté il y régnait un ordre admirable, un arrangement minutieux des plus petits détails; on eût dit un de ces comptoirs d'acajou soigneusement cirés, qui font la gloire et le bonheur d'un respectable fabricant de bonneteries.

      Les fenêtres ouvertes à la brise laissaient pénétrer dans la dunette un courant d'air vif et frais qui soulevait de jolis rideaux de toile de Perse, et une vaste moustiquaire dont les plis légers entouraient un lit suspendu.

      L'ameublement de cette petite cabine était fort simple, deux chaises, quelques instruments de mathématiques, un porte-voix, une malle, une table à roulis, et sur la table deux verres et une cruche de genièvre.

      Au-dessus, le portrait d'une femme grasse et rebondie, souriant à un gros enfant joufflu qui lui offrait une rose, je crois, et dans le fond du tableau un chat angora, l'œil vif, la patte en l'air, jouant avec une bobine de coton.

      Quel portrait! quelle femme! quel enfant! quelle rose! quel chat!

      Tout cela fade et blanc, faux et lourd, laid, guindé, plâtré et pourtant on y trouvait je ne sais quelle naïveté d'expression qui n'était pas sans charmes: on reconnaissait dans cette peinture informe une bonne nature de femme heureuse et gaie, et jusqu'à ce gros enfant rouge comme sa rose; tout semblait respirer le bonheur et la joie.—Et puis au-dessus du tableau pendait, soigneusement accrochée à un clou, une vieille couronne de bleuets toute fanée.

      L'équipage du brick, accablé par la chaleur, s'était sans doute retiré dans le faux pont, et tout dormait à bord, excepté le marin qui maniait le gouvernail et trois matelots couchés au pied du grand mât.

      Le timonier fit alors tinter huit fois une petite cloche placée près de lui, et cria d'une voix forte:

      —Allons, vous autres, relevez le quart.

      Le bruit causé par cette manœuvre réveilla sans doute l'habitant de la dunette, car la moustiquaire s'agita, on entendit tousser, remuer, grogner, et un homme en sortit, après s'être frotté vingt fois les yeux en bâillant d'une étrange manière.

      C'était M. Benoît (Claude-Borromée-Martial), capitaine et propriétaire du brick la Catherine, de trois cents tonneaux, doublé et chevillé en cuivre (le brick).

      M. Benoît (Claude-Borromée-Martial) était court, replet, fortement coloré, un peu chauve, avait le nez gros et rouge, les lèvres épaisses, le menton rentré, les joues pleines et lisses, et de petits yeux d'un bleu clair qui exprimaient une parfaite quiétude; en somme, c'était bien la plus honnête physionomie du monde. Une veste et un pantalon de toile rayée composaient toute sa toilette; et lorsqu'après avoir entouré son cou d'un madras, couvert sa tête grisonnante d'un grand chapeau de paille, il sortit de sa dunette la figure calme et reposée, l'air souriant, satisfait, les mains croisées derrière le dos,... vrai, n'eussent été les feux dévorants de l'équateur qui faisaient étinceler l'Océan comme un miroir au soleil, la chaleur étouffante et le plancher mobile du brick,... on eût pris M. Benoît pour un bon campagnard humant l'air parfumé du matin dans son bosquet de tilleuls fleuris, et allant s'asseoir sur le frais gazon pour respirer à son aise la bonne odeur de ses jasmins tout brillants de gouttes de rosée.

      —Eh bien, garçon—dit-il au timonier en lui pinçant joyeusement l'oreille—la Catherine file donc devant la brise comme une demoiselle respectueuse devant sa mère? (car les comparaisons de M. Benoît étaient toujours chastes.)

      —Oui, capitaine; mais elle se tortille comme une déhanchée, la vilaine. Tenez... quel coup de roulis... et cet autre....

      —Ah dam, mon garçon, si nous avions quelques quinteaux de fer dans notre cale, elle serait appuyée, cette pauvre Catherine; mais arrive notre chargement, et tu la verras ne pas plus broncher que l'armoire à linge que j'ai à Nantes dans ma petite salle à manger, où je reçois mes amis—disait naïvement le bon capitaine en étouffant un soupir de regret.

      À ce moment, un grand homme, brun et décharné, descendit des haubans de misaine et sauta sur le pont.

      —Je ne l'ai plus revue—dit-il au capitaine Benoît en lui rendant sa lunette—il faut qu'elle soit cachée dans la brume, car elle épaissit diablement, la brume,... et le soleil, hein... est-il foncé?...

      —Le fait est, Simon, que le soleil a l'air du four de campagne que Catherine faisait rougir au feu pour dorer le macaroni que j'aimais tant... (Ici nouveau soupir.) Mais, dis-moi, cette goëlette... elle me tracasse.

      —Disparue, capitaine, disparue; j'avais d'abord craint que ce ne fût une goëlette de guerre, mais non; un gréement tenu comme la teignasse d'un mousse malpropre, des mâts de hune, et des flèches de perroquet à faire chavirer le bon Dieu, s'il s'embarquait à bord,... et....

      —Simon,... Simon,... tu recommences, je n'aime pas à t'entendre blasphémer comme un païen; tu fais le philosophe, et ça te jouera un tour... tu verras.

      —Allons, bon, motus; mais je vous le dis, cette goëlette n'est point un bâtiment de guerre pour sûr; d'ailleurs, les croiseurs anglais ou français ne visitent jamais ce côté de la ligne; ainsi ne craignez rien.

      —Je ne crains rien non plus; j'ai, exprès, choisi ce côté de la ligne, parce que je n'ai pas de concurrents; mes affaires n'en vont pas plus mal; encore un ou deux jours, et nous verrons le père Van-Hop.... Il devient retors en diable; par exemple, le bois d'ébène[1] renchérit. Ah! il est passé ce bon temps où, pour quelques caisses de quincailleries, j'en chargeais mon brick à ne savoir où mettre les pieds....

      —Alors—dit Simon—on se moquait pas mal du déchet.

      —Un tiers, Simon, toujours un tiers de déchet, parce qu'il faut, vois-tu, que le bois d'ébène fasse son jeu dans le faux pont, à cause de l'humidité et de la chaleur.

      —Aussi, capitaine, ce qui reste est fameux!! et on peut le vendre à la Jamaïque pour en faire des pioches et des chariots, sans craindre qu'il éclate—répondit Simon en riant.

      —Farceur,... et pourtant c'est une partie toujours très-demandée par ces messieurs des colonies.

      —Cordieu! capitaine, si vous croyez qu'il ne faut pas plus de temps au chanvre pour pousser que pour s'user une fois qu'il est tressé en cordage,... et que le bon Dieu n'a qu'à souffler pour....

      —Ah ça, Simon, encore! tu ne veux donc pas finir?... Silence donc, tu vas nous attirer quelque chose de là-haut; tais-toi, viens plutôt causer de Catherine et boire une gorgée de gyn.

      Le capitaine et son second entrèrent dans la dunette et s'attablèrent.

      —Tiens, Simon—dit Benoît en montrant le portrait qui ornait sa petite chambre—vois donc, on croirait que Catherine nous regarde, СКАЧАТЬ