Название: Storey
Автор: Keith Dixon
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Триллеры
isbn: 9788873040620
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Le voilà donc, levant les yeux de son livre en la voyant et lui souriant, sachant qu’elle n’avait pas d’autre choix que d’entrer dans le café. Son sourire ne frappe pas à l’œil, pensa-t-elle, c’était quelque chose qu’il faisait avec sa bouche, une impulsion sociale pour signaler que le jeu était sur le point de commencer.
– Je croyais que vous ne reviendriez plus à cause de ma grossièreté. J’avais cru avoir rompu le charme, dit-il.
Elle l’observa: il portait une chemise à col ouvert laissant passer quelques poils bouclés sous une veste bleu marine sûrement de Next, achetée dans une boutique de charité. Il avait posé son livre ouvert à l’envers sur la table – Les raisins de la colère. Elle se demandait ce qu’il faisait pour gagner sa vie. Expert d’assurances: elle ne le croyait pas. Il agissait comme s’il était en mission, quelque chose qu’il allait faire dans sa vie, partir quelque part. Il n’était pas un gratte-papier, ni une personne qui étudiait des chiffres et faisait des calculs. Son regard révélait que beaucoup de choses se passaient dans sa vie. Quelque chose d’effrayant, mais intrigant.
– Offrez-moi un café, dit-elle.
Il la fixa un instant, puis soupira et se leva pour se diriger vers le comptoir en lui faisant un signe désinvolte de la main avant de rejoindre la queue. Il ne lui avait même pas demandé ce qu’elle voulait. Probablement qu’il le savait déjà, depuis le temps qu’il la regardait!
Ne joues pas à ce jeu, se dit-elle. Ne sois pas intriguée.
Elle s’assit et sortit son ordinateur portable Microsoft Surface Pro 3, ouvrit le clavier velouté et glissa l’écran pour ouvrir son document en cours. Elle posa son téléphone Moto G Android sur la table. Elle aimait ses gadgets et connaissait leurs noms et toutes leurs caractéristiques. Pour une raison ou une autre, elle voulait convaincre ce Storey qu’elle était sincère, qu’elle était vraiment journaliste, que son travail était important. D’habitude lorsqu’elle était à Starbucks, elle écrivait son journal ou, de temps en temps, travaillait sur l’une de ses légendes. C’est le nom donné par les espions – les fausses identités qu’ils se créent pour eux-mêmes. Elle avait environ dix en cours et tous les jours elle essayait d’ajouter un nouveau détail, une nouvelle caractéristique ou un événement, à au moins deux des identités. Créant son personnage au fur et à mesure.
Avoir quelque chose à faire en attendant que David réponde.
Storey revint avec deux gobelets de café.
– Cela fait deux jours qu’on ne vous a pas vu, dit-elle.
– Je vous manque?
– Une personne que je ne connais pas ne peut pas me manquer.
– Je vous dois mes excuses.
Elle mit du sucre dans son café et fit une pause.
– Je ne vous traquais pas, dit-il. Je ne veux pas que vous pensiez cela. Il se trouvait que je me trouvais ici, lorsque vous êtes entrée. Je vous ai trouvé intéressante. Vous voyez ce que je veux dire? Vous apercevez une personne et vous vous dites que vous seriez enchantée de la connaître, de découvrir sa façon de parler et ce qu’elle a à dire.
Il se rassit et l’observa comme s’il venait de lui faire une faveur.
– Ça vous dérange si je travaille? Bien que j’aurai bien aimé bavarder, dit-elle calmement.
Elle aimait son sourire. Il lui fit un signe de tête d’admiration, comme pour lui dire que le défi auquel ils concourraient venait de passer à un plus haut niveau. Il savait qu’il devait redoubler d’efforts. Ne joues pas à ce jeu, ne sois pas intrigué.
En ouvrant son ordinateur portable, elle le tourna de sorte à ce qu’il ne voit pas l’écran. A l’exception du titre, le document était vierge – Etapes suivantes – elle fixa un moment la page blanche, tapota sur le clavier pour saisir son nom et rôle, uniquement pour avoir quelque chose à faire. Araminta Smith, journaliste. Elle avait entendu ce nom dans une pièce de théâtre qu’ils avaient joué à l’école et qu’elle avait toujours aimé. Araminta avait une assonance chic.
Storey ignora sa contestation, reprit son livre et continua à lire.
– C’est bien, Steinbeck? demanda-t-elle contrariée malgré elle.
Il baissa son livre.
– Il a gagné le Prix Nobel pour son plus mauvais roman. C’est pour vous dire à quel point il était bon. Avez-vous vu Les raisins de la colère, le film?
– Peut-être.
– Coriace pour un film de Hollywood, mais paisible comparé au livre.
Elle fit un signe de la tête et se replongea dans son écran. Elle ne savait rien en littérature et paniquait à chaque fois qu’on lui parlait de livres. Elle avait peur qu’on lui pose des questions et qu’elle ne sache quoi répondre. Le maximum qu’elle arrivait à lire était un article de journal avant de s’endormir. Un jour, elle essayera de corriger ce défaut. Des cours en ligne feront sûrement l’affaire.
– Alors vous travaillez sur un article, c’est ça? Ou est-ce un sujet sans intérêt – des naissances, des décès, des mariages? dit-il pour saisir l’occasion qu’elle ait repris la conversation.
– Vous ne comprendrez pas, dit-elle.
… puis se demanda pourquoi avait-elle répondu ainsi. Sa rancune l’étonnait parfois. Il semblait être assez intelligent, pourquoi essayait-elle donc de le contrarier?
– Je ne peux pas vous en dire beaucoup, car c’est en stade de développement. Je fais seulement des recherches, je parle aux gens, dit-elle en rabattant son écran.
– Donnez-moi un indice pour ne pas me vexer.
– C’est sur la corruption dans le gouvernement local. Je ne peux pas vous en dire plus, lui répondit-elle après une hésitation.
– Y en en-t-il beaucoup à Coventry?
– Je ne le sais pas encore. C’est pour cela que je fais des recherches.
– Vous connaissez des personnes à qui en parler, des personnes qui peuvent cracher le morceau? C’est ça que vous faites?
Elle pensa que sa curiosité était réelle, mais il valait mieux ne pas le laisser aller trop loin. Elle ne savait rien de lui, ni de ce qu’il voulait. C’était bien qu’il l’ait trouvée intéressante pour parler, mais elle avait trop de choses à faire et beaucoup trop d’histoires avec lesquelles elle jonglait.
– Comme je vous l’ai dit, dit-elle, je ne peux pas en parler. Je ne vous le dirais pas, même si je le savais. Je ne vous connais pas.
– Que vouliez-vous dire quand vous m’aviez dit vouloir vivre au jour le jour? continua-t-elle après une pause.
– Ne prenez pas ça au sérieux. Je suis comédien. Je dis beaucoup de choses que je ne pense pas, dit-il en haussant les épaules.
– Je СКАЧАТЬ