Название: Une Cour de Voleurs
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Un Trône pour des Sœurs
isbn: 9781640292949
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Je t'en supplie, Kate, dit-elle par télépathie, je t'en supplie !
Une fois de plus, elle eut la sensation que ses paroles se perdaient dans l'air sans obtenir de réponse. Est-ce que sa sœur les avait entendues ? C'était impossible à savoir en l'absence de réponse. Sophia ne pouvait que rester pendue là, l'appeler et espérer.
D'abord, Sophia essaya de ne pas crier ne serait-ce que pour priver la sœur O’Venn de ce qu'elle voulait vraiment mais, en vérité, quand une douleur brûlante comme le feu lui enflamma le dos, elle ne put plus se retenir. Sophia hurla à chaque impact jusqu'à avoir l'impression d'avoir été complètement vidée.
Quand les sœurs lui retirèrent finalement la cheville de la bouche, Sophia remarqua qu'elle saignait de là aussi.
“Est-ce que tu te repens maintenant, mauvaise fille ?” demanda la sœur masquée.
Sophia l'aurait tuée si elle avait eu ne serait-ce qu'un moment pour le faire, se serait enfuie mille fois si elle avait pensé avoir une chance de fuir. Malgré cela, elle força son corps secoué de sanglots à hocher de la tête en espérant qu'elle saurait avoir l'air assez repentante.
“Je vous en prie”, supplia-t-elle. “Je suis désolée. Je n'aurais pas dû m'enfuir.”
Alors, la sœur O’Venn s'approcha assez près pour se moquer d'elle. Sophia vit sa colère et aussi son appétit pour la violence.
“Tu t'imagines que je ne vois pas quand une fille me ment ?” demanda-t-elle. “Dès le jour où tu es arrivée ici, j'aurais dû savoir que tu étais méchante, vu l'endroit d'où tu venais. Cela dit, je vais te rendre vraiment pénitente. S'il le faut, je te battrai jusqu'à faire disparaître la méchanceté qui est en toi !”
Elle se tourna vers les autres enfants et Sophia détestait l'idée qu'ils soient encore en train de regarder, immobiles comme des statues, figés par la peur. Pourquoi ne l'aidaient-ils pas ? Au moins, ils auraient pu reculer, horrifiés, s'enfuir de la Maison des Oubliés pour s'éloigner autant que possible des horreurs qu'on y perpétrait. Ils ne faisaient qu'être là, immobiles, pendant que la sœur O’Venn paradait devant eux, le fouet sanglant en main.
“Vous êtes venus ici parce que vous n'étiez rien, la preuve du péché d'un autre ou les déchets du monde !” cria la sœur masquée. “Quand vous sortez d'ici, vous êtes des garçons et des filles prêts à servir le monde comme on vous le demande. Celle-ci a cherché à s'enfuir avant d'avoir son contrat. Ici, elle a profité de plusieurs années de sécurité et d'instruction puis elle a essayé de s'enfuir pour ne pas en payer le prix !”
En fait, le prix à payer par les orphelins était le reste de leur vie, qu'ils passaient liés par contrat synallagmatique à ceux qui pouvaient se permettre de rembourser leur éducation. En théorie, les orphelins pouvaient rembourser cette somme mais combien le faisaient et quelles souffrances devaient-ils endurer pendant les années que ça leur prenait ?
“Cette fille aurait dû être liée par contrat synallagmatique il y a plusieurs jours !” dit la sœur masquée en montrant Sophia du doigt. “Eh bien, demain, elle le sera. Elle sera vendue comme la misérable ingrate qu'elle est. Dorénavant, les beaux jours seront finis pour elle. Il n'y aura pas d'hommes bons qui veulent acheter une femme ou de nobles qui recherchent une domestique.”
En ce lieu, c'était ce qui passait pour une bonne vie, pour une vie facile. Sophia détestait ce fait presque autant qu'elle détestait les gens de ce lieu. Elle détestait aussi l'idée de ce qui risquerait de lui arriver. Elle avait été sur le point de devenir l'épouse d'un prince et, maintenant …
“Les seuls qui voudront une créature aussi méchante qu'elle”, dit la sœur O’Venn, “sont des hommes cruels aux intentions encore plus cruelles. Cette fille est responsable de son sort et, maintenant, elle ira où elle devra aller.”
“Où vous choisirez de m'envoyer !” répliqua Sophia parce qu'elle venait de voir dans les pensées de la sœur masquée qu'elle avait convoqué les pires hommes qu'elle connaisse. Rien qu'être capable de voir ce genre de chose constituait une sorte de tourment. Sophia regarda encore chacune des sœurs masquées, essayant de percer leur voile du regard pour atteindre les femmes qui se trouvaient derrière.
“Si je vais être emmenée par des gens comme ceux-là, c'est seulement parce que vous choisissez de m'envoyer chez eux. Vous choisissez de nous lier par contrat. Vous nous vendez comme si nous n'étions rien !”
“Tu n'es rien”, dit la sœur O’Venn en remettant la cheville dans la bouche de Sophia.
Sophia la fusilla du regard et elle lut dans ses pensées pour essayer de trouver une trace d'humanité quelque part à l'intérieur. Elle n'y trouva rien que de la cruauté déguisée en fermeté nécessaire et du mal se faisant passer comme du devoir, sans aucune croyance véritable derrière. La sœur O’Venn aimait simplement faire souffrir les faibles.
Alors, elle fit souffrir Sophia et Sophia ne put que crier.
Elle se jeta contre les cordes, essaya de se dégager ou au moins de trouver un tout petit peu d'espace dans lequel elle puisse échapper au fouet qui la déchirait pour lui arracher sa pénitence. Cependant, elle ne pouvait rien faire mis à part crier, supplier sans mots en mordant le bois pendant que ses pouvoirs envoyaient ses cris par télépathie en espérant que sa sœur les entendrait quelque part à Ashton.
Il n'y eut aucune réponse hormis le sifflement constant du cuir tressé dans l'air et son choc contre son dos ensanglanté. La sœur masquée la battait avec une force en apparence inépuisable. Il vint alors un moment où les jambes de Sophia ne purent plus la porter et où elle n'eut même plus la force de crier.
Quelque temps après cela, elle avait dû s'évanouir mais cela ne faisait aucune différence. A ce stade, même les cauchemars de Sophia étaient violents et lui rappelaient ses vieux rêves d'une maison en feu et des hommes qu'il avait fallu qu'elle sème. Quand elle reprit conscience, les sœurs avaient fini et les autres étaient partis depuis longtemps.
Encore attachée, Sophia pleura pendant que la pluie essuyait le sang que sa torture avait fait couler. Il aurait été facile de s'imaginer que cela ne pourrait jamais être pire, mais si.
Cela pouvait devenir bien pire.
Et demain, cela le serait.
CHAPITRE DEUX
Kate se tenait au-dessus d'Ashton et la regardait brûler. Elle avait cru qu'elle serait heureuse de la voir disparaître mais ce n'était pas seulement la Maison des Oubliés ou les espaces où les travailleurs des quais gardaient leurs barges.
C'était la totalité de la ville.
Le bois et le chaume brûlaient et Kate sentait la terreur des gens qui se trouvaient dans le grand cercle de maisons. Des coups de canon rugissaient par-dessus les hurlements des mourants et Kate voyait des séries de bâtiments tomber aussi facilement que s'ils étaient en papier. On entendait des tromblons et les flèches remplissaient si bien l'air qu'il était difficile de voir le ciel qui s'étendait au-delà. Elles s'abattaient et Kate les traversait avec le calme étrange et détaché que l'on ne peut ressentir que lorsqu'on rêve.
Non, ce n'était pas un rêve. C'était СКАЧАТЬ