Crimes Interplanétaires. Stephen Goldin
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Название: Crimes Interplanétaires

Автор: Stephen Goldin

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Научная фантастика

Серия:

isbn: 9788873043454

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СКАЧАТЬ louer un corps, répliqua Rabinowitz d’un ton aigre. Pas contracter un prêt bancaire !

      — Les lois sont strictes sur notre planète, expliqua l’alien en esquissant l’équivalent jenitharp d’un haussement d’épaules. Si par erreur je vous attribuais la mauvaise taille de corps, je perdrais ma licence. Sans compter que nous avons des lois très restrictives quand il s’agit de laisser des criminels téléjecter sur Jenithar. Je vous prie de répondre à toutes les questions.

      — C’est votre police qui m’a demandé de venir. Ils veulent que j’inspecte une scène de crime.

      — Alors mieux vaut vous dépêcher de remplir le formulaire.

      — Heureusement que je n’ai pas à suivre cette procédure à chaque fois que je viens sur Jenithar, marmonna Rabinowitz. L’holojection est bien plus civilisée.

      Elle tendit à l’employé sa carte à puce personnelle et vérifia qu’elle avait bien inscrit ses réponses dans les bonnes cases. « Nom complet : Deborah Esther Rabinowitz. Numéro d’identification : 5981–5523–5514–2769467–171723. Date de naissance : 17/46/3/22/54, date interstellaire. Études : licence, Université de Californie, Los Angeles, Études Interstellaires ; master et doctorat, Institut Polyculturel de Pna’Fath, Normes Commerciales Galactiques et Dynamiques Transculturelles. Géniteurs : Daniel Isaac Rabinowitz et Barbara Samuelson Rabinowitz. Père toujours en vie, mère décédée. Profession des géniteurs : père, diplomate de niveau plénipotentiaire ; mère, professeur de littérature comparée terrestre, Université de Californie, Los Angeles. Frères et sœurs : aucun. Progéniture : aucune. Profession : courtière littéraire. Banque : Crédit Terrestre de Takashiro. Revenus :… »

      Elle s’interrompit.

      — Ces informations restent confidentielles, je présume ?

      — Oh, oui ! Nos lois sur la protection de l’information sont très strictes.

      Elle ajouta au formulaire ses revenus personnels et ceux de son entreprise, puis rechigna de nouveau en découvrant la suite du questionnaire.

      — Non, je ne peux pas tolérer ça ! Regardez-moi cette liste ! Le sujet a-t-il déjà été condamné ? Quelle était la réputation du sujet à l’école ? Quels titres le sujet détient-il ? Quelles récompenses a-t-il remportées ? Qui sont les membres de sa famille sur deux générations, ascendante et descendante, jusqu’aux cousins au troisième degré ? Certains d’entre eux ont-ils un casier judiciaire ? Qui sont ses associés en affaires, ainsi que ses clients ? Quels sont leurs statuts… Ça n’en finit pas ! La seule question que vous ne posez pas, c’est si mes clients battent leurs animaux de compagnie. Cherchez mon père dans le bottin mondain si vous voulez des informations sur ma famille, mais je ne divulguerai rien sur mes clients !

      — Je dois calculer votre rang exact afin de déterminer la taille de votre corps. Il ne faut le faire qu’une fois. Après ça, votre dossier sera enregistré.

      — Je n’en ai rien à… Écoutez, donnez-moi juste la taille que vous voulez. Ou refusez, et j’irai voir un de vos concurrents.

      — Bon… J’imagine que si je compare ces données à vos informations publiques, j’aurai ce dont j’ai besoin, déclara l’employé de location.

      Pendant quelques secondes, il contempla d’un air vide l’écran de son ordinateur. Puis il reprit :

      — Je pense que… Oui. J’ai de quoi établir votre équivalence de taille. Patientez un instant, je vous trouve un corps approprié.

      Sa notion d’instant n’était manifestement pas la même que celle de Rabinowitz.

      — Tout est prêt, annonça l’employé au bout d’une attente interminable. Préparez-vous à vous connecter.

      Malgré son expérience en la matière — elle l’avait vécu bien plus souvent que la majorité des terriens — se connecter à un corps d’alien était toujours déstabilisant. Les peuples de toutes les planètes fabriquaient des locacorps mécaniques qui ressemblaient autant que possible à leurs corps biologiques, ce qui les rendait difficiles à manœuvrer pour quiconque était bâti différemment.

      Certaines espèces avaient des bras en surnombre, qu’un humain laissait toujours pendre mollement sur les côtés ; certaines n’en avaient qu’un seul, et un humain se sentait handicapé. D’autres voyaient des longueurs d’ondes impénétrables aux terriens, ou percevaient des fréquences qui leur étaient normalement inaudibles.

      Pire que tout, cependant, il y avait les espèces quasi-humanoïdes, comme les Jenitharps. Ces derniers avaient bien deux bras et deux jambes, mais les bras se trouvaient au niveau de la taille, rattachés au milieu du corps par un étrange arrangement articulaire qu’on ne pouvait en aucun cas appeler des épaules. On avait l’impression d’évoluer dans un miroir déformant.

      Rabinowitz, une fois connectée, se retrouva debout à côté de l’employé, à le regarder d’en haut.

      — J’ai prévenu la police, lui dit-il. Ils vont arriver pour vous escorter. Ils ont demandé que vous les attendiez ici.

      — Très bien. Je préfère être un peu seule avec un nouveau corps, le temps d’apprendre à m’en servir.

      — Si vous le désirez, maintenant que votre taille est enregistrée, nous pouvons vous attribuer un corps permanent. Cela ne vous coûtera qu’un petit supplément. Un corps vous sera réservé de manière permanente, et vous pourrez visiter Jenithar chaque fois que vous le voudrez sans avoir à subir tous ces contretemps.

      — Merci. Je m’en souviendrai si jamais on m’oblige à revenir.

      L’employé s’en alla, la laissant seule dans une pièce remplie d’étagères où s’empilaient des locacorps de toutes les tailles imaginables : beaucoup étaient plus petits que le sien, certains considérablement plus grands. Elle se sentait lourde. La plupart des espèces modelaient leurs corps de location dans un quelconque plastique ou matériau léger ; certains les fabriquaient même à partir de tissus vivants. Les Jenitharps, eux, se servaient d’un métal lourd et cliquetant. Le corps qu’on lui avait attribué était couvert d’un faux plumage brun-vert, et vu sa taille et sa couleur, son rang devait être plus que respectable.

      Rabinowitz s’avança d’un pas hésitant vers une zone dégagée au centre de la pièce, et tâcha d’exercer de petits mouvements de gymnastique. Les jambes n’étaient pas particulièrement difficiles à manier : il lui suffisait de marcher à petits pas, comme si elle s’était affublée d’un kimono très serré. Les longs bras fins, en revanche semblaient inutilisables. Ils pendaient mollement comme des tuyaux en caoutchouc, et Rabinowitz devait presque disloquer ses propres épaules pour les faire bouger. C’était des tentacules plus que des bras, dépourvus de véritables articulations.

      — Il faut être danseuse à Bali pour faire marcher ces trucs, marmonna-t-elle.

      Un quart d’heure plus tard, elle se sentit assez à l’aise pour ne pas trop se ridiculiser. Heureusement, personne n’attendait d’un alien pilotant un corps de location qu’il se déplace avec grâce. Chaque espèce cultivait son lot de blagues sur ses visiteurs extraplanétaires maladroits.

      Deux nouveaux venus entrèrent dans la pièce, le premier un peu plus grand et plus pâle que son compagnon. Impossible de déterminer leur sexe.

      — СКАЧАТЬ