Название: La San-Felice, Tome 03
Автор: Dumas Alexandre
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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– Vous croyez que sir William consentira?..
– Je lui en parlerai, et, si cela ne suffit pas, Votre Majesté lui en fera parler par sa femme.
– Maintenant, ne craignez-vous pas que Ferrari ne passe sans que nous soyons avertis?
– Rien de plus simple que d'aller au-devant de cette crainte, et je n'ai attendu pour cela que l'agrément de Votre Majesté, ne voulant rien faire sans son ordre.
– Parlez?
– Ferrari repassera cette nuit ou demain matin à la poste de Capoue, où il a laissé son cheval; j'envoie mon secrétaire à la poste de Capoue, afin que l'on prévienne Ferrari que le roi est à Caserte et y attend des dépêches; nous restons ici cette nuit et demain toute la journée; au lieu de passer devant le château, Ferrari y entre, demande Sa Majesté et trouve sir William.
– Tout cela peut réussir, en effet, répondit la reine soucieuse, comme tout cela peut échouer.
– C'est déjà beaucoup, madame, lorsque l'on combat à chances égales, et qu'étant femme et reine, on a pour soi le hasard.
– Vous avez raison, Acton; d'ailleurs, en toute chose il faut faire la part du feu; si le feu ne prend pas tout, tant mieux; s'il prend tout, eh bien, on tâchera de l'éteindre. Envoyez votre secrétaire à Capoue et prévenez sir William Hamilton.
Et la reine, secouant sa tête encore belle, mais chargée de soucis, comme pour en faire tomber les mille préoccupations qui pesaient sur elle, rentra dans le salon d'un pas léger et le sourire sur les lèvres.
XLI
L'ACROSTICHE
Un certain nombre de personnes étaient déjà arrivées et, parmi ces personnes, les sept dames dont le nom de baptême commençait par un E. Ces sept dames étaient, comme nous l'avons dit, la princesse de Cariati, la comtesse de San-Marco, la marquise de San-Clemente, la duchesse de Termoli, la duchesse de Tursi, la marquise d'Altavilla et la comtesse de Policastro.
Les hommes étaient l'amiral Nelson et deux de ses officiers, ou plutôt deux de ses amis: le capitaine Troubridge, et le capitaine Ball; le premier, esprit charmant, plein de fantaisie et d'humour; le second, grave et roide comme un véritable Breton de la Grande-Bretagne.
Les autres invités étaient l'élégant duc de Rocca-Romana, frère de Nicolino Caracciolo, qui était loin de se douter – c'est de Nicolino que nous parlons, – qui était loin de se douter qu'un ministre et une reine prissent en ce moment tant de peines pour découvrir sa joyeuse et insouciante personnalité; le duc d'Avalos, plus habituellement appelé le marquis del Vasto, dont l'antique famille se divisa en deux branches et dont un ancêtre, capitaine de Charles-Quint, – celui-là même qui avait été fait prisonnier à Ravenne, qui avait épousé la fameuse Vittoria Colonna, et qui composa pour elle, en prison, son Dialogue de l'amour, – reçut à Pavie des mains de François Ier, vaincu, son épée, dont il ne restait plus que la garde, tandis que l'autre, sous le nom de marquis del Guasto, dont notre chroniqueur l'Étoile fait du Guast, devenait l'amant de Marguerite de France et mourait assassiné; le duc de la Salandra, grand veneur du roi, que nous verrons plus tard essayer de prendre le commandement échappé aux mains de Mack; le prince Pignatelli, à qui le roi devait laisser en fuyant la lourde charge de vicaire général, et quelques autres encore, descendants fort descendus des plus nobles familles napolitaines et espagnoles.
Tous attendaient l'arrivée de la reine et s'inclinèrent respectueusement à sa vue.
Deux choses préoccupaient Caroline dans cette soirée: faire valoir Emma Lyonna pour rendre Nelson plus amoureux que jamais, et reconnaître à son écriture la dame qui avait écrit le billet, attendu que lorsqu'on connaîtrait celle qui l'avait écrit, il ne serait pas difficile, comme l'avait fort judicieusement dit Caroline, de reconnaître celui auquel il était adressé.
Ceux-là seuls qui ont assisté à ces intimes et enivrantes soirées de la reine de Naples, soirées dont Emma Lyonna était à la fois le grand charme et le principal ornement, ont pu raconter à leurs contemporains à quel point d'enthousiasme et de délire la moderne Armide conduisait ses auditeurs et ses spectateurs. Si ses poses magiques, si sa voluptueuse pantomime avaient eu l'influence que nous avons dite sur les froids tempéraments du Nord, combien plus elles devaient électriser ces violentes imaginations du Midi, qui se passionnaient au chant, à la musique, à la poésie, qui savaient par coeur Cimarosa et Metastase! Nous avons, pour notre part, connu et interrogé, dans nos premiers voyages à Naples et en Sicile, des vieillards qui avaient assisté à ces soirées magnétiques, et nous les avons vus, après cinquante ans écoulés, frissonner comme des jeunes gens à ces ardents souvenirs.
Emma Lyonna était belle, même sans le vouloir. Que l'on comprenne ce qu'elle fut ce soir-là, où elle voulait être belle et pour la reine et pour Nelson, au milieu de tous ces élégants costumes de la fin du XVIIIe siècle, que la cour d'Autriche et celle des Deux-Siciles s'obstinaient à porter comme une protestation contre la révolution française; au lieu de la poudre qui couvrait encore ces hautes coiffures ridiculement échafaudées sur le sommet de la tête, au lieu de ces robes étriquées qui eussent étranglé la grâce de Terpsichore elle-même, au lieu de ce rouge violent qui transformait les femmes en bacchantes, Emma Lyonna, fidèle à ses traditions de liberté et d'art, portait – mode qui commençait déjà à se répandre et qu'avaient adoptée en France les femmes les plus célèbres par leur beauté, – une longue tunique de cachemire bleu clair tombant autour d'elle en plis à faire envie à une statue antique; ses cheveux flottant sur ses épaules en longues boucles laissaient transparaître, au milieu de leurs flots mouvants, deux rubis qui brillaient comme les fabuleuses escarboucles de l'antiquité; sa ceinture, don de la reine, était une chaîne de diamants précieux, qui, nouée comme une cordelière, retombait jusqu'aux genoux; ses bras étaient nus depuis la naissance de l'épaule jusqu'à l'extrémité de ses doigts, et l'un de ses bras était serré à l'épaule et au poignet par deux serpents de diamants aux yeux de rubis; l'une de ses mains, celle dont le bras était sans ornement était chargée de bagues, tandis que l'autre, au contraire, ne brillait que par l'éclatante finesse de sa peau et ses ongles effilés, dont l'incarnat transparent semblait fait de feuilles de rose, tandis que ses pieds, chaussés de bas couleur de chair, semblaient nus comme ses mains dans leurs cothurnes d'azur à lacets d'or.
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