Les vrais mystères de Paris. Eugène François Vidocq
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Название: Les vrais mystères de Paris

Автор: Eugène François Vidocq

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066080952

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СКАЧАТЬ de l'appétit, en même temps qu'elle vous fera connaître une des plus agréables promenades des environs de Paris, un beau château et une superbe avenue.

      Salvador, le marquis et Roman prirent place dans le cabriolet qui se trouva assez grand pour les recevoir tous trois sans qu'ils éprouvassent trop de gêne. Salvador qui s'était placé au milieu, prit les rênes et l'on partit.

      Le cheval qui paraissait assez vigoureux pour fournir une course beaucoup plus longue que celle que l'on exigeait de lui, trottait à ravir, et l'espace qui sépare la rue Joubert du joli village de Bondy, fut franchi avec rapidité.

      Après avoir traversé ce village, les voyageurs, ainsi que cela avait été convenu, descendirent de voiture, et après avoir pris chacun un verre de genièvre chez l'aubergiste du Cheval rouge, auquel ils confièrent le cheval et le cabriolet, ils se mirent en route pour Villemomble.

      C'était par une belle matinée de juillet, le ciel était bleu et semé de petits nuages argentés, le soleil qui s'était levé radieux dorait la cime des arbres sur lesquels tremblotaient encore les perles étincelantes de la rosée du matin; les pinsons, les linots gazouillaient sous la feuillée en voltigeant de branche en branche, et chaque bouffée de vent apportait avec elle les senteurs parfumées des fleurs des champs.

      Lorsque l'on vient de quitter une ville aussi tumultueuse que Paris, l'aspect de la campagne quand elle est revêtue de sa belle parure et que tout semble sourire dans la nature, impressionne toujours vivement: on se sent plus léger qu'on ne l'était un instant auparavant, on hume l'air de toute la force de ses poumons, et l'on est tout disposé à croire que l'on vient de faire un nouveau bail avec la vie.

      Telle était la disposition d'esprit d'Alexis de Pourrières qui marchait devant Salvador et Roman, en fumant un cigare de la Havane.

      Il s'arrêta tout à coup.

      —Vraiment, dit-il, je vous suis obligé d'être venus me chercher ce matin, et surtout d'avoir insisté pour m'emmener; si je ne vous avais pas suivi, je serais encore dans mon lit, aussi malade qu'il est possible de l'être après une forte débauche, tandis que maintenant je suis gai, dispos, et tout prêt à trouver excellents les mets simples que notre compatriote va nous servir.

      —J'aimerais mieux être forcé de combattre seul dix gendarmes pour reconquérir ma liberté, dit Salvador à voix basse, que d'assassiner cet homme aussi lâchement que nous l'allons faire.

      —Des scrupules! lui répondit Roman sur le même ton; vraiment, le moment est bien choisi; as-tu donc oublié que nous n'avons plus d'argent, et qu'il faut absolument que nous nous tenions tranquilles pendant quelque temps si nous ne voulons pas retourner là-bas.

      —Notre position est embarrassante, c'est vrai; mais cet homme nous témoigne tant de confiance...

      —Eh! qui diable te prie de mettre la main à la pâte. Lorsque arrivera le moment d'agir, tu tourneras la tête, ce sera absolument comme si tu n'étais pas là.

      —De quoi parlez-vous donc, dit de Pourrières qui marchait toujours en avant.

      —Oh! de choses très-peu intéressantes, répondit Roman, de la pluie et du beau temps. Tu peux, si tu le veux, rester en arrière, continua-t-il en s'adressant à son compagnon, dans cinq minutes l'affaire sera faite.

      Ils étaient arrivés dans la partie la plus obscure et la moins fréquentée du parc.

      —Par ici, monsieur le marquis, dit Roman à de Pourrières qui avait traversé la route pour courir après un papillon dont les ailes diaprées étincelaient au soleil comme une mosaïque de pierres précieuses, par ici, en suivant ce sentier, nous arrivons un quart d'heure plus tôt à Villemomble.

      De Pourrières revint sur ses pas, et Roman le laissa passer le premier dans l'étroit sentier qu'il lui désignait.

      —J'ai une faim de diable, dit-il après avoir fait quelques pas.

      Roman avait promené ses regards autour de lui. Tout était calme, le ciel était serein; la fauvette et le chardonneret chantaient leurs amours sous le feuillage des vieux chênes.

      Sa main caressait, dans une des poches de son paletot, un instrument de mort de dix à onze pouces de long, formé de cinq à six brins de baleine réunies ensemble, et terminé aux extrémités par deux boules de plomb de la grosseur d'un œuf, pesant chacune une livre et recouvertes ainsi que la branche qui les unissait l'une à l'autre par un tissu de cuir tressé avec art.

      Il s'était rapproché du marquis.

      —Va déjeuner chez Satan, dit-il.

      De Pourrières tomba comme s'il avait été frappé de la foudre.

      A ce moment, le cri d'un oiseau de proie, qui fendait les airs pour s'abattre sur deux innocents ramiers, retentit aux oreilles de l'assassin; et par un de ces changements de temps si communs pendant les jours caniculaires, le ciel devint sombre et gris, l'éclair sillonna la nue, le tonnerre gronda dans le lointain, et une pluie battante et continue eut bientôt changé en une scène de désolation le paysage, il n'y a qu'un instant si riant et si animé.

      Salvador s'était rapproché de Roman et regardait avec des yeux effrayés le cadavre du marquis de Pourrières étendu sur le sol.

      —Cet orage si subit ne nous présage rien de bon, dit-il après quelques minutes de silence.

      —Cet orage est au contraire un événement très-heureux pour nous, répondit Roman qui avait repris tout son sang-froid; il nous donne la certitude que nous ne serons pas interrompus; mais hâtons-nous, il ne nous reste pas trop de temps pour tout ce que nous avons à faire.

      Roman tira de dessous un amas de branches mortes et de feuilles sèches amoncelées au pied d'un vieil orme, une de ces grosses cruches de grès, auxquelles on a donné le nom de dame-jeanne; et lorsque Salvador eut pris le portefeuille et tout ce qui se trouvait dans les poches du marquis de Pourrières, il en vida le contenu sur le cadavre, en ayant soin d'en bien imbiber tous les vêtements.

      —C'est de l'essence de térébenthine, dit-il. Cinq minutes après que nous y aurons mis le feu, il ne restera plus de ce cadavre que des lambeaux informes, auxquels il sera impossible de donner un nom.

      Que l'on ne nous accuse pas de broyer du noir dans le seul but d'effrayer nos lecteurs; nous l'avons déjà dit et nous le répétons, la plupart des événements que nous rapportons dans ce livre sont vrais, rigoureusement vrais, et si nous n'avions pas la crainte d'augmenter les notes déjà si nombreuses de notre ouvrage, nous pourrions presque toujours citer une autorité à l'appui de ce que nous avançons[225].

      Salvador et Roman, après que ce dernier eut mis le feu au tas de ramées qu'il avait réunies autour et au-dessus du cadavre se hâtèrent de quitter le théâtre du crime qu'ils venaient de commettre et regagnèrent à pas pressés l'auberge de Bondy dans laquelle ils avaient laissé leur voiture.

      Salvador était toujours extrêmement pâle, Roman le laissa sur le seuil de l'auberge et alla seul reprendre le cabriolet auquel, suivant l'ordre qu'il avait donné, le cheval était encore attelé.

      —Vous avez été surpris par l'orage, et cela a dérangé votre promenade, lui dit l'hôtelier du Cheval rouge.

      —C'est un malheur dont nous nous consolerons facilement, répondit Roman.—Il avait СКАЧАТЬ