Название: Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Автор: Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги о Путешествиях
isbn: 4064066084158
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rappellent nullement les profils des figures de Palenqué, ou ceux que l'on prête aux races indigènes du Mexique si souvent reproduits par des terres cuites recueillies en grand nombre dans ces contrées. Ainsi, fig. 3, nous donnons une copie fidèle de ces terres cuites que M. Charnay a bien voulu déposer entre nos mains, et fig. 3 bis, une tête d'un indigène, copiée par une photographie. Il est clair que ces deux types appartiennent à une même race ou à un même mélange de sang. La terre cuite, qui est d'une époque fort ancienne, et le sujet nouveau présentent les mêmes caractères; front étroit, naissance du nez mince et déprimée, sourcils rapprochés, paupières supérieures recouvrant fortement l'angle externe de
l'œil, os du nez saillant, narines maigres, anguleuses,
ouvertes; pommettes plutôt anguleuses que saillantes, joues plates, bouche large, abaissée vers ses extrémités, lèvres grosses et coupées nettement, os maxillaire se relevant sous la bouche. Or, ce type de Mexicain, donné fig. 3 bis, est fréquent, et parmi nos photographies, nous en possédons plusieurs qui conservent ce même caractère bien tranché. Nous ne pouvons donc mettre en doute l'exactitude des traits reproduits par cette terre cuite, puisque, encore de nos jours, ce type s'est conservé. À côté de ces types, nous donnons, fig. 4, le fac-simile d'une photographie
faite à Mexico: c'est un jeune sujet femelle. Ici le caractère de la race finnique est des plus prononcés; front bas, angle externe de l'œil relevé, nez court, pommettes hautes, bouche large, lèvre supérieure épaisse et coupée nettement, éloignée du nez, menton fuyant, base du visage large; et ce sujet n'est pas le seul, nous en possédons un certain nombre qui présentent les mêmes caractères et qui tous appartiennent à la plus basse classe de Mexico. Le sujet fig. 3 bis se rapproche du type des figures de Palenqué, quoique, dans celles-ci, les angles externes des yeux soient relevés et le menton fuyant. Mais voici, fig. 5, une copie
faite à la loupe, aussi exactement que possible, d'une des têtes les mieux conservées du bas-relief de Chichen-Itza[40]. Le profil du guerrier représenté ici se rapproche sensiblement des types du nord de l'Europe, et l'influence toujours si apparente du sang jaune ne s'y fait pas sentir. Dans le même bas-relief, nous voyons cependant des personnages dont les traits paraissent beaucoup moins purs. Quelques-uns ont un appendice qui leur traverse le nez, l'un d'eux même[41] semble avoir devant les yeux une paire de besicles saillantes comme le seraient de petites lorgnettes dites jumelles. En effet, dans la dissertation de M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, sur le Livre sacré[42], nous lisons ce passage.
«Dans l'inscription des divers calendriers d'origine nahuatl, le premier après Cipactli (Imox)[43], c'est Ehecatl (Ig, dans l'Amérique centrale), l'esprit, le souffle qui anime tout, le vent de la nuit; Opu ou l'invisible, personnification, sans doute, de Hurakan, l'ouragan, appelé aussi le Cœur de la Mer, le Cœur du Ciel, le Centre de la Terre, où il souffle la tempête. On lui prête, par conséquent, les mêmes attributs qu'à Tlaloc (le Fécondateur de la terre), représenté la foudre à la main et commandant aux orages; puis ceux de Xiuhteuctli (le Maître du feu ou de l'année), et aussi ceux de Tetzcatlipoca (celui du miroir fumant?), lançant la foudre et qui souvent paraît avec de grandes lunettes devant les yeux. Cependant, par l'effet d'une transition assez ordinaire dans cette théogonie, Ehecatl, l'esprit ou le vent, se personnifie dans Quetzalcohuatl; celui-ci devient alors le dieu de la pluie; ensuite il se trouve chargé de balayer les nuages devant Tetzcatlipoca, qui devient le soleil, Tonatiuh le resplendissant, dans la langue nahuatl.»
Tous les personnages représentés sur le bas-relief intérieur du Cirque sont richement vêtus, coiffés de casques ornés de plumes et très-variés de forme. Dans la main gauche, ils portent un paquet de javelines, et leur main droite tient une sorte de massue. Une garde, comme un épais bracelet, entoure leur poignet. En examinant scrupuleusement ces masses d'armes, on distingue à leur extrémité comme une pierre ou un morceau de métal engagé dans une enveloppe volumineuse composée de deux parties (voir la fig. 6 grossie à la loupe). De quelle matière étaient ces enveloppes? C'est ce qu'il est difficile de dire; leur bord est strié comme pour indiquer une fourrure ou une masse de bois rayée sur les côtés. Quelques-unes de ces armes sont munies d'un manche; d'autres ont un anneau qui sert à les tenir avec deux doigts seulement.
Le Livre sacré, dont l'importance historique s'accroît en analysant les planches de M. Charnay, nous fournit, au sujet de ces masses d'armes, un renseignement curieux. Quatre tribus quichées sont retranchées
sur le mont Hacavitz, personnifiées en Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam. Les populations de la plaine se réunissent pour les attaquer; mais celles-ci, arrivées au pied de la montagne avant la nuit, font halte et s'endorment[44]. «Tous ensemble donc ils firent halte dans la route; et, sans qu'ils s'en aperçussent, tous finirent par s'endormir; après quoi on commença (les quatre personnages quichés) à leur raser les sourcils avec leurs barbes; on leur enleva le riche métal de leur col, avec leurs couronnes et leurs ornements; mais ce ne fut que la poignée de leurs masses qu'ils prirent en fait de métal précieux; on le fit pour humilier leurs faces et pour les prendre au piége, en signe de la grandeur de la nation quichée. Ensuite, s'étant réveillés, ils cherchèrent aussitôt à prendre leurs couronnes, avec la poignée de leurs masses, mais il n'y avait plus d'argent ou d'or à la poignée, ni à leurs couronnes.....» Quelques-unes des masses d'armes représentées entre les mains des personnages du bas-relief du Cirque de Chichen-Itza sont, en effet, garnies d'ornements à la poignée.
Pour la facilité des lecteurs, nous donnons, fig. 7, deux des casques ou bonnets chargés de plumes de ces guerriers, soigneusement copiés à la loupe sur la photographie de M. Charnay. L'un de ces bonnets semble couvert d'une fourrure crépue comme sont les bonnets portés par les Persans de nos jours. Ces coiffures sont maintenues sous le menton au moyen d'une jugulaire garnie d'une large oreillère ronde. Les ornements qui sont attachés aux narines de quelques-uns des personnages de ce bas-relief étaient probablement en pierre, car on en conserve plusieurs, dans les collections de Mexico, qui paraissent avoir été destinés à cet usage; ce sont des morceaux d'obsidienne finement taillés. On observera aussi que le personnage portant une paire de lunettes, armé également