Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ ; mais je n’en suis pas moins prête à entendre votre justification, à croire encore qu’elle dépend de vous. Peut-être qu’on m’a calomniée auprès de vous ; je ne croyais pas avoir d’ennemis, ni que Willoughby pût ajouter foi à des rapports contre moi ; mais comment puis-je expliquer autrement votre inconcevable froideur ? Dites-moi ce que c’est avec cette franchise dont vous faites profession et que j’aimais tant à trouver en vous ; dites-le moi, et j’aurai la satisfaction inexprimable de vous rassurer sur tous les points. Je serais bien malheureuse en vérité, si j’étais forcée de penser mal de vous, d’apprendre que vous n’êtes pas ce que j’ai cru, que vous n’avez pas été sincère dans vos expressions d’attachement pour ma famille, et pour moi particulièrement ; mais s’il en était ainsi, je veux aussi le savoir. Je suis actuellement dans un état d’indécision et de trouble plus affreux mille fois que la certitude du malheur. Je désire bien vivement que vous puissiez vous justifier ; mais ce que je demande, c’est la vérité. Si elle vous coûte trop à dire, renvoyez-moi seulement mes billets et la boucle de cheveux que vous avez emportée ; je vous comprendrai et… Ah ! Willoughby, il est impossible que vous ne vouliez plus être l’ami de M. D. »

      CHAPITRE XXX.

       Table des matières

      Elinor avait tremblé de lire ces lettres, elle s’attendait qu’elles étaient écrites avec tout le feu de la passion qui dévorait sa pauvre sœur, et qu’elle trouverait peut-être dans l’excès de cette passion la cause si ce n’est l’excuse de la conduite de Willoughby. Les hommes trop souvent incapables de ressentir la passion qu’ils inspirent en sont ennuyés lorsque le goût léger qui les a entraînés n’existe plus. Mais ces lettres si simples, si tendres, si pleines d’affection et d’une confiance illimitée et celle de Willoughby si dure, si glacée, si insultante, redoublèrent sa tendre pitié pour sa sœur ; mais cependant elle n’en blâmait pas moins son imprudence d’avoir donné de telles preuves de tendresse à un homme qui ne les demandait pas, qui lui avait à peine prononcé le mot d’amour, et qui leur était connu depuis si peu de temps. Sir Georges leur avait fait l’éloge de ses talens pour la chasse, pour la danse, mais n’avait pas dit un mot de son caractère. Lui-même il est vrai s’était annoncé d’une manière aimable : mais tout jeune homme qui veut plaire, et qui en a les moyens, s’annonce de même ; et bien certainement du moins, il avait voulu plaire à Maria, et n’avait pu se faire illusion sur la nature du sentiment qu’il lui inspirait, et qu’il avait si bien l’air de partager que la prudente Elinor même y avait été trompée, et que la crédulité de la vive et sensible Maria était bien excusable. Son seul tort était de s’être trop livrée à son sentiment et à ses espérances ; et certes elle en était trop punie pour pouvoir le lui reprocher.

      Lorsque Maria vit que sa sœur avait fini sa lecture et réfléchissait en silence, elle lui fit observer que ses lettres ne contenaient rien que toute autre qu’elle n’eût écrit dans la même situation : je me regardais, dit-elle, comme étant aussi solennellement engagée avec lui, que si un contrat légal nous eût liés. Cette sympathie qui nous avait entraînés l’un vers l’autre au premier instant, ce rapport de nos goûts, de nos caractères : tout enfin me paraissait la voix du ciel qui nous avait destinés l’un à l’autre.

      — Malheureusement, dit Elinor, il ne voyait ni ne sentait de même.

      — Oui, Elinor, pendant tout le temps qu’il a passé près de nous il voyait, il sentait comme moi j’en suis aussi sûre que de mon propre cœur. Sans doute le sien a changé, mais ce n’est pas sa faute ; l’art le plus diabolique a été employé pour le détacher de moi. Quand il me quitta je lui étais aussi chère que mon cœur pouvait le désirer, et qu’il m’était cher à moi-même ! Cette boucle de cheveux qu’il m’a renvoyée si vîte à ma première demande, par combien d’instances réitérées ne l’avait-il pas obtenue ? Si vous aviez vu son regard, si vous aviez entendu le son de sa voix lorsqu’il me suppliait de la lui laisser couper ; et la dernière soirée de la Chaumière, l’avez-vous oubliée, Elinor ? et le matin quand il vint prendre congé de moi, son désespoir, ses larmes ! Les hommes peuvent-ils pleurer à volonté ? Les larmes, cette espèce de soulagement que la nature accorde aux femmes, ne sont-elles pas chez eux la preuve d’un cœur vraiment touché ? Oh ! si vous aviez vu son affliction à la seule pensée de se séparer de moi pour quelques semaines ! Non jamais, jamais je ne puis l’oublier !

      Elle fut quelques instans sans pouvoir parler ; mais quand son émotion fut un peu calmée, elle ajouta avec fermeté : Elinor, on m’a traitée cruellement ; mais ce n’est pas Willoughby.

      — Chère Maria, quel autre que lui faut-il en accuser ? Par qui peut-il avoir été influencé ?

      — Par tout le monde, plutôt que par son propre cœur. Je croirais plutôt que tous ceux que je connais se sont ligués contre moi, que de le croire coupable d’une telle cruauté. Cette femme de qui il parle peut être… ou tout autre, je n’excepte que vous, maman, Emma et Edward, tous, tous les autres peuvent m’avoir calomniée. Excepté vous quatre, il n’existe personne que je ne puisse soupçonner, plutôt que Willoughby dont le cœur m’est si bien connu, On s’est vengé sans doute de ce que je préférais la société de l’homme du monde le plus aimable, à la sottise, à l’insipidité, au manque total de goût et d’esprit. Je me suis fait des ennemis par la franchise de mon caractère qui ne peut se plier ni à dissimuler, ni à flatter.

      Elinor ne voulut pas dans ce moment disputer avec elle ; elle lui dit seulement : Chère Maria, si vous croyez avoir des ennemis assez méchans, assez détestables pour vous nuire par des calomnies, laissez leurs torts retomber sur eux-mêmes, et que le sentiment de votre innocence et de vos bonnes intentions relève votre âme ; ne leur donnez pas l’indigne triomphe de vous avoir rendue aussi malheureuse. C’est un louable et raisonnable orgueil que celui qui nous donne le sentiment de notre propre dignité et qui nous élève au-dessus de la méchanceté et de la malveillance.

      — Non, non, s’écria Maria, un malheur tel que le mien ne laisse aucun orgueil ; il m’est égal que tout le monde sache combien je souffre. Que m’importe leur triomphe ? il ne peut rien ajouter à ma misère. Elinor, Elinor, il est bien faible le chagrin qui peut s’adoucir par la fierté, qui peut s’élever au-dessus de l’insulte et de la mortification ; il peut alors s’effacer entièrement, tandis que le mien ne s’effacera jamais ; je ne puis le surmonter. On peut jouir du mal qu’on m’a fait tant qu’on voudra, sans l’augmenter ni l’affaiblir. Je n’ai plus aucun sentiment de fierté ; je n’ai, je ne puis avoir que celui de mon malheur.

      — Mais pour l’amour de ma mère, pour le mien, Maria, ne pouvez-vous rien sur vous-même ?

      — Ah ! pour vous deux je voudrais faire tout ce qui dépendrait de moi ; mais paraître heureuse quand je suis au désespoir, ah ! qui pourrait l’exiger.

      Elles restèrent quelque temps en silence. Elinor, se promenait du feu à la fenêtre et de la fenêtre au feu, les bras croisés, les yeux baissés, absorbée dans ses pensées, sans sentir la chaleur du feu et sans rien voir au travers des vitres. Maria assise sur le pied de son lit, sa tête appuyée contre une des colonnes, tenant dans ses mains la lettre de Willoughby, la relisant phrase par phrase, s’écria enfin tout-à-coup : Ah ! c’est trop, c’est trop cruel ! Ah ! Willoughby, Willoughby, est-ce bien vous qui m’écrivez ainsi ? Ne fais-je pas un songe affreux ? Non rien, rien ne peut vous justifier ; non rien, Elinor, quoiqu’on ait pu lui dire contre moi. Ne devait-il pas suspendre son jugement ? Envoie-t-on un criminel au supplice sans l’entendre ? Ne devait-il pas me le dire quand je le lui demandais instamment, et me donner le pouvoir de me justifier. (Elle reprit la lettre.) Cette boucle de cheveux que vous m’aviez donnée СКАЧАТЬ