Название: Titus Andronicus
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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TAMORA. – Et ici, à la vue du ciel, je jure à Rome, que si Saturninus élève à cet honneur la reine des Goths, elle sera l'humble servante, la tendre nourrice et la mère de sa jeunesse.
SATURNINUS. – Montez, belle reine, au Panthéon. Seigneurs, accompagnez votre illustre empereur, et sa charmante épouse, envoyée par le ciel au prince Saturninus, dont la sagesse répare l'injustice de sa fortune: là, nous accomplirons les cérémonies de notre hymen.
TITUS ANDRONICUS, seul. – Je ne suis pas invité à suivre cette mariée. – Titus, quand donc t'es-tu jamais vu ainsi seul, déshonoré, et provoqué par mille affronts?
MARCUS. – Ah! vois, Titus, vois, vois ce que tu as fait; tuer un fils vertueux dans une injuste querelle!
TITUS. – Non, tribun insensé, non; il n'est point mon fils, – ni toi, ni ces hommes complices de l'attentat qui a déshonoré toute notre famille. Indigne frère! indignes enfants!
LUCIUS. – Mais accordez-lui du moins la sépulture convenable, donnez à Mutius une place dans le tombeau de nos frères.
TITUS. – Traîtres, écartez-vous: il ne reposera point dans cette tombe. Ce monument subsiste depuis cinq siècles, je l'ai reconstruit avec magnificence: ici ne reposent avec gloire que les guerriers, et les serviteurs de Rome; il n'y a point de place pour celui qui a été tué dans une querelle honteuse! Allez l'ensevelir où vous pourrez, il n'entrera pas ici.
MARCUS. – Mon frère, c'est en vous une impiété; les exploits de mon neveu Mutius parlent en sa faveur; il doit être enseveli avec ses frères.
QUINTUS ET MARTIUS. – Il le sera, ou nous le suivrons.
TITUS. -Il le sera, dites-vous? Quel est l'insolent qui a proféré ce mot?
QUINTUS. – Celui qui le soutiendrait en tout autre lieu que celui-ci.
TITUS. – Quoi! voudriez-vous l'y ensevelir malgré moi?
MARCUS. – Non, noble Titus, mais nous te supplions de pardonner à Mutius, et de lui accorder la sépulture.
TITUS. – Marcus, c'est toi-même qui as abattu mon cimier, c'est toi qui, avec ces enfants, as blessé mon honneur: je vous tiens tous pour mes ennemis: ne m'importunez plus davantage, mais allez-vous-en.
LUCIUS. – Il est hors de lui. – Retirons-nous.
QUINTUS. – Moi, non, jusqu'à ce que les ossements de Mutius soient ensevelis.
MARCUS. – Mon frère, la nature parle dans ce titre.
QUINTUS. – Mon père, la nature parle dans ce nom.
TITUS. – Ne me parlez plus, si vous tenez à votre bonheur.
MARCUS. – Illustre Titus, toi qui es plus que la moitié de mon âme.
LUCIUS. – Mon bon père, l'âme et la vie de nous tous…
MARCUS. – Permets que ton frère Marcus enterre ici dans l'asile de la vertu son noble neveu, qui est mort dans la cause de l'honneur et de Lavinia: tu es Romain, ne sois donc pas barbare. Les Grecs, mieux conseillés, consentirent à ensevelir Ajax 7, qui s'était tué lui-même, et le sage fils de Laërte plaida éloquemment pour ses funérailles: ne refuse donc pas l'entrée de ce tombeau au jeune Mutius qui faisait ta joie.
TITUS. – Lève-toi, Marcus, lève-toi. – Le plus triste jour que j'aie vu jamais, c'est celui-ci; être déshonoré par mes enfants à Rome! Allons, ensevelissez-le… et moi après.
LUCIUS. – Cher Mutius, repose ici avec tes frères jusqu'à ce que nous venions orner ta tombe de trophées.
TOUS. – Que personne ne verse des larmes sur le noble Mutius: celui-là vit dans la renommée qui mourut pour la cause de la vertu.
MARCUS. – Mon frère, pour faire diversion à ce mortel chagrin, dis-moi comment il arrive que la rusée reine des Goths se trouve soudain la souveraine de Rome?
TITUS. – Je l'ignore, Marcus; mais je sais que cela est. Si c'était prémédité ou non, le ciel peut le dire; mais n'a-t-elle donc pas des obligations à l'homme qui l'a amenée de si loin pour monter ici à cette fortune suprême? Oui, et elle le récompensera généreusement.
SATURNINUS. – Ainsi, Bassianus, vous tenez votre conquête; que le ciel vous rende heureux avec votre belle épouse!
BASSIANUS. – Et vous, avec la vôtre, seigneur; je n'en dis pas davantage, et ne vous en souhaite pas moins; et je vous fais mes adieux.
SATURNINUS. – Traître, si Rome a des lois ou nous quelque pouvoir, toi et ta faction vous vous repentirez de ce rapt.
BASSIANUS. – Appelez-vous un rapt, seigneur, de prendre mon bien, celle qui fut ma fiancée fidèle et qui est à présent ma femme? Mais que les lois de Rome en décident; en attendant, je suis possesseur de ce qui est à moi.
SATURNINUS. – Fort bien, fort bien, vous êtes bref, seigneur, mais si nous vivons, je serai aussi tranchant avec vous.
BASSIANUS. – Seigneur, je dois répondre de ce que j'ai fait, du mieux que je pourrai, et j'en répondrai sur ma tête. Je n'ai plus qu'une chose à faire savoir à Votre Majesté; – par tous les devoirs que j'ai envers Rome, ce noble seigneur, Titus que voilà ici, est outragé dans l'opinion d'autrui et dans son honneur; lui qui, pour vous rendre Lavinia, a tué de sa propre main son plus jeune fils par zèle pour vous, et enflammé de colère de se voir traversé dans le don qu'il avait franchement fait. Rendez-lui donc vos bonnes grâces, Saturninus, à lui, qui s'est montré dans toutes ses actions le père et l'ami de Rome et de vous.
TITUS. – Prince Bassianus, laisse-moi le soin de rappeler mes actions. C'est toi, et mes fils qui m'avez déshonoré. Que Rome et le juste ciel soient mes juges, et disent combien j'ai chéri et honoré Saturninus.
TAMORA, à l'empereur. – Mon digne souverain, si jamais Tamora a pu plaire aux yeux de Votre Majesté, daignez m'entendre parler avec impartialité pour tous, et à ma prière, cher époux, pardonnez le passé.
SATURNINUS. – Quoi, madame, me voir déshonoré publiquement, et le souffrir lâchement sans en tirer vengeance!
TAMORA. – Non pas, seigneur; que les dieux de Rome me préservent d'être jamais l'auteur de votre déshonneur. Mais, sur mon honneur, j'ose protester de l'innocence du brave Titus dans ce qui s'est passé; et sa fureur, qu'il n'a pas dissimulée, atteste son chagrin. Daignez donc, à ma prière, le regarder d'un СКАЧАТЬ
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«Allusion évidente à l'