Название: L'Agent Zéro
Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Thriller d’Espionnage de L'Agent Zéro
isbn: 9781640299511
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Yuri grogna en étirant ses membres. Puis, il regarda Reid en souriant. “Ben, je sais que nous sommes maintenant de très bons amis, mais tout de même…” Il tira de la poche de sa veste une étroite bande de tissu noir. “Je dois insister.”
Reid acquiesça légèrement. Quel choix avait-il ? Il se retourna afin que Yuri puisse attacher le tissu pour lui bander les yeux. Une forte main trapue le saisit par l’avant-bras, celle de l’un des gorilles, sans aucun doute.
“À présent,” dit Yuri. “Allons voir Otets.” La main puissante le tira vers l’avant et le guida, alors qu’ils marchaient en direction de la structure en tôle. Il sentit une autre épaule frôler la sienne de l’autre côté : il était encadré par les deux grands gorilles.
Reid respirait calmement par le nez, faisant son maximum pour rester calme. Écoute, lui dit son esprit.
J’écoute.
Non, écouter. Écouter et lâcher prise.
Quelqu’un frappa trois fois contre une porte. Le bruit sembla terne et creux comme une grosse caisse. Même s’il ne pouvait rien voir, Reid imaginait Yuri en train de taper du poing contre la lourde porte en acier.
Ca-chunk. Un verrou que l’on fait sauter. Un whoosh, une ruée d’air chaud à l’ouverture de la porte. Soudain, un mélange de bruit : du verre qui tinte, un liquide versé dedans et des cliquetis de courroie. Un équipement de viticulteur, on dirait. Bizarre, il n’avait rien entendu depuis l’extérieur. Les murs extérieurs de la structure sont insonorisés.
La main puissante le guida à l’intérieur. La porte se ferma de nouveau et le verrou fut remis en place. Sous lui, le sol semblait être du béton lisse. Ses chaussures marchèrent dans une petite flaque. L’odeur acéteuse de la fermentation était la plus forte, suivie de près par l’arôme plus doux et familier du jus de raisin. Ils font vraiment du vin ici.
Reid comptait ses pas sur le sol du chai. Ils passèrent plusieurs autres portes et, à chaque fois, il percevait de nouveaux bruits. Machines : une presse hydraulique, une perceuse pneumatique, un cliquetis de chaîne d’embouteillage. L’odeur de fermentation avait laissé la place à une odeur graisseuse d’huile moteur et de… Poudre. Ils fabriquent quelque chose ici, certainement des munitions. Il y avait quelque chose d’autre, de familier, derrière l’huile et la poudre. C’était plutôt doux, comme des amandes… Dinitrotoluène. Ils fabriquent des explosifs.
“Escalier,” dit la voix de Yuri près de son oreille, alors que le tibia de Reid heurtait la première marche. La lourde main continuait de le guider alors que quatre paires de pieds grimpaient les marches d’acier. Treize marches. Celui qui a construit cet endroit n’est pas superstitieux.
En haut, se trouvait une autre porte en acier. Une fois refermée derrière eux, les bruits des machines s’évanouirent : une autre pièce insonorisée. On entendait de la musique classique jouée au piano. Brahms. Variations sur un Thème de Paganini. La mélodie n’était pas assez puissante pour vraiment venir d’un piano. Il s’agissait sûrement d’une chaîne hifi.
“Yuri.” La nouvelle voix était un fort baryton, légèrement éraillé d’avoir crié trop souvent ou d’avoir fumé trop de cigares. À en juger par l’odeur des lieux, la bonne réponse était la dernière. Ou alors, les deux.
“Otets,” dit Yuri obséquieusement. Il se mit à parler rapidement en russe. Reid faisait de son mieux pour suivre et déchiffre l’accent de Yuri. “Je vous apporte de bonnes nouvelles de France…”
“Qui est cet homme ?” demanda le baryton. À sa façon de parler, le russe semblait être sa langue natale. Reid ne put s’empêcher de se demander quel était le lien entre les iraniens et ce Russe, ou quel était le rôle des deux gorilles du SUV, et même du serbe, Yuri. Un échange d’armes peut-être, dit la voix dans sa tête. Ou même pire.
“Voici le messager des iraniens,” répondit Yuri. “Il dispose des informations que nous recherchons…”
“Tu l’as amené ici ?” l’interrompit l’homme. Sa voix grave se mit à rugir. “Tu étais censé aller en France pour rencontrer les iraniens, pas pour ramener des mecs chez moi ! Tu pourrais tout compromettre par ta stupidité !” Il y eut un claquement vif, un revers de la main sur un visage, puis un soupir de Yuri. “Est-ce que je dois inscrire la description de ton travail sur une balle pour te la faire rentrer dans le crâne ?”
“Otets, s’il vous plait…” balbutia Yuri.
“Ne m’appelle pas comme ça !” cria l’homme de plus belle. Un pistolet que l’on charge, une arme lourde à en croire par le son. “Ne m’appelle par aucun nom en présence de cet étranger !”
“Ce n’est pas un étranger !” glapit Yuri. “C’est Agent Zéro ! Je vous ai amené Kent Steele !”
CHAPITRE SEPT
Kent Steele.
Le silence régna pendant plusieurs secondes qui parurent être des minutes. Une centaine de visions se succéda dans la tête de Reid, comme générées par une machine. La CIA. Service National des Clandestins, Département des Activités Spéciales, Groupe des Opérations Spéciales. Opérations Psychologiques.
Agent Zéro.
Si tu es exposé, tu es mort.
Nous ne parlons pas. Jamais.
Impossible.
Ses doigts tremblaient de nouveau.
C’était tout bonnement impossible. Des effaceurs, des implants ou des suppresseurs de mémoire étaient des trucs de théories conspiratoires ou de films d’Hollywood.
En tout cas, ça n’avait plus aucune importance maintenant. Ils avaient su qui il était pendant tout ce temps. Depuis le bar et pendant tout le trajet en voiture pour venir en Belgique, Yuri était au courant que Reid n’était pas qui il prétendait être. À présent, il avait les yeux bandés et il était emprisonné derrière une porte en acier avec au moins quatre hommes armés. Personne d’autre ne savait où il était et qui il était. Un lourd nœud d’effroi se forma au fond de son estomac et manqua le faire vomir.
“Non,” dit lentement la voix de baryton. “Non, tu te trompes. Stupide Yuri. Ce n’est pas l’agent de la CIA. Si c’était le cas, tu ne serais plus en vie !”
“Sauf s’il est venu ici pour te trouver !” contesta Yuri.
Il sentit des doigts sur le bandeau qui fut soudain retiré. Reid plissa les yeux à cause de l’aveuglement causé soudainement par les lampes fluorescentes suspendues. Il cligna des yeux et discerna un homme d’une cinquantaine d’années, cheveux poivre-et-sel, avec une barbe rasée de près sur les joues et des yeux vifs et inquisiteurs. Cet homme, vraisemblablement Otets, portait un costume gris anthracite avec les deux boutons supérieurs de sa chemise ouverts sur des poils gris bouclés en dessous. Ils se trouvaient dans un bureau dont les murs étaient peints en rouge sombre et décorés de peintures criardes.
“Vous,” dit СКАЧАТЬ