Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ ces jours-là, mais son infanterie avait été retardée par le mauvais temps et le débordement des cours d'eau.

      Le dernier jour de juin, on partit de Wells et on traversa des plaines égales, couvertes de roseaux.

      Puis on franchit les basses collines de Polden, pour arriver à Bridgewater, où nous attendaient quelques recrues.

      Monmouth songea un instant à y faire halte et commença même à élever quelques ouvrages de terre, mais on lui fit remarquer que lors même qu'il pourrait tenir bon dans la ville, il ne s'y trouvait des provisions que pour peu de jours.

      Le pays environnant avait été nettoyé si complètement qu'on ne devait guère s'attendre à en retirer davantage.

      Les ouvrages furent donc abandonnés.

      Ainsi donc, bel et bien réduits aux abois, sans la moindre fente pour nous échapper, nous attendîmes l'approche de l'ennemi.

      III – Du grand cri qui part d'une maison isolée

      Là se terminent nos marches et contremarches monotones.

      Nous étions cette fois au pied du mur, ayant en face de nous toutes les forces du gouvernement.

      Il ne nous arrivait aucune nouvelle d'un soulèvement, d'un mouvement en notre faveur dans une partie quelconque de l'Angleterre.

      Partout, les Dissenters étaient jetés en prison, et l'Église avait le dessus.

      La milice des comtés, dans le Nord, dans l'Est, dans l'Ouest, marchait contre nous.

      Six régiments hollandais, prêtés par le Prince d'Orange, étaient arrivés à Londres et on disait qu'il y en avait d'autres en route.

      La capitale avait mis sur pied dix mille hommes.

      Partout on enrôlait, on marchait pour renforcer l'élite de l'armée anglaise, qui était déjà dans le comté de Somerset.

      Et tout cela dans le but d'écraser cinq ou six mille pieds terreux et pêcheurs, à demi armés, sans un penny, prêts à sacrifier leurs existences pour un homme et pour une idée.

      Mais c'était une idée noble, une de celles qui méritent amplement qu'on leur sacrifie tout et qu'on se dise que c'était un sacrifice bien placé.

      En effet, ces pauvres paysans auraient éprouvé de grandes difficultés à dire, dans leur langage pauvre et gauche, toutes leurs raisons, mais au plus profond de leur cœur, il y avait la certitude, le sentiment qu'ils luttaient pour la cause de l'Angleterre, qu'ils défendaient la véritable personnalité de leur pays contre ceux qui voulaient détruire les systèmes de jadis, grâce auxquels elle avait marché à la tête des nations.

      Trois ans plus tard, on vit cela clairement.

      Alors on reconnut que nos compagnons illettrés avaient aperçu et apprécié les signes du temps avec plus de justesse que ceux qui se disaient leurs supérieurs.

      Il y a, selon mon opinion, des phases du progrès humain, auxquelles convient admirablement l'Église Romaine.

      Lorsque l'intelligence d'une nation est jeune, il est peut-être préférable qu'elle ne s'occupe point d'affaires spirituelles, qu'elle s'appuie sur l'antique support de la coutume et de l'autorité.

      Mais l'Angleterre avait rejeté ses langes et était devenue une pépinière d'hommes énergiques et de penseurs, disposés à ne s'incliner devant aucune autre autorité que celle que reconnaissaient leur raison et leur conscience.

      C'était une tentative désespérée, inutile, et folle que de vouloir ramener les gens à une croyance que leur développement avait dépassée.

      Et c'était pourtant une tentative de ce genre qui se faisait, avec l'appui d'un Roi bigot, qui avait pour alliée une Église puissante et opulente.

      Trois ans plus tard, la Nation comprit cela et le Roi s'enfuit devant la colère de son peuple, mais présentement, plongé dans sa torpeur après les longues guerres civiles et le règne corrompu de Charles, la masse de la nation n'était pas en mesure de se rendre compte quel était l'enjeu.

      Elle se tourna contre ceux qui l'avertissaient, ainsi qu'un homme emporté s'en prend au porteur de fâcheuses nouvelles.

      N'y a-t-il pas de quoi s'étonner, mes chers enfants, quand on voit une pensée, qui n'était qu'une sorte de vague fantôme, prendre une forme vivante et se transformer en la réalité la plus tragique.

      À un bout de la chaîne est un roi qui s'opiniâtre dans un thème de doctrine.

      À l'autre, six mille hommes prêts à tout, persécutés, pourchassés d'un comté à l'autre, et qui, enfin, réduits aux abois, se dressent sur les landes désolées de Bridgewater, leur cœur aussi plein d'amertume et de désespoir que s'ils étaient des bêtes de proie traquées.

      La théologie d'un roi est chose dangereuse pour ses sujets.

      Mais si l'idée, pour laquelle ces pauvres gens combattaient, était digne, que dirons-nous de l'homme qui avait été choisi comme champion de leur cause?

      Hélas, fallait-il que de tels hommes eussent un tel chef!

      Oscillant contre les cimes de la confiance et les abîmes du désespoir, un jour faisant choix de ses conseillers d'état, et le lendemain parlant d'abandonner secrètement l'armée, il parût dès le premier jour possédé du démon même de l'inconstance.

      Et pourtant il avait acquis une belle réputation avant son entreprise.

      En Écosse, il avait conquis une renommée magnifique, non seulement par sa victoire, mais encore par sa modération, la pitié avec laquelle il avait traité les vaincus.

      Sur le Continent, il avait commandé une brigade anglaise d'une manière qui lui avait valu les éloges de vieux soldats de Louis et de l'Empire.

      Et pourtant, maintenant que sa tête et sa fortune étaient en jeu, il était faible, irrésolu, poltron.

      Selon le langage de mon père, «toute vertu s'était écartée de lui.»

      Je le déclare, quand je l'ai vu chevauchant au milieu de ses troupes, la tête penchée sur sa poitrine, avec la figure d'un pleureur à un enterrement, jetant une atmosphère de sombre désespoir tout autour de lui, j'ai senti qu'un pareil homme, même s'il réussissait, ne porterait jamais la couronne des Tudors ou des Plantagenets, mais qu'elle lui serait arrachée par une main plus forte, peut-être celle d'un de ses propres généraux.

      Je rendrai cette justice à Monmouth de dire que depuis le jour où il fut enfin décidé qu'on livrerait bataille, et cela pour l'excellente raison qu'il était impossible de faire autrement, il montra un caractère plus digne d'un soldat et d'un homme.

      Pendant les premiers jours de juillet, aucun moyen ne fut négligé pour donner du cœur à nos troupes et les raffermir en vue de la prochaine bataille.

      Du matin au soir, nous étions à l'œuvre, apprenant à notre infanterie à se former en masses compactes pour recevoir une charge de cavalerie, à s'appuyer les uns sur les autres, à attendre les ordres de leurs officiers.

      Le soir, les rues de la petite ville, depuis la pelouse du château jusqu'au pont sur la Parret, retentissaient de prières et de sermons.

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