Название: Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Автор: Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги о Путешествиях
isbn: 4064066084158
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Nous ne saurions voir dans ces vastes enceintes terrassées que des établissements temporaires, des campements de populations en cours d'émigration. Si, dans ces enceintes, il existait des habitations, elles ne pouvaient être qu'en bois, puisqu'il ne reste aucune trace de constructions en pierre. En admettant que ces peuples fussent aborigènes, pour qu'ils se soient trouvés dans la nécessité d'élever des fortifications de cette importance, il fallait qu'ils eussent à combattre des armées venues d'ailleurs, multitudes qui seraient parvenues à les refouler vers le sud. Que ces peuples primitifs de la vallée de l'Ohio, du Missouri, soient nés sur le sol américain ou qu'ils s'y soient transportés à une époque fort ancienne, à quelle race appartenaient-ils? D'une part, rien dans les restes des établissements de l'Amérique du Nord, non plus que dans ceux du Mexique, ne fait supposer la présence toujours caractérisée de la race aryane pure; d'autre part, tous les débris trouvés, depuis les ustensiles les plus ordinaires jusqu'aux grands monuments de l'Yucatan et du bas Mexique, semblent appartenir à des dérivés de races malayes fortement mélangées de blanc; nous sommes contraints de reconnaître, en effet, dans ces monuments ainsi que dans les coutumes religieuses des grands civilisateurs du Mexique, un filon de race blanche. Hérodote[6] rapporte que les Scythes sacrifient à ce qu'il suppose être le dieu Mars, de cette manière: «Dans chaque nome, on lui élève un temple au milieu d'un champ destiné aux assemblées de la nation. On entasse des fagots, et on en fait une plate-forme de trois stades en longueur et largeur, moins en hauteur. Sur cette plate-forme, on pratique une aire carrée dont trois côtés sont abrupts; le quatrième est fait en pente de manière à ce qu'on y puisse monter. On y entasse, tous les ans, cent cinquante charretées de menu bois, pour maintenir le niveau de la plate-forme que l'injure des saisons tend à réduire de hauteur. Au haut de cette plate-forme, chaque tribu scythe plante une vieille épée de fer, qui tient lieu de simulacre de Mars. Les Scythes offrent, tous les ans, à ces épées des sacrifices de chevaux et d'animaux... Ils sacrifient aussi le centième de tous les prisonniers qu'ils font sur leurs ennemis... Ils font d'abord des libations avec du vin sur la tête de ces victimes humaines, les égorgent ensuite sur un vase, portent ce vase au haut de la terrasse, et en répandent le sang sur l'épée...» Le même auteur[7] explique comment les Scythes scalpaient leurs ennemis. «Pour écorcher une tête, dit-il, le Scythe fait d'abord une incision à l'entour, vers les oreilles; et, la prenant par le haut, il en arrache la peau en la secouant.» Dans ces deux passages, il est difficile de ne pas trouver une analogie avec les pratiques des anciens habitants du Mexique: usage d'élever des plates-formes pour offrir des sacrifices humains à la divinité, sang des victimes recueilli et versé sur le symbole du dieu, crânes scalpés, écorchement des humains et emploi de leur peau comme vêtements, nous trouvons tout cela dans les populations anciennes de l'Amérique centrale. Hérodote rapporte encore que les Scythes rendent les honneurs de la sépulture à leurs rois dans un canton qu'on appelle Gerrhes, situé vers le lieu où le Borysthène cesse d'être navigable.
Arrivé dans cette contrée, après de longues préparations, on place le corps sur un lit de verdure et de feuilles entassées. «On plante ensuite, autour du corps, des piquets, et l'on pose, en travers, des pièces de bois qu'on couvre de branches de saule. On met, dans l'espace vide de cette fosse, une des concubines du roi, qu'on a étranglée auparavant, son échanson, son cuisinier, son écuyer, son ministre, un de ses serviteurs, des chevaux; en un mot, les prémices de toutes les autres choses à son usage, et des coupes d'or... Cela fait, les assistants remplissent la fosse de terre, et travaillent tous à l'envi l'un de l'autre, à élever, sur le lieu de la sépulture, un tertre très-haut.» Voilà, certes des usages dont nous trouvons la trace chez les populations qui ont occupé une grande partie du nord de l'Europe; nous les trouvons également répandus depuis la vallée de l'Ohio jusqu'au Mexique même, témoin les deux pyramides élevées en l'honneur de Hun-Ahpu à Teotihuacan et qui existent encore. «De Tamoanchan, on allait offrir[8] des sacrifices dans la ville de Teotihuacan... et c'était là qu'on élisait ceux qui devaient gouverner les autres. Là aussi on enterrait les princes et les seigneurs, et sur leurs sépultures ils commandaient d'élever des monticules de terre qu'on voit encore aujourd'hui et qui paraissent comme des collines faites à la main...»
Prescott[9] reconnaît que les Mexicains n'étaient pas les premiers civilisateurs de l'empire de Montézuma. Les Toltèques auraient été les fondateurs de cet empire avant le xe siècle de notre ère, et, avant les Toltèques, les Olmécas seraient les constructeurs de ces vastes édifices dont les ruines présentent un mystère difficile à pénétrer aujourd'hui. Qu'étaient les Olmécas, d'où venaient-ils? Dans les Sagas islandaises, toute la contrée comprenant le Texas, la péninsule floridienne et les bords du Mississipi, la Géorgie actuelle et les Carolines, est désignée sous le nom d'Irland-ik-Mikla, ou la Grande-Irlande, et par celui de Hvitramanaland, ou la Terre des Hommes blancs[10]. Au xe siècle, disent les Sagas, une tempête y jeta Ari[11]... Les Espagnols trouvèrent sur les côtes des Florides des nations énergiques qui formaient des États florissants, et dont les chefs possédaient plusieurs îles de l'archipel des Antilles. «Leurs villes, dit M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, étaient d'ordinaire construites au bord des lacs ou des fleuves, et quelquefois au milieu des marécages,»—ce qui porterait à penser que ces populations appartenaient à des races mélangées de sang jaune,—«entourées d'enceintes fortifiées avec de larges et profonds fossés: là dominait, au-dessus des huttes de la plèbe, le tertre massif aux formes pyramidales, sur l'esplanade duquel était érigée la demeure du chef gardien du sanctuaire... Ces conquérants parlent d'étangs artificiels, de routes, de canaux,» (tous travaux qui appartiennent particulièrement aux races blanches mêlées de sang jaune), «de vergers, de parcs clos, où les princes réunissaient des troupeaux considérables de cerfs privés, et, ce qui est plus surprenant, de vaches domestiques, dont le lait servait à faire du fromage» (ici l'influence de la race blanche est évidente); «toutes choses qui annoncent une société bien éloignée de l'état barbare.» Cependant, au moment de la conquête des Espagnols, les Mexicains ne savaient pas réduire les animaux en domesticité; ils ne connaissaient pas l'usage du lait, singularité que l'on signale chez certaines peuplades jaunes; il y avait donc eu, chez ces peuples du moins, un retour vers un état relativement barbare, par la prédominance d'une race inférieure.
«Les mêmes récits des voyageurs du xvie siècle[12] décrivent la poterie des nations floridiennes comme étant d'une remarquable finesse, d'une richesse de couleurs et de formes également admirables..... Les villes d'Aquera, d'Ocale, de Nandacaho et de Haïs, situées dans les vallées voisines du Mississipi, frappèrent les Espagnols par leur étendue... Les rois s'y faisaient porter en litière, comme ceux du Mexique, par les seigneurs de la cour... Ce qui ajoute à la ressemblance avec les contrées d'origine toltèque, c'est que les hommes y faisaient l'office de portefaix et de bêtes de somme, exactement comme dans l'Anahuac... L'agriculture y était en honneur, pratiquée sur une grande échelle, et, sur les bords du Mississipi, les chefs possédaient des flottilles d'embarcations dont quelques-unes pouvaient contenir jusqu'à quatre-vingts hommes[13].» Mais voici qui indique chez ces populations une forte dose de sang blanc: les femmes, dans la Floride, héritaient quelquefois de l'autorité suprême, et disposaient alors des temples nationaux et du produit des récoltes publiques. Des vierges étaient chargées de garder le СКАЧАТЬ