Le Général Dourakine. Comtesse de Ségur
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Читать онлайн книгу Le Général Dourakine - Comtesse de Ségur страница 6

Название: Le Général Dourakine

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Книги для детей: прочее

Серия:

isbn: 4064066089306

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СКАЧАТЬ plus propres avec ce qui lui restait de meubles et de rideaux.

      «Si vous voulez bien m'envoyer du monde, mon général, dans une demi-heure ce sera fait.»

      Le général se tourna vers Vassili.

      «Va chercher tous les domestiques, amène-les tout de suite au Français, et ayez bien soin d'exécuter ses ordres en attendant les cent coups de bâton que j'ai chargé Dérigny de te faire administrer, voleur, coquin, animal!»

      Vassili, pâle comme un mort et tremblant comme une feuille, courut exécuter les ordres de son maître. Il ne tarda pas à revenir suivi de vingt-deux hommes, tous empressés d'obéir au Français, favori de M. le comte. Dérigny, qui se faisait déjà passablement comprendre en russe, commença par rassurer Vassili sur les cent coups de bâton qu'il redoutait. Vassili jura que c'était l'intendant en chef qui avait occupé et sali les belles chambres et qui en avait emporté les meubles pour garnir son logement habituel.

      «Moi, dit-il, Monsieur le Français, je vous jure que je n'ai pris que quelques meubles gâtés dont l'intendant n'avait pas voulu. Demandez-le-lui.»

      Dérigny: «C'est bon, mon cher, ceci ne me regarde pas; je ferai mon possible pour que le général vous pardonne; quant au reste, vous vous arrangerez avec l'intendant.»

      Ils commencèrent le transport des meubles; en moins d'une demi-heure tout était prêt; les rideaux étaient aux fenêtres, les lits faits, les cuvettes, les verres, les cruches en place.

      C'était fini, et Mme Papofski n'arrivait pas. Le général allait et venait, admirait l'activité, l'intelligence de Dérigny et de sa femme, qui avaient réussi à donner à cet appartement un air propre, presque élégant, et à le rendre fort commode et d'un aspect agréable; on avait assigné deux chambres aux enfants et aux bonnes; des canapés devaient leur servir de lits. Mme Papofski devait avoir un bon et large lit, que Dérigny avait fabriqué pour sa femme avec l'aide d'un menuisier. Matelas, oreillers, traversins, couvertures, tout avait été composé et exécuté par Dérigny et sa femme, Jacques et Paul aidant. Quand le général vit ce lit: «Qu'est-ce? dit-il. Où a-t-on trouvé ça? C'est à la française, cent fois mieux que le mien. Qui est-ce qui a fait ça?»

      Un domestique: «Les Français, Votre Excellence; ils se sont fait des lits pour chacun d'eux.»

      Le général: «Comment, Dérigny, c'est vous qui avez fabriqué tout ça? Mais, mon cher, c'est superbe, c'est charmant. Je vais être jaloux de ma nièce, en vérité!»

      Dérigny: «Mon général, si vous en désirez un, ce sera bientôt fait, en nous y mettant ma femme et moi. Et, travaillant pour vous, mon général, nous le ferons bien meilleur et bien plus beau.»

      Le général: «J'accepte, mon ami, j'accepte avec plaisir. On vous donnera tout ce que vous voudrez et l'on vous aidera autant que vous voudrez. Mais... que diantre arrive-t-il donc à ma nièce? Le courrier est ici depuis plus d'une heure; il y a longtemps qu'elle devrait être arrivée. Nikita, fais monter à cheval un des forreiter (postillons), qu'il aille au devant pour savoir ce qui est arrivé.»

      Nikita partit comme un éclair. Le général continua son inspection et fut de plus en plus satisfait des inventions de Dérigny qui avait dévalisé son propre appartement au profit de Mme Papofski.

       Table des matières

       Table des matières

      Le général finissait la revue des appartements, quand on entendit des cris et des vociférations qui venaient de la cour.

      Le général: «Qu'est-ce que c'est? Dérigny, vous qui êtes leste, courez voir ce qu'il y a, mon ami: quelque malheur arrivé à ma nièce ou à ses marmots probablement. Je vous suivrai d'un pas moins accéléré.»

      Dérigny partit; les domestiques russes étaient déjà disparus; on en. tendait leurs cris se joindre à ceux de leurs camarades; le général pressait le pas autant que le lui permettaient ses nombreuses blessures, son embonpoint excessif et son âge avancé; mais le château était grand; la distance longue à parcourir. Personne ne revenait; le général commençait à souffler, à s'irriter, quand Dérigny parut.

      «Ne vous alarmez pas, mon général: rien de grave. C'est la voiture de Mme Papofski qui vient d'arriver au grand galop des six chevaux, mais personne dedans.»

      Le général: «Et vous appelez ça rien de grave? Que vous faut-il de mieux; ils sont tous tués: c'est évident.»

      Dérigny: «Pardon, mon général; la voiture n'est pas brisée; rien n'indique un accident. Le courrier pense qu'ils seront tous descendus et que les chevaux sont partis avant qu'on ait pu les retenir.»

      Le général: «Le courrier est un imbécile. Amenez-le moi, que je lui parle.»

      Pendant que le général continuait à se diriger vers le perron et la cour, Dérigny alla à la recherche du courrier. Tout le monde était groupé autour de la voiture, et personne ne répondait à l'appel de Dérigny. Il parvint enfin jusqu'à la portière ouverte près de laquelle se tenait le courrier, et vit avec surprise un enfant de trois ou quatre ans étendu tout de son long sur une des banquettes et dormant profondément. Il se retira immédiatement pour rendre compte au général de ce nouvel incident. «Que le diable m'emporte si j'y comprends quelque chose!» dit le général en s'avançant toujours vers le perron.

      Il le descendit, approcha de la voiture, parla au courrier, écarta la foule à coups de canne, pas très fortement appliqués, mais suffisants pour les tenir tous hors de sa portée; les gamins s'enfuirent à une distance considérable.

      Le général: «C'est vrai; voilà un petit bonhomme qui dort paisiblement! Dérigny, mon cher, je crois que le courrier a raison: on aura laissé l'enfant dans la voiture parce qu'il dormait. Ma nièce est sur la route avec les sept enfants et les femmes.»

      Le général, voyant les chevaux de sa nièce trop fatigués pour faire une longue route, donna des ordres pour qu'on attelât ses chevaux à sa grande berline de voyage et qu'on allât au-devant de Mme Papofski.

      Rassuré sur le sort de sa nièce il se mit à rire de bon coeur de la figure qu'elle devait faire, à pied, sur la grand'route avec ses enfants et ses gens.

      «Dites donc, Dérigny, j'ai envie d'aller au-devant d'eux, dans la berline, pour les voir barboter dans la poussière. La bonne histoire! la voiture partie, eux sur la route, criant, courant, appelant. Ma nièce doit être furieuse; je la connais, et je la vois d'ici, battant les enfants, poussant ses gens, etc.»

      La berline du général attelée de six chevaux entrait dans la cour; le cocher allait prendre les ordres de son maître, lorsque de nouveaux cris se firent entendre:

      «Eh bien! qu'y a-t-il encore? Faites taire tous ces braillards, Sémeune Ivanovitch; c'est insupportable! On n'entend que des cris depuis une heure.»

      L'intendant, armé d'un gourdin, se mettait en mesure de chasser tout le monde, lorsqu'un nouvel incident vint expliquer les cris que le général СКАЧАТЬ