Название: Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Автор: Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
Издательство: Bookwire
Жанр: Книги о Путешествиях
isbn: 4064066084158
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Remarquons, d'ailleurs, qu'aujourd'hui encore les habitants de l'Yucatan sont d'une race beaucoup plus belle et se rapprochant plus du type blanc que ceux des plateaux du Mexique, qui, comme nous l'avons dit en commençant, présentent un mélange assez confus de races diverses où cependant le type de la race malaye semble dominer.
Pour nous résumer donc en peu de mots, il y a tout lieu de croire que l'Amérique centrale, le Mexique et l'Yucatan étaient occupés, quelques siècles avant notre ère, par une race ou un mélange de races participant surtout des races jaunes; que ces populations, de mœurs assez douces, arrivées à ce degré de civilisation matérielle à laquelle les jaunes sont particulièrement aptes, tout en pratiquant cependant les sacrifices humains et des épreuves religieuses cruelles, ce qui n'est pas incompatible chez ces peuples avec une organisation très-parfaite, avec le culte des arts et les habitudes de bien-être; que ces populations, disons-nous, virent s'implanter au milieu d'elles des tribus d'une race blanche venue du nord-est, possédant à un degré beaucoup plus élevé les aptitudes civilisatrices; que ces nouveaux venus, guerriers, braves, se seraient bientôt emparés du pouvoir, auraient institué un régime théocratique, et, avec cette prodigieuse activité qui distingue les races blanches, auraient fondé quantité de villes, soumis le pays à une sorte de gouvernement féodal ou plutôt de castes supérieures, et élevé ces immenses monuments qui nous surprennent aujourd'hui par leur grandeur et leur caractère étrange.
Nous rangerions ainsi les édifices de Palenqué dans la série des monuments construits par les indigènes, avant la soumission de Xibalba, ceux de l'Yucatan sitôt après la domination des Quichés, de la race conquérante et supérieure, et ceux de Mitla parmi les dérivés de l'influence quichée, postérieurement à la séparation des tribus réunies à Tulan. Les monuments dont les restes se voient encore dans l'Amérique centrale, que notre ami M. Daly a visités et dont nous attendons une description, seraient dus au retour des tribus quichées vers le nord et le nord-est, après la chute de leur domination sur la péninsule yucatèque, affaiblies qu'elles étaient par leurs querelles et un soulèvement de l'antique population indigène. Peut-être sommes-nous arrivés au moment où une intervention européenne au Mexique permettra de déchirer les voiles qui couvrent encore l'histoire de cette belle contrée. M. Charnay a rendu un service signalé à l'étude de l'archéologie en offrant au public cette collection de photographies recueillies à travers mille périls et aux dépens de sa fortune privée. Nous ne pouvons que souhaiter le voir compléter ces renseignements déjà si curieux pendant un second voyage que, cette fois, nous l'espérons du moins, il entreprendrait sous la protection de la France. Mais ces études ne seront complètes que lorsqu'on aura pu faire, dans l'Amérique centrale, dans celle du Nord et dans le Pérou, une série de photographies entreprises avec méthode, des relevés de plans dressés avec exactitude et ces observations comparatives à l'aide desquelles l'archéologie peut formuler des conclusions certaines. À nos yeux, l'architecture antique du Mexique se rapproche, sur bien des points, de celle de l'Inde septentrionale; mais comment ces rapports se sont-ils établis? Est-ce par le nord-est? est-ce par le nord-ouest? C'est une question réservée jusqu'au moment où la connaissance de ces monuments indo-septentrionaux sera complète.
Viollet-Le-Duc.
LE MEXIQUE
1858-1861
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS DE VOYAGE
Un pays est un livre que chaque voyageur a
le droit de commenter à sa manière, en s'appuyant
sur la vérité.
CHAPITRE PREMIER
Départ de Paris.—La Vera-Cruz.—Saint-Jean d'Ulloa.—Aspect général de la ville—Le port.—Le môle.—Excursion aux environs.—Le nord à Vera-Cruz.—Le départ.—Médellin.—La route de Mexico.
Chargé d'une mission par le ministre d'État, à l'effet d'explorer les ruines américaines, je quittai Paris le 7 avril 1857, me dirigeant sur Liverpool par New-Haven et Londres: deux amis m'accompagnaient. Le lendemain, nous étions à bord de l'America, paquebot transatlantique de la compagnie Cunard, en partance pour Boston.
Je l'avoue humblement, quoiqu'ayant beaucoup voyagé, je ne m'embarque jamais sans une certaine appréhension; je n'aime point l'Océan, il me fait peur. Je suis peut-être moins poëte qu'homme de mer, et, dès l'instant du départ, je ne rêve qu'au jour de l'arrivée. Voyez à quoi peut tenir une question d'art? En mer, j'ai le cœur sensible, un autre ne l'a point; il admire tout, rien n'est beau pour moi; je suis malade, il est bien portant.
Je ne dirai rien d'un séjour de huit mois aux États-Unis: c'est pourtant un beau voyage que celui qui vous montre New-York et Boston, le Saint-Laurent, ses chutes et ses rapides, les grands lacs, le Niagara, les plaines de l'Ouest et le parcours prodigieux du Mississipi. Je réserve à ces belles choses une étude à part, et j'arrive à Vera-Cruz, où nous abordâmes à la fin de novembre.
On donne généralement à Vera-Cruz une physionomie orientale; quelques coupoles assez basses pourraient seules rappeler le style des mosquées, mais il faudrait une bonne volonté singulière pour prêter à ses lourds clochers l'élégance des minarets. Quant à ces bouquets de verdure qui distinguent et réjouissent les villes d'Orient, on ne trouve à la porte de Mexico que cinq à six palmiers rabougris, seuls échantillons de l'espèce; encore n'existent-ils plus aujourd'hui.
Vu de la mer, l'aspect de Vera-Cruz est des moins flatteurs; c'est une ligne monotone de maisons basses, noircies par les pluies et par les vents du nord. Les bâtiments de la douane, d'un style moderne, et la porte monumentale qui les décore sont, en fait d'architecture, ce que la ville offre de plus remarquable.
Les églises sont pauvres, comparativement à la richesse qu'elles déploient dans toute la république; elles y sont mal suivies, et la population de Vera-Cruz ne brille point par sa piété. Essentiellement commerçante, entrepôt de toutes les marchandises qui montent à l'intérieur, Vera-Cruz est peuplée d'un grand nombre d'étrangers; les affaires lui font oublier l'Église; comme partout au monde, l'amour du lucre éloigne de Dieu.
Assise sur les sables de la mer, entourée de dunes arides et de lagunes croupissantes, Vera-Cruz est pour l'étranger le séjour le plus malsain de la république. La fièvre jaune y règne en permanence, et, quand un centre d'émigration lui fournit de nouveaux aliments, elle devient alors épidémique et d'une violence extrême.
En fait de port, Vera-Cruz n'a qu'un mauvais mouillage où les bâtiments de commerce ne sont point en sûreté; l'abri du fort СКАЧАТЬ