Cadio. George Sand
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Название: Cadio

Автор: George Sand

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066082918

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СКАЧАТЬ Il fait bien, s'il fait cela. Ces drôles l'auront menacé! (A la Korigane.) Va voir ce qui se passe et reviens nous le dire.

      LA KORIGANE, (à la fenêtre, sur laquelle elle grimpe.) Oh! je vas vous le dire tout de suite. Voilà d'un côté les républicains de la ville qui se cachent, et... dans l'autre cour, mon doux Jésus! c'est les gens du roi qui entrent! Je reconnais bien le drapeau.

      ROXANE, (effrayée.) Les brigands! On va se battre, là, sous nos fenêtres!

      LOUISE. Non, non, ils ne se verront même pas! Mon père vient ici avec un chef.

      ROXANE. Ah! qui est-ce? le marquis?...

      LA KORIGANE, (regardant.) Ça? c'est Mâcheballe, le général des braconniers du bas pays. Je n'en vois pas d'autre!

      ROXANE. Mâcheballe, l'assassin, comme on l'appelle? Nous sommes perdus!

      LA KORIGANE. Dame, s'il sait comment vous le traitez! Il vous croira tournée au bleu, et il n'est pas tendre, je ne vous dis que ça!

      LOUISE. Taisez-vous, taisez-vous, le voici!

      SCÈNE VII.--Les Mêmes, LE COMTE, MACHEBALLE et une douzaine de Paysans armés, dont le nombre augmente insensiblement et envahit le salon. Ce sont gens de diverses provinces et quelques Vendéens nouvellement recrutés par eux. LE CHEVALIER, LE BARON, LA TESSONNIÈRE, MÉZIÈRES, STOCK. Plusieurs Vendéens, un peu mieux habillés ou mieux armés que les autres et simulant une sorte d'état-major, entourent Mâcheballe. Ils ont le chapeau ou le mouchoir sur la figure.

      LE COMTE, (à Mâcheballe, qu'il introduit.) Entrez ici, et parlez, monsieur, puisque vous vous présentez au nom du roi, et que vos pouvoirs sont en règle. J'écoute les paroles que vous m'apportez et que vous voulez me dire en présence de mes hôtes et de ma famille.

      MACHEBALLE. Eh bien, monsieur le comte, voilà. Je ne suis pas grand parolier, moi, et la chose que j'ai à vous dire ne prendra pas le temps de réciter un chapelet. Je suis devant vous, moi, Pierre-Clément Coutureau, dit Mâcheballe, capitaine, commandant ou général, comme ça vous fera plaisir, je n'y tiens pas; j'ai ma bande de bons enfants, je la mène du mieux que je peux; si elle est contente de moi, ça suffit!

      LES INSURGÉS. Oui, oui, vive le général!

      MACHEBALLE. Vous voyez, ils veulent que je le sois! On verra ça plus tard, quand on sera organisé; pour le quart d'heure, faut se réunir et se compter. Et, depuis trois mois qu'on avance dans le pays, on a emmené, chemin faisant, tous les bons serviteurs de Dieu et de l'Église. On est donc déjà vingt-cinq mille, chaque corps marchant dans son chemin. On n'est chez vous qu'une cinquantaine; mais, autour de vous, dans les bois, il y a autant d'hommes que d'arbres, monsieur le comte! et faudrait pas nous mépriser parce qu'on vous paraît une poignée. On est venu ici en confiance...

      LE COMTE. Il est inutile de menacer, monsieur; fussiez-vous seul, vous seriez en sûreté chez moi!

      MACHEBALLE. Alors, monsieur le comte, vous allez, je pense, rassembler vos métayers, vos domestiques et tout le monde de votre paroisse, et vous viendrez avec nous, pas plus tard que tout à l'heure, donner l'assaut à la ville de Puy-la-Guerche?

      LE COMTE. Non, monsieur, je ne le ferai pas, et je vous prie, je vous somme au besoin, de vous retirer du district où j'ai le devoir de commander la garde nationale.

      MACHEBALLE, (riant.) Vous me sommez, au nom de quoi?

      LE COMTE. Au nom du roi, monsieur.

      MACHEBALLE. Comment donc que vous arrangez ça dans le pays d'ici?

      LE COMTE. Dans le pays, on procède comme ailleurs au nom de la République; mais avec vous j'invoque la seule autorité légitime que je reconnaisse.

      MACHEBALLE. Alors, comment que vous arrangez ça dans votre cervelle? (Les Vendéens rient.) Comment donc prétendez-vous, au nom du roi, m'empêcher de servir le roi?

      LE COMTE. Chacun entend le service du roi à sa manière. Vous avez méconnu la sainteté de sa cause en commettant des excès, des cruautés sans exemple. J'ai fait honneur à ceux qui ont signé votre mandat en écoutant vos ouvertures, et, maintenant que je les ai entendues, je les repousse. La guerre que vous faites est un prétexte au pillage et aux vengeances personnelles. (Murmures des insurgés. Le comte élève la voix.) Elle me répugne, et je la condamne. Passez votre chemin. Quand un chef royaliste digne de ce nom paraîtra devant moi, je verrai à m'entendre avec lui, si je le puis sans trahir le mandat qui m'est confié. (Murmures des insurgés.)

      MACHEBALLE, (irrité.) Par le saint ciboire! je ne sais pas comment je vous laisse dire tant de sacriléges! (Il met la main sur ses pistolets. Un de ses hommes passe devant lui, et le repousse en arrière en lui disant tout bas: «Assez! tais-toi. Laisse-moi faire!» Cet homme ôte son chapeau. La Korigane s'écrie: «Saint-Gueltas!» Louise, qui s'est élancée vers son père menacé, recule avec effroi. Roxane laisse aussi échapper une exclamation.)

      SAINT-GUELTAS. Saint-Gueltas, marquis de la Roche-Brûlée. Il paraît que mon nom effraye les dames; mais vous, monsieur le comte, peut-être me ferez-vous l'honneur de m'agréer comme le chef sérieux d'une force considérable,... à moins que vous ne me jugiez indigne aussi de servir le roi? C'est possible, si vous proscrivez la peine de mort! Moi, j'avoue que je n'ai pas encore découvert le moyen de faire la guerre sans exposer sa vie et sans compromettre celle des autres.

      MACHEBALLE. Bien parlé! (Il explique tout bas les paroles de Saint-Gueltas à quelques paysans bretons qui approchent.)

      LE COMTE. Je sais, monsieur le marquis, le respect qui est dû à votre bravoure, à votre dévouement et à votre habileté; mais vos sarcasmes ne m'empêcheront pas de réprouver les atrocités de vos triomphes. Vous avez pu être débordé...

      SAINT-GUELTAS, (baissant la voix et s'approchant de lui et des femmes.) Débordé! comment ne pas l'être dans une guerre de partisans comme celle que nous faisons? Nous manquons de chefs, monsieur le comte, et je ne puis être partout; mais nous commençons à nous organiser. Suivez le bon exemple, donnez-le à ceux qui hésitent encore, et nos paysans deviendront des soldats soumis à une discipline; c'est le devoir de tout bon royaliste et de tout brave gentilhomme.

      LE COMTE. Devant de si sages paroles, je ne puis que regretter vivement les engagements que j'ai pris...

      MACHEBALLE, bas, à Saint-Gueltas. Il vous refuse aussi?

      SAINT-GUELTAS, (bas, à Mâcheballe.) Prenez patience. Je vous réponds de l'emmener! (Haut, au comte.) Puis-je au moins adresser mes offres aux personnes libres qui vous entourent? (Allant à Raboisson.) Voici un ami qui ne me reniera peut-être pas?

      RABOISSON, (lui serrant la main.) Non certes; mais tu sers les prêtres, marquis, et, moi...

      SAINT-GUELTAS. Je sais, je sais! (Il fait un signe à Mâcheballe, qui se retire au fond du salon et jusque dans la pièce du fond avec les Vendéens.) Mon cher baron, tu peux être tranquille. Je ne suis pas plus bigot que toi. Je n'ai pas changé! Nous nous servons du mysticisme des paysans; mais que les gens sages nous secondent, et nous remettrons à leur place MM. les ambitieux et les démagogues de la soutane.

      RABOISSON, (bas.) Bien... Alors, je grille de te suivre, car je m'ennuie ici considérablement; mais comment faire?

      LE CHEVALIER, (bas, à Saint-Gueltas.) Moi aussi, monsieur le marquis, je brûle de vous suivre; mais nous sommes ici en quelque sorte prisonniers sur parole.

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