Название: Œuvres complètes de François Villon
Автор: François Villon
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066089603
isbn:
XVIII.
L'empereur si l'arraisonna:
«Pourquoy es-tu larron de mer?»
L'autre, responce luy donna:
«Pourquoy larron me faiz nommer?
«Pour ce qu'on me voit escumer
«En une petiote fuste?
«Se comme toy me peusse armer,
«Comme toy empereur je fusse.
XIX.
«Mais que veux-tu! De ma fortune,
«Contre qui ne puis bonnement,
«Qui si durement m'infortune,
«Me vient tout ce gouvernement.
«Excuse-moy aucunement,
«Et sçaches qu'en grand pauvreté
«(Ce mot dit-on communément)
«Ne gist pas trop grand loyaulté.»
XX.
Quand l'empereur eut remiré
De Diomedès tout le dict:
«Ta fortune je te mueray,
«Mauvaise en bonne!» ce luy dit.
Si fist-il. Onc puis ne mesprit
A personne, mais fut vray homme;
Valère, pour vray, le rescript,
Qui fut nommé le grand à Romme.
XXI.
Se Dieu m'eust donné rencontrer
Ung autre piteux Alexandre,
Qui m'eust faict en bon heur entrer,
Et lors qui m'eust veu condescendre
A mal, estre ars et mys en cendre
Jugé me fusse de ma voix.
Nécessité faict gens mesprendre,
Et faim saillir le loup des boys.
XXII.
Je plaings le temps de ma jeunesse,
Ouquel j'ay plus qu'autre gallé,
Jusque à l'entrée de vieillesse,
Qui son partement m'a celé.
Il ne s'en est à pied allé,
N'a cheval; las! et comment donc?
Soudainement s'en est voilé,
Et ne m'a laissé quelque don.
XXIII.
Allé s'en est, et je demeure,
Pauvre de sens et de sçavoir,
Triste, failly, plus noir que meure,
Qui n'ay ne cens, rente, n'avoir;
Des miens le moindre, je n'y voir,
De me desadvouer s'avance,
Oublyans naturel devoir,
Par faulte d'ung peu de chevance.
XXIV.
Si ne crains avoir despendu,
Par friander et par leschier;
Par trop aimer n'ay riens vendu,
Que nuls me puissent reprouchier.
Au moins qui leur couste trop cher.
Je le dys, et ne croys mesdire.
De ce ne me puis revencher:
Qui n'a méfiait ne le doit dire.
XXV.
Est vérité que j'ay aymé
Et que aymeroye voulentiers;
Mais triste cueur, ventre affamé,
Qui n'est rassasié au tiers,
Me oste des amoureux sentiers.
Au fort, quelqu'un s'en recompense,
Qui est remply sur les chantiers,
Car de la panse vient la danse.
XXVI.
Bien sçay se j'eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes meurs dedié,
J'eusse maison et couche molle!
Mais quoy? je fuyoye l'escolle,
Comme faict le mauvays enfant...
En escrivant ceste parolle,
A peu que le cueur ne me fend.
XXVII.
Le dict du Saige est très beaulx dictz,
Favorable, et bien n'en puis mais,
Qui dit: «Esjoys-toy, mon filz,
A ton adolescence; mais
Ailleurs sers bien d'ung autre mectz,
Car jeunesse et adolescence
(C'est son parler, ne moins ne mais)
Ne sont qu'abbus et ignorance.»
XXVIII.
Mes jours s'en sont allez errant,
Comme, dit Job, d'une touaille
Sont les filetz, quant tisserant
Tient en son СКАЧАТЬ