La coucaratcha. II. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. II

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ parlerai pas de la nuit que je passai avec Pépa, – il y a deux ans de cela, – Pépa est morte, – et pourtant à ce souvenir seul, voyez comme mes artères battent et comme je pâlis… car je le sens, je pâlis encore.

      «Le lendemain ce que l'amiral avait prévu arriva, une croisière française était établie au vent de Porto-Venere.

      «Je regagnai ma goëlette au point du jour et je dois encore vous avouer que j'eus la plus entière indifférence pour les pauvres gens que j'allais faire hacher par ma désobéissance; car, si j'avais suivi les ordres de l'amiral, nous eussions évité un combat bien meurtrier.

      « – Mon équipage était excellent, – j'exaltai encore son courage et nous sortîmes de la passe décidés à nous faire couler, – moi surtout – comme vous pensez. – Ma goëlette marchait comme un poisson, – j'avais des pièces de dix-huit allongées en couleuvrines – nous aperçûmes un brick et une frégate, – le brick au vent, – la frégate sous le vent.

      «Le brick nous appuya la chasse et nous joignit. – Après un combat sanglant où je fus blessé deux fois, il nous abandonna presqu'entièrement désemparé. – La frégate dut courir des bordées pour nous atteindre, elle commençait à nous canonner, et c'était fait de nous, je crois, – lorsqu'un coup du sort nous fit la démâter de son grand mât… – Nous n'avions que quelques agrès coupés, – rien d'essentiel d'endommagé. – Nous prîmes chasse à notre tour, et nous ralliâmes l'amiral vers le soir.

      « – J'avais quatre-vingts hommes d'équipage et quatre officiers avant le combat. – En arrivant auprès de l'amiral, il ne me restait qu'un aspirant et vingt-trois matelots, – le reste était mort. —

      «L'amiral, tout en me félicitant sur mon courage et en me promettant un grade supérieur, ne put s'empêcher de regretter son patron qu'il supposait avoir été dévoré par un requin, ou pris par une crampe avant d'avoir pu gagner mon bord. —

      «Quel dommage, me dit-il, – si le malheureux avait réussi à vous porter mes ordres, – nous n'aurions pas à regretter la perte de tant de braves gens… Mais aussi ajouta-t-il par forme de compensation, – nous n'aurions pas à vous féliciter d'un si glorieux combat, capitaine Wolf.

      «Deux mois après, le grade de capitaine de frégate, vint me récompenser de ma belle action comme dit le ministre dans sa lettre. —

      «Voilà mon histoire, mon cher… avouez donc après cela que je puis parler de dévouement en matière d'amour, – me dit Wolf d'un air tristement moqueur, – puis il ajouta: – Mais voilà nos convives qui montent, où en sont-ils de leur discussion?»

      Les convives n'y pensaient ma foi plus. – On convint de se rendre à terre, – comme je me trouvais séparé de Wolf par un groupe, – je fus forcé de me placer dans une embarcation où il n'était pas. – Descendu au débarcadère, ne le rencontrant pas non plus, je supposai qu'il était resté à bord, – enfin pour chasser les idées un peu sombres que m'avait laissées la confidence de mon ami Wolf; j'allai passer la nuit chez une danseuse portugaise appelée Loretta, que j'entretenais assez magnifiquement depuis notre station à Malte.

      § IV.

      ÉPISODE

      Le lendemain matin j'étais couché et je m'amusais à tresser les cheveux de Loretta, qu'elle avait fort longs et fort beaux; – lorsque sa camériste vint me prévenir que mon valet de chambre qui savait où me trouver – voulait absolument me parler. – Je me levai, – et il me remit un billet ainsi conçu.

      – Je vous attends sur le rempart, en face le palais des Grands-Maîtres, il faut absolument que je vous parle, soyez assez bon pour y venir,

WOLF.

      – Qui t'a remis cela, – demandai-je à mon laquais?

      – Capitaine, c'est un officier anglais, – un beau, grand jeune homme brun. —

      – C'est bien, va m'attendre à bord.

      J'embrassai Loretta, et je gagnai le rempart. – Mon ami Wolf s'y trouvait déjà. – Il était un peu pâle, mais il souriait; et sa figure avait même une expression de douceur que je n'avais pas remarqué la veille. —

      Il vint à moi, et, me tendant la main: – J'étais sûr de vous voir, me dit-il… tant je comptais sur votre obligeance et sur les effets d'une sympathie que je n'avais ressentie pour personne, je vous jure…

      Je lui secouai cordialement la main, et lui demandai à quoi je pouvais lui être utile.

      – Mon cher ami, – puisque vous me permettez de vous donner ce nom, – répondit-il, – j'ai d'abord mille excuses à vous faire d'avoir abusé hier de vos moments, pour vous raconter une bien misérable histoire.

      – Ma foi, – lui dis-je (et c'était vrai) – que le diable m'emporte si j'y pensais… mais bah… le Madère et le Xérès vous auront poussé au roman, mon cher Wolf… et vous vous serez vanté, – ne parlons plus de cela… encore une fois je l'avais oublié.

      – Oh non, ajouta-t-il avec un sourire triste, je ne me suis pas vanté; – tout cela s'est passé comme je vous l'ai dit, – et vous êtes le seul, – ajouta-t-il en attachant sur moi ses grands yeux bleus mélancoliques, – vous êtes le seul qui sachiez cette aventure fatale.

      – Et vous pouvez compter sur ma discrétion, répondis-je. – Fausse ou vraie, cette histoire est à jamais perdue dans le plus profond oubli.

      – Cela ne peut pas être ainsi, répéta-t-il toujours avec sa voix douce et sonore. – Vous savez qu'hier je vous avais prévenu; désormais ce secret ne peut être possédé que par vous – ou par moi, – par tous deux c'est impossible.

      – Mon cher Wolf, est-ce bien sérieusement que vous me dites cela?

      – Très sérieusement…

      – C'est une plaisanterie.

      – Non, mon ami…

      – Mais c'est absurde…

      – Non ce n'est pas absurde; vous avez un secret qui, divulgué, peut me faire passer pour ce que je suis: —Un meurtrier, – ajouta Wolf péniblement, – puisque je n'ai pu le garder, moi, qu'il intéresse au point que vous devez croire… pourriez-vous le garder, vous, à qui il est indifférent;… ce doute serait trop affreux, or il faut en finir, et il en sera ainsi.

      – Voilà qui est fort… – il en sera ainsi parce que vous le voulez, Wolf.

      – Sans doute; – puis, me pressant les deux mains, il dit avec tendresse: Ne me refusez pas cela, – ne me forcez pas, je vous en supplie, à un éclat qui vous obligerait bien à m'accorder ce que je vous demande; vous me l'accorderiez pour un autre motif, il est vrai, mais cela serait toujours, n'est-ce pas.

      – Allons, il faut nous brûler la cervelle, – parce qu'il vous a plu de me gratifier de votre diable d'aventure… J'y consens, mais c'est désagréable, vous l'avouerez au moins… – dis-je avec humeur, sans pouvoir pourtant me fâcher tout-à-fait.

      – Je le conçois, mais c'est comme cela… Pardonnez-moi… mon ami, dit Wolf.

      – Pardieu, non; ce sera bien assez de vous pardonner si СКАЧАТЬ