Название: Tess, Le Réveil
Автор: Andres Mann
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Приключения: прочее
isbn: 9788873049043
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Tess avait forclos la profession de son père, la forclusion étant un terme de psychanalyse qui expliquait la présence de tant de lignées de docteurs et d'avocats au sein de la même famille. Avant même d'envisager d'autres options dans son sens du développement de l'identité, elle s'était engagée à devenir un officier professionnel de l'Armée. Elle s'était en fait fixé une identité trop tôt mais ne s'en rendait pas compte.
Ses talents en musique avaient donné l'espoir à son père qu'elle s'y épanouirait grâce à une bourse qui lui ouvrirait les portes du Conservatoire. Le choix de sa fille pour la carrière militaire lui plut nettement moins et il ne put surmonter la détermination qu'elle y avait mis. L'Armée avait été son choix, en réaction au spectacle offert par sa mère, femme de soldat toute dévouée au devoir de la maison pendant que son mari faisait le sien aux quatre coins du monde. Elle avait peu à dire quant à ses propres besoins d'une vie hors de ce cadre.
Petite, Morgan avait décidé que la maison et le foyer ne feraient pas partie de son monde, un monde qu'elle savait dominé par les hommes qui définissaient leurs lois et en récoltaient les avantages. Elle avait envisagé le monde des affaires mais ne pouvait souffrir les longues réunions ni les rapports trimestriels. Lâarmée, en revanche, semblait offrir bien plus. L'opportunité d'un avancement rapide, de diriger, d'aller dans des endroits nouveaux et de faire du bien. Elle comprit aussi que cette voie impliquait un immense dévouement, tant physique que mental, des défis qu'elle avait surmontés avec talent et une volonté implacable. Elle sortit de West Point avec un diplôme en ingénierie électrique et une sous-dominante en science politique. Pensant que sa carrière la mènerait à Washington ou au Pentagone, des notions en politique seraient alors tout à fait bienvenues.
â¦â¦â¦
Tess se changea en un pantalon de soie et un chemisier et alla rencontrer Jake dans la salle de restaurant.
Elle entama la conversation. « Vous dites que vous êtes dans l'armée mais je trouve vos cheveux un peu long pour ça. »
Jake sourit : « Bien vu. Vous trouvez que la longueur des cheveux est si importante ? »
Tess haussa les épaules. « On m'a souvent accusée d'être une obsédée du règlement. D'être un despote. Peut-être ont-ils raison. Je crois en la discipline. »
Jake leva son verre : « Alors, à la discipline. »
Le garçon arriva et Tess accepta de laisser Jake passer commande de leur repas. Son compagnon s'y livra avec l'assurance d'un gourmet accompli. Il parcourut rapidement le menu puis déclara : « Pâté de campagne, croustilles de prunes au bacon, Saint-Jacques à la Provençale, confit de canard à la marinade de raisins épicés, travers de porc aux olives et aux herbes et crêpes Suzette au dessert. Et puis, mettez-nous une bonne bouteille de Sancerre avec. »
Alors qu'il passait la commande, elle l'évalua du regard, se demandant à quel prix Jake avait acquis une telle musculature. Pas qu'il était énorme, mais sa musculature développée et sculptée était sans aucun doute le fruit d'un entraînement professionnel poussé.
Un officier entra dans la salle à manger et, reconnaissant le beau couple, s'approcha de leur table avec un grand sourire. « Quelle chance, mes deux personnes préférées ! »
Le commandant Dan Gardner était le meilleur ami et collègue de Jake ainsi qu'un bon ami du père de Tess. Il était aujourd'hui le chef hiérarchique de Tess.
Jake et Tess l'accueillirent chaleureusement et lui offrirent de se joindre à eux. « Avec plaisir, » déclara le commandant, déplaçant une chaise vers leur table.
Un garçon vint et Gardner lui fit part de sa commande.
« Alors, prêts pour les festivités qui s'annoncent ? demanda-t-il.
â Aussi prêts qu'on puisse l'être, » répondit Jake.
Gardner approuva. « Cette fois-ci, tous les coups sont permis. Nous allons jusqu'à Bagdad inviter Saddam à résider dans une jolie petite prison. Il est fait comme un rat.
â Vous croyez qu'on va pouvoir les trouver, ces ADM ? Demanda Tess. Je crois savoir qu'elles sont dispersées dans plusieurs caches. »
Jake répondit. « Je ne suis pas certain que la tâche soit aisée. Il y a vraiment peu de preuves de leur existence. Les gens de la Commission Surveillance, Vérification et Inspection à l'Organisation des Nations Unies sont allés jusqu'à dire qu'il reste très peu de telles armes, si tant est qu'il y en ait. »
Tess poursuivit. « Mais le chef de cette commission n'est-il pas un personnage controversé ? L'administration Bush tente de le discréditer. »
Jake parut mal à l'aise. « Quand on traite de sujets si importants, il convient d'observer la situation de tous les points de vue. La Commission de l'ONU a accusé les gouvernements des Ãtats-Unis et de la Grande-Bretagne d'avoir exagéré la menace que représentent les armes de destruction massive en Irak pour pouvoir justifier la guerre contre le régime de Saddam Hussein. Ma tâche dans ce conflit est d'aider à trouver et neutraliser ce truc, j'ai donc tout intérêt à savoir la part de vérité dans cette histoire. Nous ne pouvons nous permettre d'aborder cette situation avec le concept italien de Verita ».
« Qu'entendez-vous par là ? » demanda Gardner.
Jake élabora. « L'un des gros problèmes dans la vie politique italienne est cette ambiguïté sur leur conception de la vérité. Chaque partie a sa propre version de la vérité, qui sert chacune de leur propre position et leurs intérêts, et ils ont une tendance à l'intransigeance, même confrontés à des faits irréfutables. Cela résulte en un blocage chronique de la situation. Dans notre cas, nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir plusieurs versions de la réalité. Nous devons procéder avec prudence et armés de faits incontestables. Je n'ai pas vu énormément de preuves que l'Irak dispose aujourd'hui de nombreuses armes chimiques et biologiques. C'est établi qu'ils en avait par le passé mais aujourd'hui il semble que les sanctions portées contre Saddam au cours de ces dernières années peuvent l'avoir persuadé de s'en être débarrassé. Il les a probablement expédiées en Iran.
â Ce qui ouvre une nouvelle boîte de Pandore », observa Gardner.
Tess ajouta, « J'imagine qu'on aura à s'occuper de ça plus tard. »
Jake acquiesça. « Vous avez probablement raison. »
Puis la discussion passa vers des sujets plus légers jusqu'à la fin du dîner. Ils étaient tout à fait conscients que les jours qui suivaient seraient un véritable enfer et qu'ils n'avaient pas encore idée de ce qu'ils allaient affronter.
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