Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ tête violent, des crispations d’estomac, et plusieurs faiblesses alarmèrent Elinor. Elle eut recours à tout ce qu’elle put imaginer pour la remettre et la ranimer, elle y parvint avec peine. Maria reprit ses sens, et put lui témoigner combien elle était touchée de sa bonté. Pauvre Elinor, lui dit-elle, combien je vous rends malheureuse, combien de peine je vous donne !

      — Je voudrais seulement, lui répondit Elinor, savoir comment je pourrais vous donner quelques consolations.

      Ce mot était trop pour Maria ; mais quelle que chose qu’Elinor eût pu lui dire il en eût été de même. Ah ! non, non, dit-elle, plus de consolation pour moi ! je suis trop malheureuse ! et sa voix s’éteignit de nouveau dans les sanglots et les larmes. Elinor ne pouvait presque plus supporter de la voir dans cet état.

      — Tâchez de vous calmer, chère Maria, lui dit-elle, si vous ne voulez pas vous tuer vous-même et tous ceux qui vous aiment. Pensez à votre mère, pensez combien vos souffrances l’affligeraient. Pour elle vous trouverez des forces dans votre cœur.

      — Je ne le puis, je ne le puis, s’écria Maria ; laissez-moi, si je vous tourmente, laissez-moi, haïssez moi, abandonnez-moi, mais ne me torturez pas en exigeant l’impossible. Oh ! combien il est facile à ceux qui n’ont aucune peine personnelle de parler de force et de courage. Heureuse ! mille fois heureuse Elinor ! vous ne pouvez avoir aucune idée de ce que je souffre.

      — Vous me nommez heureuse, Maria, ah ! si vous saviez…

      Maria la regarda avec un tel effroi, qu’elle se hâta d’ajouter. — Si vous saviez combien je sens votre douleur ! Pouvez-vous me croire heureuse quand je vous vois aussi souffrante !

      — Pardonnez-moi, oh ! pardonnez-moi, lui dit Maria en jetant ses bras autour du cou de sa sœur ; je connais votre cœur, je sais qu’il souffre pour moi, mais je voulais dire que vous seriez sûrement heureuse une fois. Edward vous aime, il n’a jamais aimé que vous seule au monde. Ah ! qu’est-ce qu’un tel bonheur ne peut pas compenser, et rien ne peut vous l’ôter.

      — Rien, Maria ! Mille, mille circonstances peuvent le détruire à jamais.

      — Non, non, non, s’écria Maria avec véhémence, il vous aime, vous serez à lui pour la vie ; le malheur ne peut vous atteindre.

      — Le malheur, chère Maria, va presque toujours à la suite de la vie ; et je ne puis avoir aucun plaisir tant que je vous verrai dans cet état.

      — Et jamais vous ne me verrez autrement ; mon malheur durera autant que moi. Oh ! puissions-nous bientôt finir ensemble !

      — Vous ne devez pas parler ainsi, Maria. N’avez-vous donc point d’amis ? L’amour est-il tout pour vous ? Est-ce que vous ne voyez autour de vous nulle consolation ? Pensez, Maria, que vous auriez souffert mille fois plus encore si vous aviez quelque chose à vous reprocher de vraiment repréhensible, si seulement cet homme faux et cruel s’était amusé à prolonger votre erreur, à ne dévoiler son odieux caractère qu’après vous avoir entraînée dans une suite d’imprudences. Chaque jour de confiance en sa foi, en son honneur, augmentait le danger, et aurait rendu le coup plus cruel, lorsqu’il aurait enfin, comme aujourd’hui, rompu ses engagemens, et trahi ses sermens et sa foi.

      — Ses sermens, ses engagemens, dit Maria, que voulez-vous dire, Elinor ? il ne m’a point fait de serment, il n’y avait entre nous nul engagement.

      — Bon Dieu ! nul engagement s’écria Elinor.

      — Non, non, s’écria aussi Maria, il n’est pas aussi indigne, aussi méprisable que vous paraissez le croire ; il n’a du moins trahi nul serment ; il n’a pas manqué de foi. Et au milieu de sa douleur une expression de joie brilla dans ses yeux, en pouvant justifier celui qu’elle adorait encore.

      — Mais du moins il vous a dit qu’il vous aimait.

      — Oui… non… jamais entièrement. Vous l’avez vu, vous l’avez entendu. Jamais il ne m’a parlé plus clairement, plus positivement en particulier que devant vous et ma mère. Tout dans sa conduite me le prouvait ; mais sa bouche ne me l’a pas prononcé. C’est moi, moi seule qui me suis trompée ; et jamais il ne m’a aimée ! Un nouveau déluge de larmes suivit cette déchirante pensée.

      — Cependant vous lui aviez écrit ; vous saviez par lui sans doute que vous le trouveriez à Londres ?

      — Il me dit en me quittant qu’il y serait, s’il vivait encore, dans les premiers jours de janvier. Ah ! pouvais-je croire, pouvais-je penser que celui qui supposait que la douleur de se séparer de moi pouvait le faire mourir, ne m’avait jamais aimée ! Il me dit qu’il ne m’écrirait pas de peur que sir Georges ne vît ses lettres, mais il me donna son adresse. Je n’ai pas osé lui écrire de la Chaumière, puisque nos lettres partaient du Parc, mais je lui écrivis d’ici à l’instant de mon arrivée. Oh ! Elinor, pouvais-je faire autrement ? Les voilà mes lettres, méprisées, ah Dieu, Dieu ! elle cacha encore son visage sur le coussin. Elinor prit les trois lettres, et lut ce qui suit.

      Berkeley-Stréet, janvier.

      « Comme vous allez être surpris, mon cher Willoughby ! et laissez-moi me flatter que ce n’est pas seulement de la surprise que vous éprouverez, en apprenant que je suis à Londres. Une invitation de la bonne madame Jennings était un bonheur auquel je n’ai pas pu résister, non plus qu’à vous l’apprendre à l’instant même de mon arrivée. Je suis bien sûre que si mon billet vous parvient à temps, vous viendrez dès ce soir et que vous partagerez mon impatience ; du moins je vous verrai bien sûrement demain ; et croyez qu’à Londres comme à la Chaumière vous trouverez toujours une fidèle et tendre amie. »

      M. D.

      Son second billet avait été écrit le lendemain du petit bal des Middleton, et contenait ce qui suit :

      « Je ne puis vous exprimer mon chagrin de vous avoir manqué avant hier, lorsque j’ai trouvé votre carte au retour d’une promenade ; mais enfin vous êtes à la ville et vous savez où je suis. Mais pourquoi n’ai-je pas reçu un seul mot de vous en réponse au billet que je vous ai écrit il y a huit jours, au moment de mon arrivée ? D’une heure à l’autre, d’un instant à l’autre, j’espérais vous voir entrer ou du moins avoir une lettre. Je vous en conjure Willougbby, ne prolongez pas ce supplice ; revenez le plutôt qu’il vous sera possible ; venez m’expliquer ce que je ne puis comprendre. Venez plus matin ; madame Jennings sort toujours à une heure, et je n’ose lui refuser de l’accompagner, quoique je l’aie déjà fait dans un vain espoir. Ce même espoir toujours trompé, m’avait engagee d’aller hier chez lady Middleton, où nous eûmes un petit bal. On m’assure que vous y étiez invité ; mais je ne puis le croire, puisque vous n’y êtes pas venu. Il faudrait que vous fussiez étrangement changé depuis notre séparation, si vous refusiez volontairement l’occasion de revoir vos amies de la Chaumière ; mais je ne veux pas même le supposer, et j’espère que je recevrai bientôt de votre bouche l’assurance que vous êtes toujours le même pour votre M. D. »

      La troisième datée de ce matin même était ainsi conçue :

      « Que dois-je penser Willoughby ? À quoi dois-je attribuer votre étrange conduite d’hier au soir ? Je vous en demande encore l’explication. J’étais préparée à vous revoir avec tant de plaisir après une absence qui m’avait paru si longue, à vous retrouver tel que vous étiez au moment de notre séparation, aimable, tendre, affectionné, enfin ce que vous étiez à Barton du matin au soir, et ce que vous n’êtes plus à Londres. Quelques semaines peuvent-elles avoir changé à ce point vos sentimens ? СКАЧАТЬ