Rebelle, Pion, Roi . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Rebelle, Pion, Roi - Морган Райс страница 8

СКАЧАТЬ de bitume étaient une des pires condamnations dispensées par l'Empire; l'endroit était si dangereux et si désagréable que ceux qu'on y envoyait survivaient rarement une année. C'était un lieu chaud et mortel où l'on voyait les os des dragons morts dépasser du sol. Là-bas, les gardes n'avaient pas peur de jeter dans le bitume les prisonniers malades ou ceux qui s'effondraient.

      Sartes essaya de se souvenir comment il en était arrivé là. Pour la rébellion, il avait recherché une porte par laquelle Ceres et les hommes de Lord West pourraient entrer dans la cité. Il l’avait trouvée. Sartes se souvenait de l'exultation qu'il avait alors ressentie, parce que tout avait été parfait. Il était reparti transmettre la nouvelle aux autres au pas de course.

      Il avait été sur le point d'y parvenir quand une silhouette vêtue d'un manteau s'était saisie de lui. Il avait été si près de réussir qu'il avait eu l'impression de pouvoir tendre le bras et toucher l'entrée de la cachette de la rébellion. Il avait eu l'impression d'être finalement en sécurité et ils l'avaient privé de cette sécurité.

      “Lady Stephania vous envoie le bonjour.”

      Ces mots résonnaient dans la mémoire de Sartes. Ils avaient été les derniers mots qu'il avait entendus avant qu'on l'assomme. Ils lui avaient dit en même temps qui l'avait capturé et qu'il avait échoué. Ils l’avaient laissé frôler la réussite et, à ce moment-là, ils l'en avaient privé.

      Ils avaient privé Ceres et les autres des informations que Sartes avait réussi à trouver. Il se mit à s'inquiéter pour sa sœur, pour son père, Anka et la rébellion, car il ne savait pas ce qui avait pu leur arriver sans la porte qu'il avait réussi à leur trouver. Allaient-ils pouvoir entrer dans la cité sans son aide ?

      Est-ce qu'ils avaient pu le faire, se corrigea Sartes, parce que, à présent, d'une façon ou d'une autre, les jeux étaient faits. Ils avaient dû trouver une autre porte, ou une autre façon d'entrer dans la cité, non ? Il le fallait bien, car que pouvaient-ils faire d'autre ?

      Sartes ne voulait pas y penser mais c'était impossible de l'éviter. L'autre possibilité, c'était qu'ils aient échoué. Dans le meilleur des cas, ils auraient pu se rendre compte qu'il était impossible d'entrer sans conquérir une porte et se retrouver piégés là pendant que l'armée avançait. Au pire … au pire, ils étaient peut-être déjà morts.

      Sartes secoua la tête. Il refusait d'y croire. Il ne pouvait pas y croire. Ceres trouverait un moyen de s'en sortir et de gagner. Anka avait autant de ressources que toutes les personnes qu'il avait croisées dans sa vie. Son père était fort et solide et les autres rebelles avaient la détermination que leur inspirait la justesse de leur cause. Ils trouveraient le moyen de vaincre.

      Sartes était obligé de se dire que ce qui lui arrivait serait tout aussi temporaire. Les rebelles allaient gagner, ce qui signifiait qu'ils captureraient Stephania et qu'elle leur dirait ce qu'elle avait fait. Ils viendraient le chercher, comme son père et Anka étaient venus quand il avait été coincé dans le camp de l'armée.

      Cependant, l'endroit où ils seraient forcés de venir le chercher était terrible. Alors que la charrette traversait le paysage avec moult cahots, Sartes regarda à l'extérieur et vit la plaine se couvrir de fosses et d'un environnement rocheux, de mares bouillonnantes pleines d'obscurité et de chaleur. Même de là où il était, il sentait l'odeur âcre et amère du bitume.

      Il y avait des gens qui travaillaient alignés. Sartes voyait les chaînes qui les attachaient deux par deux alors qu'ils récupéraient le bitume avec des seaux et le rassemblaient pour que d'autres puissent s'en servir. Il voyait les gardes qui les surveillaient le fouet à la main et, alors que Sartes regardait, un homme s'écroula sous la volée de coups qu'il recevait. Les gardes le détachèrent de ses chaînes et, d'un coup de pied, le firent tomber dans la fosse à bitume la plus proche. Le bitume mit longtemps à étouffer ses cris.

      Sartes voulut regarder ailleurs mais ne le put pas. Il ne pouvait se détourner d'une telle horreur, des cages qui, à l'air libre, étaient visiblement les logements des prisonniers, des gardes qui les traitaient comme s'ils n'étaient que des animaux.

      Il regarda jusqu'à ce que la charrette s'arrête et que les soldats l'ouvrent leur arme dans une main et les chaînes dans l'autre.

      “Dehors, les prisonniers”, cria l'un d'eux. “Dehors ou on met le feu à cette charrette avec vous à l'intérieur, racaille !”

      Sartes sortit dans la lumière avec les autres en traînant les pieds et il put alors voir toute l'horreur de la scène. Les fumées qui s'en dégageaient étaient presque insupportables. Les fosses de bitume qui les entouraient bouillonnaient de façon étrange et imprévisible. Alors même que Sartes regardait, une partie du sol près d'un des puits céda et s'effondra dans le bitume.

      “Ce sont les fosses de bitume”, annonça le soldat qui avait parlé. “Ne vous fatiguez pas à essayer de vous y habituer. Vous serez tous morts avant.”

      Le pire, soupçonna Sartes alors qu'ils lui fixaient une menotte à la cheville, était qu'ils avaient peut-être raison.

      CHAPITRE CINQ

      Thanos fit glisser son petit bateau vers le haut de la plage de schiste en évitant de regarder les menottes qui y avaient été scellées en dessous de la ligne des marées. Il remonta puis quitta la plage, se sentant exposé à chaque pas qu'il faisait sur la roche grise locale. Il était beaucoup trop facile d'être vu sur la plage et Thanos ne voulait surtout pas se faire repérer à un endroit comme celui-là.

      Il gravit un sentier et s'arrêta. Il ressentit un mélange de colère et de dégoût quand il vit ce qui se trouvait de chaque côté du sentier. A cet endroit, il y avait des engins, des gibets et des piques, des roues et des potences, tous visiblement prévus pour infliger une mort désagréable aux prisonniers de l'île. Thanos avait entendu parler de l'Île des Prisonniers mais, en dépit de cela, la cruauté de cet endroit lui donnait envie de le détruire.

      Il continua à monter par le sentier en pensant à ce que ressentaient ceux que l'on emmenait ici et qui, prisonniers de ces murs de roche, savaient que seule la mort les attendait. Est-ce que Ceres avait vraiment fini ici ? Rien qu'en l'imaginant, Thanos avait mal au ventre.

      Devant lui, Thanos entendit des cris de douleur, des cris de joie et des hurlements qui avaient l'air presque aussi animaux qu'humains. Il y avait quelque chose chez ce son qui le fit s'arrêter sur place : son corps lui disait de se préparer à la violence. Il remonta le sentier plus vite, en levant la tête par dessus les rochers qui lui bloquaient la vue.

      Ce qu'il vit au-delà des rochers le pétrifia. Un homme courait et ses pieds nus laissaient des traces ensanglantées sur le sol rocheux. Il portait des vêtements qui étaient déchirés et lacérés, avec une manche qui lui pendait à l'épaule. Une grande déchirure au dos montrait la blessure qui se trouvait en dessous. Il avait la barbe encore plus en bataille que les cheveux. Ses vêtements déchirés étaient en soie et c'était la seule chose qui indiquait qu'il n'avait pas vécu toute la vie en sauvage.

      L'homme qui le poursuivait avait l'air, si possible, encore plus sauvage, et il avait quelque chose qui faisait que Thanos avait l'impression d'être la proie d'un grand animal rien qu'en le regardant. Il portait un patchwork de vêtements en cuir qui semblaient avoir été volés à une dizaine de personnes différentes et avait le visage couvert de traits de boue qui formaient un dessin conçu, soupçonnait Thanos, pour lui permettre d'avancer caché dans la forêt. Il tenait un gourdin et un petit poignard et les cris de joie qu'il poussait en poursuivant l'autre homme faisaient se dresser les СКАЧАТЬ