Название: Henri VI. 2
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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L'ESPRIT. – Le duc qui déposera Henri est vivant; mais il lui survivra et mourra d'une mort violente.
BOLINGBROOK. -Quel est le sort qui attend le duc de Suffolk?
L'ESPRIT. – Par l'eau il mourra et trouvera sa fin.
BOLINGBROOK. – Qu'arrivera-t-il au duc de Somerset?
L'ESPRIT. – Qu'il évite les châteaux; il sera plus en sûreté dans les plaines sablonneuses qu'aux lieux où les châteaux se tiennent en haut. Finis; à peine pourrais-je endurer plus longtemps.
BOLINGBROOK. – Descends dans les ténèbres et dans le lac brûlant, esprit pervers: en fuite!
YORK. – Saisissez-vous de ces traîtres et de tout leur bagage. Sorcière, nous vous suivions, je crois, de bien près. Quoi! madame, vous ici? le roi et l'État vous devront beaucoup pour les peines que vous avez prises, et milord protecteur désirera sans doute vous voir bien récompensée de cette bonne oeuvre.
LA DUCHESSE. – Elle n'est pas la moitié aussi coupable que les tiennes envers le roi d'Angleterre, duc outrageant qui menaces sans cause.
BUCKINGHAM. – En effet, sans la moindre cause, madame. Comment appelez-vous ceci? (Lui montrant le papier qu'il a saisi.) Emmenez-les, qu'on les tienne bien renfermés et séparés. – Vous, madame, vous allez nous suivre. Stafford, prends-la sous ta garde. (La duchesse quitte la fenêtre.) Nous allons mettre au jour toutes ces bagatelles. Sortez tous.
YORK. – Je vois, lord Buckingham, que vous l'aviez bien surveillée. C'est une petite intrigue bien imaginée, et sur laquelle on peut bâtir bien des choses. Maintenant je vous prie, milord, voyons ce qu'a écrit le diable. (Il lit.) Le duc qui doit déposer Henri est vivant, mais il lui survivra et mourra d'une mort violente. C'est tout justement… Aio te, Æneïda, Romanos vincere posse. – Dites-moi quel sort attend le duc de Suffolk? – Il mourra par l'eau et y trouvera sa fin. – Qu'arrivera-t-il au duc de Somerset? – Qu'il évite les châteaux, il sera plus en sûreté dans les plaines sablonneuses que là où les châteaux se tiennent en haut. Allons, allons, milord, ce sont là des oracles dangereux à obtenir, et difficiles à comprendre. Le roi est sur la route de Saint-Albans, et l'époux de cette aimable dame l'accompagne. Que cette nouvelle leur arrive aussi promptement qu'un cheval pourra la leur porter. Triste déjeuner pour milord protecteur!
BUCKINGHAM. – Que Votre Grâce me permette, milord d'York, de porter moi-même ce message, dans l'espoir d'en obtenir la récompense.
YORK. – Comme il vous plaira, mon cher lord. – Y a-t-il quelqu'un ici? (Entre un domestique). Invitez de ma part les lords Salisbury et Warwick à souper chez moi ce Soir. Allons-nous-en. (Ils sortent.)
FIN DU PREMIER ACTE.
ACTE DEUXIÈME
SCÈNE I
MARGUERITE. – En vérité, milords, depuis sept ans je n'ai pas vu de plus belle chasse aux oiseaux d'eau, et cependant vous conviendrez que le vent était très-fort, et qu'il y avait dix contre un à parier que le vieux Jean ne partirait pas.
LE ROI, à Glocester. – Mais quelle pointe a fait votre faucon, milord! A quelle hauteur il s'est élevé au-dessus de tous les autres! Comme on reconnaît l'oeuvre de Dieu dans toutes ses créatures! Vraiment oui, l'homme et l'oiseau aspirent à monter.
SUFFOLK. – Il n'est pas étonnant, si Votre Majesté me permet de le dire, que les oiseaux de milord protecteur sachent si bien s'élever; ils n'ignorent pas que leur maître aime les hautes régions et porte ses pensées bien au delà du vol de son faucon.
GLOCESTER. – C'est un esprit ignoble et vulgaire, milord, que celui qui ne s'élève pas plus haut qu'un oiseau ne peut voler.
LE CARDINAL. – Je le savais bien; il voudrait se voir au-dessus des nuages.
GLOCESTER. – Sans doute. Milord cardinal, qu'entendez-vous par là? Ne siérait-il pas à Votre Grâce de prendre son essor vers le ciel?
LE ROI. – Trésor d'éternelle félicité!
LE CARDINAL. – Ton ciel est sur la terre. Tes yeux et tes pensées demeurent attachés sur la couronne, trésor de ton coeur. Pernicieux protecteur, dangereux pair, flatteur du roi et du peuple!
GLOCESTER. – Eh quoi! cardinal, cela me paraît bien violent pour un prêtre, Tantæne animis coelestibus iræ? Les ecclésiastiques sont-ils donc si colères? Mon cher oncle, cachez mieux votre haine. Convient-elle à votre caractère sacré?
SUFFOLK. – Il n'y a point là de haine, milord, pas plus qu'il ne convient dans une si juste querelle contre un pair si odieux.
GLOCESTER. – Que… qui, milord?
SUFFOLK. – Qui? vous, milord, n'en déplaise à Sa Seigneurie milord protecteur.
GLOCESTER. – Suffolk, l'Angleterre connaît ton insolence.
MARGUERITE. – Et ton ambition, Glocester.
LE ROI. – Tais-toi, de grâce, chère reine: n'aigris point la haine de ces pairs furieux; bienheureux sont ceux qui procurent la paix sur la terre!
LE CARDINAL. – Que je sois donc béni pour la paix que j'établirai entre ce hautain protecteur et moi, au moyen de mon épée!
GLOCESTER, à part au cardinal. – Sur ma foi, mon saint oncle, j'aimerais fort que nous en fussions déjà là.
LE CARDINAL, à part. – Nous y serons vraiment, dès que tu en auras le coeur.
GLOCESTER, à part. – Ne va pas ameuter pour cela un parti de factieux; charge-toi de répondre seul de tes insultes.
LE CARDINAL, à part. – Oui, pour que tu n'oses pas montrer ton nez; mais si tu l'oses, ce soir même, à l'est du bosquet.
LE ROI. – Qu'est-ce que c'est donc, milords?
LE CARDINAL, haut. – Croyez-m'en sur ma parole, cousin Glocester: si votre écuyer n'avait pas si soudainement rappelé l'oiseau, nous aurions poussé plus loin la chasse. (A part.) Viens avec ton épée 8 à deux mains.
GLOCESTER, à part. – Vous y pouvez compter, mon oncle.
LE CARDINAL, à part.-Entendez-vous?.. à l'est du bosquet.
GLOCESTER, à part.-J'y serai, cardinal.
LE ROI. – Comment? Qu'est-ce que c'est, oncle Glocester?
GLOCESTER. – Nous parlons de chasse: rien de plus, mon prince. (A part.) Par la mère de Dieu, prêtre, je vous élargirai la tonsure du crâne, ou tous mes СКАЧАТЬ
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