Название: Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Автор: Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги о Путешествиях
isbn: 4064066084158
isbn:
RUINES DE MITLA
Nous traversons l'État de Chiapas, nous dirigeant vers l'ouest, nous abandonnons les montagnes qui ferment la presqu'île yucatèque et nous trouvons dans l'État d'Oaxaca une autre contrée montagneuse, au milieu de laquelle sont construits les vastes monuments de Mitla, non loin de la ville d'Oaxaca. Les ruines de ces immenses édifices sont peut-être les plus imposantes du Mexique; elles font reconnaître encore l'existence de quatre grands palais et d'un téocalli ou colline artificielle, dont la plate-forme supérieure est occupée par une chapelle espagnole qui a remplacé le temple antique.
La pl. XVII donne une vue générale de ces ruines assises à mi-côte, le long de montagnes peu élevées, mais dont les lignes rappellent celles des horizons de la Grèce. Le plus grand de ces palais et le mieux conservé, celui que l'on voit à gauche sur la photographie, présente en plan des dispositions générales analogues à celles des palais d'Uxmal, fig. 11, mais dont les détails diffèrent sensiblement de ceux-ci.
Comme à Uxmal, la cour est bornée, mais non fermée, par quatre bâtiments indépendants les uns des autres; celui du fond consiste en une grande salle avec une épine de colonnes au milieu, puis en une annexe contenant une petite cour intérieure entourée de salles étroites. De la grande salle à colonnes, on ne communique à cette cour intérieure que par un passage détourné. Le bâtiment de droite ne renferme qu'une seule salle, de même avec une épine de colonnes; celui antérieur et celui de gauche ne laissent plus voir qu'un amas de ruines; tout indique qu'ils étaient disposés comme l'édifice de droite.
La magnifique vue photographique, pl. V et VI, donne la façade du bâtiment principal du côté de la cour. On distingue parfaitement les trois portes, en partie murées postérieurement à la construction, qui donnent entrée dans la grande salle à colonnes. Au sommet des piles qui forment les pieds-droits de ces
portes, on remarquera quatre trous ronds, destinés très-vraisemblablement à recevoir quatre boulins supportant une banne en étoffe.
Les monuments de la Grèce et ceux de Rome, de la meilleure époque, égalent seuls la beauté de l'appareil de ce grand édifice. Les parements dressés avec une régularité parfaite, les joints bien coupés, les lits irréprochables, les arêtes d'une pureté sans égale indiquent, de la part des constructeurs, du savoir et une longue expérience. Dans ce monument, les linteaux ne sont plus en bois, mais en grandes pierres, comme ceux des édifices de l'Égypte et de la Grèce. Le grand appareil forme une suite d'encadrements alternés, sertissant un appareil très-délié, composé de petites pierres parfaitement taillées et de la dimension d'une brique, formant par leur assemblage des méandres, des treillis d'un bon goût et tous variés dans leurs combinaisons. Comme dans les autres monuments que nous avons déjà examinés, ces parements masquent un blocage en mortier et moellons.
Les pl. VI, VII et VIII donnent l'aspect extérieur de ce palais, du côté occidental, avec l'angle rentrant que forme l'annexe accolée à la grande salle.
Si nous franchissons les portes ouvertes sur la façade principale, nous entrons dans la grande salle à colonnes, pl. X. Les murs de cette salle sont revêtus d'un enduit fort dur, ainsi que le pavé; les colonnes, taillées dans un calcaire poreux, sont monolithes et dépourvues de chapiteaux; leurs fûts, légèrement fuselés, sont terminés à la partie supérieure par des cônes tronqués (voir la coupe A de la fig. 11, faite sur la ligne ba du plan). Ces formes rappellent certaines colonnes de réserve des hypogées de l'Inde. À Mitla, les colonnes, disposées en épine, étaient destinées à diminuer la portée des poutres soutenant la couverture de la salle; car ici les parois verticales laissaient à ces poutres une portée considérable, eu égard à la charge qu'elles étaient destinées à soutenir. La fig. 12, donnant la coupe restaurée de la salle principale, fera comprendre l'utilité des colonnes.
Aujourd'hui, la construction, dérasée au niveau A, ne laisse plus voir que les portions des blocages qui étaient comprises entre les solives. Il y a tout lieu de croire que les colonnes portaient deux chapeaux en bois (B dans la coupe transversale et B´ dans la portion de coupe longitudinale), lesquels recevaient les deux autres chapeaux (C dans la coupe transversale, C´ dans la coupe longitudinale), soulageant les portées des deux filières (D dans la coupe transversale, D´ dans la coupe longitudinale). Sur ces filières passaient les solives E, engagées, à leurs extrémités, dans les murs, et soulagées encore par les corbelets en bois F. Un épais plancher de solives jointives fermait le tout et recevait un bétonnage couvert d'un enduit. La petitesse des matériaux de pierre accumulés à l'intérieur ou à l'extérieur du palais de Mitla ne peut faire supposer que ces colonnes aient jamais supporté des linteaux de pierre.
D'ailleurs ce genre de construction a beaucoup d'analogie avec certains monuments du nord de l'Inde et du Japon. Trois petites niches carrées s'ouvrent dans le mur du fond, en face des trois portes, et une porte étroite et basse donne entrée dans le couloir qui communique de cette salle à la cour intérieure, dont la pl. XI nous présente une vue. C'est le même système d'appareil que celui des dehors: grands linteaux au-dessus de la porte[46], fortement accusés par un large encadrement.
Mais la partie la plus curieuse de cet édifice est peut-être la salle donnant sur cette cour et dont M. Charnay a pu faire la photographie, pl. IX. Cette salle est entièrement tapissée au moyen de cet appareil de petites pierres en forme de briques composant des dessins de méandres très-variés. Comme la grande salle, cette pièce était couverte par un solivage en bois et ne recevait de jour que par la porte. C'était là, il faut en convenir, un singulier intérieur, surtout si l'on se figure ces mosaïques saillantes, revêtues de peintures; mais les salles des palais égyptiens n'étaient ni plus ouvertes ni d'un aspect moins sévère.
Du bâtiment situé du côté oriental de la grande cour du palais, il ne reste plus, pl. XII, qu'une porte et deux colonnes. Cette СКАЧАТЬ