Cadio. George Sand
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Название: Cadio

Автор: George Sand

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066082918

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СКАЧАТЬ Ah! vous êtes dans la cavalerie? Et votre régiment?

      HENRI. Partie ici, partie à Puy-la-Guerche.

      REBEC. Enfin! enfin! vous voilà arrivés pour nous défendre et nous protéger? Dieu soit loué! Et c'est ça l'uniforme?

      HENRI. Dame, il n'est pas cossu. Nous ne sommes pas des gens de cour, la République n'est pas riche, nous nous contentons de ce qu'elle donne.

      REBEC. Oh! vous êtes un vrai patriote, vous, un bon! Ça réjouit le coeur de vous entendre parler comme ça.--Alors... vous avez rompu avec votre ci-devant famille?

      HENRI, (riant.) Ma ci-devant... Es-tu fou? ma famille est toujours ma famille.

      REBEC. Pardon! j'allais trop loin... Il y a comme ça des idées... et des intérêts qu'on ne peut pas oublier, n'est-ce pas? C'est trop juste, c'est trop juste.

      HENRI. Dis donc, toi! tu as l'air de me soumettre à un interrogatoire? Es-tu chargé de ça?

      REBEC. Oh! par exemple! moi, vous trahir? moi qui vous aime tant! moi qui vous ai vu tout petit et qui vous mettais sur mon bidet, du temps que je venais ici acheter vos laines? Étiez-vous content de taper ma bête avec vos petits talons! Et mademoiselle Louise que vous vouliez prendre en croupe... et qui avait peur!

      HENRI. Pauvre Louise! elle a bien d'autres sujets de frayeur à présent!

      REBEC. Mais... vous savez qu'elle est devenue intrépide! Elle ne quitte pas son père, c'est une des héroïnes de l'armée catholique.

      HENRI, (soupirant.) On me l'a dit.

      REBEC. Ça n'avance pas vos affaires pour le mariage?

      HENRI. Ça les met à néant, comme tu penses.

      REBEC. Ça ne vous chagrine pas plus que ça?

      HENRI, (brusquement.) Eh bien, à quoi cela m'avancerait-il, de m'en chagriner?

      REBEC. C'était pourtant un beau parti! fille unique! et vous qui n'avez rien!

      HENRI. Justement, c'est là ce qui me console un peu.

      REBEC. Ah bah?

      HENRI. Tout ça n'empêche pas que je voudrais avoir de leurs nouvelles, à mes pauvres parents. Voyons, comment ne sais-tu rien, toi qui te prétends si dévoué à la famille?

      REBEC. C'est que... on n'ose pas trop faire de questions dans ce temps de suspicion et de crainte; on risque d'avoir l'air de s'intéresser...

      HENRI. Qu'est devenue mademoiselle Hoche?

      REBEC. Partie avec ces dames.

      HENRI. Pour l'armée catholique? elle?

      REBEC. C'est comme je vous le dis.

      HENRI. Par dévouement, alors? Généreuse fille! Est-elle toujours jolie?

      REBEC. Ah! du présent je ne peux rien vous dire. Elle était plus jolie que jamais quand elle a suivi mademoiselle Louise. Savez-vous qu'à elles deux, elles auraient été la fleur du pays sans ces maudites guerres? Est-ce que vous n'étiez pas un peu amoureux de l'une et de l'autre?

      HENRI. Quelles sottes questions me fais-tu; au lieu de me donner des renseignements sérieux?

      REBEC. Dame! quand on ne sait pas! Mais il y a l'ancien homme d'affaires de votre oncle, il est resté au pays, et, si vous voulez le voir...

      HENRI. Oui! cours me le chercher... Non, n'y va pas. Je le verrai comme par hasard. Il ne faut pas le compromettre.

      REBEC. Ah! tenez, avouez, monsieur Henri, que la République est bien soupçonneuse, et qu'il est bien difficile d'oublier...--Mais qui sait? tout va si drôlement aujourd'hui!... Et, après tout, des fils de famille enrôlés malgré eux, comme vous par exemple, pourraient bien, s'ils le voulaient, ramener l'ancien temps, qui n'était pas si mauvais qu'on veut bien le dire! Hein, ai-je tort?

      HENRI. Mon ami Rebec, je vois que tu n'as pas changé.

      REBEC. Il faut bien plier sous les circonstances; mais, au fond, monsieur Henri, je suis toujours aussi bien pensant... et aussi...

      HENRI. Et aussi bête que par le passé.

      REBEC. Plaît-il?

      HENRI. Tu as très-bien entendu, mon cher, et tu es stupide de croire qu'un ci-devant noble ne peut pas servir fidèlement son pays.

      REBEC. Je ne dis pas ça! au contraire! Je vois bien que vous détestez le mensonge, et, entre nous, monsieur votre oncle a manqué à son devoir en trahissant lâchement...

      HENRI. Tais-toi! Ne répète jamais ce mot-là devant moi, si tu tiens à tes deux oreilles. Mon oncle a cru obéir à sa conscience. Il s'est trompé, mais comme se trompe un galant homme, en se sacrifiant. Il savait que la Vendée n'aboutirait qu'à un gâchis et à un désastre. Il s'y fera tuer et laissera quand même une mémoire pure. Moi, je me ferai éventrer aussi pour dompter la révolte, et peut-être recevrai-je mon affaire de la main d'un de mes paysans ou d'un des vieux domestiques qui m'ont porté dans leurs bras et fait manger la bouillie! ou bien ce sera le prêtre qui m'a fait faire ma première communion, qui me cassera la mâchoire, ou encore... mon oncle lui-même, le plus doux, le plus tendre, le meilleur des hommes! C'est comme ça, à ce qu'il paraît, la guerre civile. C'est très-gentil! mais, quand on y est, on y est, et, quand on va au feu, ce n'est pas pour recevoir des pommes cuites. Là-dessus, va te coucher, Rebec, car je perds mon temps à te faire comprendre ce que tu ne comprendras jamais.

      REBEC. Me coucher, non! Je vais vous reconduire.

      HENRI. Nous couchons ici, nous, le capitaine et le détachement, si ça ne te contrarie pas.

      REBEC. Ah! mon Dieu, vous ne me disiez pas ça! Je cours donner des ordres...

      HENRI. C'est fait, nos fourriers n'ont pas besoin de toi pour installer leur monde.

      REBEC. Mais... votre capitaine, où couchera-t-il? Toutes les chambres sont sous le scellé, excepté...

      HENRI. Excepté celle que tu t'es réservée? Le capitaine la prendra; où est-elle?

      REBEC. Celle-ci... à côté.

      HENRI. L'appartement de ma tante Roxane? C'était le meilleur. Tu n'as pas mal choisi, camarade!

      REBEC. Monsieur Henri, c'est à cause des odeurs! Cette chambre embaume et je suis fou des odeurs.

      HENRI. Pauvre tante! elle couche peut-être maintenant dans une étable.

      REBEC. Vous ferai-je apporter à souper?

      HENRI. Non, nous avons mangé à Puy-la-Guerche.

      REBEC, (allant à la table.) Vous prendrez bien au moins un verre de tokay? Voyons, sans cérémonie?

      HENRI. Tu es trop bon! tu fais les honneurs de chez nous avec une grâce...

      REBEC. СКАЧАТЬ