Название: L'Agent Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro
isbn: 9781640299511
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Il y avait une photo d’elle sur l’une de ses étagères, prise au mariage d’un ami une décennie plus tôt. Quasiment tous les soirs, il retournait le cadre, sans quoi il pourrait passer la nuit entière à le regarder.
Comme le monde pouvait être incroyablement injuste. Avant, ils avaient tout : une jolie maison, des filles géniales, de belles carrières. Ils vivaient à McLean, en Virginie. Il travaillait en tant que professeur adjoint à l’université voisine George Washington. Il voyageait beaucoup pour son travail, entre les séminaires et les congrès, en tant que lecteur invité sur l’histoire de l’Europe dans des écoles du pays entier. Kate faisait partie du département restauration du Musée d’Art Américain Smithsonian. Leurs filles étaient épanouies. La vie était parfaite
Mais, comme Robert Frost l’a si bien dit, l’or n’est en rien éternel. Un après-midi d’hiver, Kate s’était évanouie au travail, du moins c’est ce qu’avaient cru ses collèges quand elle s’était sentie faible et qu’elle était tombée de sa chaise. Ils avaient appelé une ambulance, mais il était déjà trop tard. Son décès avait été constaté en arrivant à l’hôpital. Une embolie, avaient-ils dit. Un caillot sanguin avait atteint son cerveau, provoquant un accident vasculaire cérébral ischémique. Les médecins utilisent souvent des termes médicaux à peine compréhensibles dans leurs explications, comme si cela pourrait altérer le choc de la douleur.
Et le pire, c’était que Reid était en voyage quand cela s’était produit. Il était à un séminaire pour étudiants de premier cycle, à Houston au Texas, en train de faire des discours sur le Moyen Âge, quand il avait reçu le coup de fil.
C’est comme ça qu’il avait appris la mort de sa femme. Un coup de téléphone, juste devant la porte d’une salle de conférence. Puis était venu le vol de retour, les tentatives de consoler ses filles au beau milieu de sa propre douleur dévastatrice et, enfin, le déménagement à New York.
Il se leva de son fauteuil et retourna la photo. Il n’aimait pas penser à tout ça, à la fin et à l’après. Il voulait se rappeler d’elle ainsi, sur la photo, Kate dans toute sa splendeur. C’est pourquoi il avait choisi de se souvenir.
Il y avait autre chose, une chose dont il avait à peine conscience, une sorte de souvenir brumeux qui tentait de refaire surface alors qu’il regardait la photo. C’était presque comme une sensation de déjà vu, mais pas du moment présent. C’était comme si son subconscient essayait de lui dire quelque chose.
Il revint soudain à la réalité en entendant frapper à la porte. Reid resta interdit, se demandant bien qui cela pouvait être. Il était presque minuit et les filles étaient au lit depuis deux heures déjà. On frappa de nouveau. Craignant que les filles ne se réveillent, il se hâta d’aller répondre. Après tout, il vivait dans un quartier sûr et n’avait aucune raison d’avoir peur d’ouvrir la porte, qu’il soit minuit ou non.
Ce ne fut pas le cinglant vent d’hiver qui lui glaça le sang. Il observa avec surprise les trois hommes sur le pas de sa porte. Ils étaient certainement du Moyen Orient, chacun d’entre eux ayant la peau sombre, une barbe noire et des yeux à l’intensité profonde. Ils portaient des vestes noires épaisses et des bottes. Les deux hommes flanqués de chaque côté de la porte étaient grands et maigres. Derrière eux, le troisième était large d’épaules et massif, avec un air renfrogné qui semblait ne jamais le quitter.
“Reid Lawson,” prononça le grand homme de droite. “C’est bien vous ?” Son accent paraissait iranien, mais il était léger, suggérant que cela faisait déjà quelques temps qu’il était aux États-Unis.
Reid eut la gorge sèche en remarquant, par-dessus leurs épaules, une camionnette grise stationnée au bord du trottoir, phares éteints. “Hum, je suis navré,” leur dit-il. “Vous devez faire erreur.”
Sans quitter Reid des yeux, le grand homme de droite montra quelque chose à ses deux acolytes sur son téléphone mobile. L’homme de gauche, celui qui avait posé la question, acquiesça.
Tout à coup, l’homme massif fit un bond en avant étonnement rapide pour sa taille. Sa main charnue saisit Reid à la gorge. Reid pivota hors d’atteinte par pur réflexe, tituba en arrière et tomba presque à plat au sol. Il parvint à parer la chute de justesse, touchant le sol carrelé du bout des doigts.
Alors qu’il se redressait pour retrouver son équilibre, les trois hommes entrèrent dans la maison. Il paniqua en pensant à ses deux filles, endormies dans leurs lits, à l’étage.
Il se retourna et se mit à courir dans le couloir, déboulant dans la cuisine et contournant l’îlot central. En jetant un coup d’œil derrière lui, il vit les hommes à ses trousses. Téléphone portable, pensa-t-il, désespéré. Il était sur son bureau, à l’étage, et ses assaillants bloquaient le passage.
Il fallait qu’il les éloigne de la maison et de ses filles. À sa droite, se trouvait la porte qui donnait sur la cour. Il l’ouvrit et se remit à courir sur la passerelle. L’un des hommes l’insulta dans une langue étrangère, de l’arabe pensa-t-il, courant derrière lui. Reid sauta par-dessus la rampe de la passerelle et atterrit dans la petite cour. Une décharge douloureuse traversa sa cheville au moment où il toucha le sol, mais il l’ignora. Il contourna l’angle de la maison et s’aplatit contre la façade en brique, essayant désespérément de faire taire sa respiration haletante.
La brique était glaciale au toucher et le léger vent hivernal était coupant comme un couteau. Ses orteils étaient déjà en compote, étant donné qu’il s’était rué hors de la maison en chaussettes. Il avait la chair de poule partout sur ses membres.
Il pouvait entendre les hommes discuter en chuchotant, leurs voix rauques et précipitées. Il compta les voix qu’il distinguait : une, deux et enfin trois. Ils étaient tous sortis de la maison. Parfait, ils n’en avaient qu’après lui, et non après les filles.
Il fallait qu’il trouve un téléphone. Mais il ne pouvait pas retourner chez lui sans mettre en danger ses filles. Il ne se voyait pas non plus aller tambouriner à la porte d’un voisin. Il se souvint qu’il y avait une borne jaune d’appel d’urgence fixée à une cabine téléphonique en bas du pâté de maisons. S’il parvenait jusqu’ici…
Il prit une profonde inspiration et sprinta pour traverser la cour sombre, osant passer ensuite dans le faisceau lumineux projeté par les lampadaires de la rue au-dessus de lui. Sa cheville le lançait en guise de protestation et le choc causé par le froid était comme des piquants s’enfonçant dans ses pieds, mais il s’efforça d’avancer aussi vite que possible.
Reid jeta un œil par-dessus son épaule. L’un des deux grands l’avait repéré. Il cria pour appeler les autres, mais il ne se mit pas à sa poursuite. Bizarre, pensa Reid, mais il n’avait pas le temps de réfléchir à la question.
Il arriva bientôt à la borne d’appel d’urgence, l’ouvrit d’un coup sec et enfonça son pouce contre le bouton rouge censé alerter les services de police locaux. Il regarda de nouveau derrière lui. Il ne voyait aucun des trois hommes.
“Allô ?” chuchota-t-il dans le combiné. “Est-ce que quelqu’un m’entend ?” Où était la lumière ? Normalement, il devait y avoir une lumière qui s’allume quand on appuie sur le bouton rouge. Est-ce que ce truc marchait au moins ? “Je m’appelle Reid Lawson, je suis poursuivi par trois hommes, j’habite à…”
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