Название: Une Cour de Voleurs
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Un Trône pour des Sœurs
isbn: 9781640292949
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Kate l'entendit et, pendant un moment, elle entendit tous les autres sons qui l'entouraient dans la forêt. Elle entendit le bruissement des feuilles alors que de petits insectes bougeaient sous elles, le gazouillis des oiseaux là-haut dans les branches. Elle entendit le son sourd produit par des pieds minuscules qui frappaient le sol et sut à quel endroit un lièvre allait apparaître avant qu'il ne devienne effectivement visible. Au premier abord, elle trouva que cette abondance de sons la désorientait. Kate fut forcée de se mettre les mains sur les oreilles pour arrêter d'entendre l'eau qui gouttait des feuilles et le mouvement des insectes sur l'écorce. Elle y mit un frein comme elle avait appris à le faire avec son talent d'écoute des pensées.
Kate retourna à l'endroit où se dressait la fontaine en ruines. Siobhan y était et souriait avec ce qui semblait être un soupçon de fierté.
“Que m'arrive-t-il ?” demanda Kate.
“Seulement ce que tu as demandé”, dit Siobhan. “Tu voulais avoir la force de vaincre tes ennemis.”
“Mais tout ça …”, commença Kate. En vérité, elle n'avait jamais cru qu'il pourrait lui arriver tant de choses.
“La magie peut prendre beaucoup de formes”, dit Siobhan. “Tu ne maudiras pas tes ennemis. Tu ne les espionneras pas de loin. Tu ne feras pas tomber la foudre, tu n'invoqueras pas les esprits des morts en souffrance. Ces moyens-là sont pour d'autres que toi.”
Kate leva un sourcil. “Tout cela est-il même possible ?”
Elle vit Siobhan hausser les épaules. “Peu importe. Maintenant, la force de la fontaine coule en toi. Tu seras plus rapide et plus forte. Tes sens seront plus fins. Tu verras des choses que la plupart des gens ne peuvent pas voir. Ajoute cela à tes propres talents et tu seras redoutable. Je t'apprendrai à frapper tes ennemis au combat ou par la ruse. Je ferai de toi une tueuse.”
Kate avait toujours voulu être forte mais, malgré cela, elle se sentait un peu effrayée par tout cela. Siobhan lui avait déjà dit qu'il y aurait un prix à payer pour tout ça et, plus ce que Kate obtenait comme pouvoirs était impressionnant, plus elle soupçonnait que le prix serait élevé. Elle repensa à ce qu'elle avait rêvé et espéra que ce n'était pas un avertissement.
“J'ai vu quelque chose”, dit Kate. “Je l'ai rêvé mais ça n'avait pas l'air d'être un rêve.”
“Quelle impression cela te donnait-il ?” demanda Siobhan.
Kate allait dire qu'elle ne savait pas mais elle aperçut l'expression de Siobhan et changea d'avis. “On aurait dit que c'était la vérité. Cela dit, j’espère que ça ne l'était pas. Dans mon rêve, Ashton était en train de se faire détruire. La ville était en feu et les gens se faisaient massacrer.”
Elle s'attendait à moitié à ce que Siobhan se moque d'elle pour avoir osé mentionner cette broutille ou elle l'espérait peut-être. En fait, Siobhan hocha la tête d'un air pensif.
“J'aurais dû m'y attendre”, dit la femme. “Les choses évoluent plus vite que je ne l'avais prévu mais, même moi, je ne peux rien contre le temps, ou, du moins, pas de façon permanente.”
“Vous savez ce qui se passe ?” demanda Kate.
En entendant la question de Kate, la sorcière sourit de façon énigmatique. “Disons simplement que j'avais prévu certains événements”, répondit Siobhan. “Il y a des choses que j'ai anticipées et des choses qu'il n'y a que peu de temps pour faire.”
“Et vous n'allez pas me dire ce qui se passe, n'est-ce pas ?” dit Kate. Elle essaya de cacher sa frustration en se concentrant sur tout ce qu'elle avait gagné. Elle était plus forte, maintenant, et plus rapide : était-il si grave de ne pas tout savoir ? En fait, oui.
“Tu apprends déjà”, répondit Siobhan. “Je savais que je n'avais pas fait d'erreur en te choisissant comme apprentie.”
En la choisissant ? C'était Kate qui était partie à la recherche de la fontaine, pas une seule fois mais deux. C'était elle qui avait demandé à être forte et qui avait décidé d'accepter les conditions de Siobhan. Elle n'allait pas laisser l'autre femme la persuader que cela s'était passé autrement.
“C'est moi qui suis venue ici”, dit Kate. “C'est moi qui ai choisi.”
Siobhan haussa les épaules. “Effectivement. Et maintenant, il est temps que tu te mettes à apprendre.”
Kate regarda autour d'elle. Ce n'était pas une bibliothèque comme celle qu'il y avait en ville. Ce n'était pas un champ d'entraînement avec des maîtres d'armes comme celui où le régiment de Will l'avait humiliée. Que pouvait-elle apprendre ici, dans cet endroit sauvage ?
Malgré cela, elle se prépara, se tint devant Siobhan et attendit. “Je suis prête. Que dois-je faire ?”
Siobhan pencha la tête d'un côté. “Attends.”
Elle alla vers un lieu où un petit feu avait été aménagé dans une fosse, prêt à être allumé. Sans se soucier d'utiliser du silex et de l'acier, Siobhan jeta du feu dans la fosse puis murmura des mots que Kate ne comprit pas quand de la fumée s'en éleva.
La fumée commença à se tortiller et à se contorsionner, à prendre des formes à mesure que Siobhan la dirigeait comme un chef d'orchestre aurait pu diriger des musiciens. La fumée se fondit en une seule forme qui était vaguement humaine et se dissipa finalement, laissant apparaître une chose qui ressemblait à un guerrier venu d'une époque lointaine. Il tenait une épée qui avait l'air dangereusement tranchante.
En fait, elle était si tranchante que Kate n'eut même pas le temps de réagir quand il lui en transperça le cœur.
CHAPITRE TROIS
Elles laissèrent Sophia pendue sur place toute la nuit, seulement retenue au poteau de punition par les cordes avec lesquelles elles l'y avaient attachée. Cette immobilité totale était presque aussi douloureuse que son dos ravagé, car ses membres brûlaient de ne pas pouvoir bouger. Elle ne pouvait rien faire pour soulager la douleur que les coups lui avaient infligée ou la honte de se retrouver abandonnée dehors, sous la pluie, comme une sorte d'avertissement destiné aux autres orphelins du lieu.
Alors, Sophia les détesta avec la sorte de haine que Kate avait trop aimée en dépit des reproches de sa grande sœur. Elle voulait les regarder mourir et ce désir était lui aussi une sorte de douleur parce que Sophia ne serait jamais en position de le concrétiser. Pour l'instant, elle ne pouvait même pas se libérer.
Elle ne pouvait pas non plus dormir. La douleur et sa position inadaptée l'en empêchaient. C'était tout juste si Sophia parvenait à entrer dans une sorte de transe où elle rêvait à moitié et où le СКАЧАТЬ