Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ compagnon. Sans doute vous serez bientôt échangé contre quelqu'un de nos prisonniers.

      – Il est bien plus probable que je serai égorgé, dit-il en souriant. Je crains que Feversham, dans ses dispositions présentes, ne s'arrête guère à faire des prisonniers et Monmouth sera peut-être tenté de le payer de la même monnaie. Après tout, c'est la fortune de la guerre et je dois expier mon défaut de prudence militaire. À dire vrai, j'avais à ce moment là l'esprit bien loin des batailles et des embuscades, car il errait dans la direction de l'eau régale et de son action sur les métaux, jusqu'au moment où votre apparition m'a rappelé à l'état militaire.

      – La cavalerie est hors de vue, dit Ruben, en jetant un coup d'œil derrière lui, la nôtre aussi bien que la leur. Mais je vois un groupe d'hommes, là-bas, de l'autre côté de l'Avon, et ici, sur le flanc de la hauteur, n'apercevez-vous pas le reflet de l'acier?

      – Il y a là de l'infanterie, dis-je, en fermant à demi les yeux. Il me semble que je peux distinguer quatre ou cinq régiments et autant d'étendards de cavalerie. Il faut informer de cela, sans aucun retard, le Roi Monmouth.

      – Il est au fait, dit Ruben. Le voici là-bas, sous les arbres, entouré du conseil. Voyez, l'un d'eux arrive à cheval de ce côté-ci.

      En effet, un cavalier s'était détaché du groupe et galopait vers nous.

      – Monsieur, dit-il, en saluant, si vous êtes le Capitaine Clarke, le roi vous ordonne de vous rendre au Conseil.

      – Alors, m'écriai-je, je laisse le major sous votre garde, Ruben. Veillez à ce qu'il soit aussi bien que le comportent nos ressources.

      Sur ces mots, j'éperonnai mon cheval et je rejoignis bientôt le groupe formé autour du Roi.

      Il y avait là Grey, Wade, Buyse, Ferguson, Saxon, Hollis, et une vingtaine d'autres.

      Tous avaient l'air très grave et examinaient la vallée à l'aide de leurs longues-vues.

      Monmouth lui-même avait mis pied à terre et était adossé au tronc d'un arbre, les bras croisés sur sa poitrine, et le plus profond désespoir était peint sur sa figure.

      Derrière l'arbre, un laquais allait et venait, promenant son cheval noir à la robe lustrée, qui faisait des gambades, agitait sa magnifique crinière, comme un vrai roi de la race chevaline.

      – Vous le voyez, mes amis, dit Monmouth, promenant tour à tour sur les chefs ses yeux éteints, il semblerait que la Providence soit contre nous. Nous avons sans cesse aux talons quelque nouvelle mésaventure.

      – Ce n'est pas la Providence, Sire. C'est notre propre négligence, s'écria hardiment Saxon. Si nous avions marchés sur Bristol hier soir, nous serions à l'heure actuelle du bon côté des remparts.

      – Mais nous ne nous doutions pas que l'infanterie ennemie était si proche, s'écria Wade.

      – Je vous ai dit ce qui en résulterait et le colonel Buyse l'a dit également, ainsi que le digne Maire de Taunton, répondit Saxon. Mais je n'ai rien à gagner en pleurant sur une cruche cassée. Nous devons même faire de notre mieux pour la raccommoder.

      – Avançons sur Bristol et mettons notre confiance dans le Très-Haut, dit Ferguson. Si c'est sa puissante volonté que nous la prenions, eh bien nous y entrerons, quand même fauconneaux et sacres seraient aussi nombreux que les pavés des rues.

      – Oui, oui, en route pour Bristol! Dieu avec nous! crièrent avec ardeur plusieurs Puritains.

      – Mais c'est folie, sottise, le comble de la sottise! dit Buyse, éclatant avec violence. Vous avez l'occasion et vous ne voulez pas la saisir. Maintenant l'occasion est partie et vous voilà tous pressés de partir. Il y a là une armée forte, autant que je puis en juger, de cinq mille hommes sur la rive droite de la rivière. Nous sommes du mauvais côté et cependant vous parlez de la passer et d'assiéger Bristol sans pièces de siège, sans bêches, et avec ces forces sur nos derrières. La ville se rendra-t-elle, alors qu'elle peut voir du haut de ses remparts l'avant-garde de l'armée qui vient à son secours? Est-ce que cela nous aidera à combattre l'ennemi, que de le faire dans le voisinage d'une place forte, d'où la cavalerie et l'infanterie peuvent sortir pour faire une attaque sur notre flanc? Je le répète, c'est de la folie.

      Ce que disait le guerrier allemand était d'une vérité si évidente que les fanatiques eux-mêmes furent réduits au silence.

      Au loin dans l'est, de longues lignes d'acier brillaient, et les taches rouges, qu'on voyait sur les hauteurs vertes, étaient des arguments que les plus téméraires ne pouvaient dédaigner.

      – Alors que conseillez-vous? demanda Monmouth en frappant avec impatience de la cravache ornée de pierres précieuses sur ses bottes de cheval.

      – De passer la rivière et de les prendre corps à corps avant qu'ils aient pu recevoir des secours de la ville, dit le gros Allemand d'un ton bourru. Je ne peux pas comprendre pourquoi nous sommes ici, si ce n'est pour nous battre. Si nous gagnons la partie, la ville tombera forcément. Si nous la perdons, nous aurons toujours tenté un coup hardi et nous ne pouvons faire davantage.

      – Est-ce aussi votre opinion, Colonel Saxon? demanda le Roi.

      – Certainement, Sire, si nous pouvons livrer bataille avantageusement. Mais nous ne pouvons guère le faire en traversant la rivière, sur un seul pont étroit en face d'une armée aussi forte. Je suis d'avis de détruire le pont de Keynsham et de descendre la rive du sud pour imposer la bataille dans une position que nous pourrons choisir.

      – Nous n'avons pas encore sommé Bath, dit Wade. Faisons ce que propose le Colonel Saxon, et en attendant, marchons dans cette direction et envoyons un trompette au gouverneur.

      – Il y a encore un autre plan, dit Sir Stephen Timewell, c'est de marcher rapidement sur Gloucester, d'y passer la Severn, et alors de traverser le comté de Worcester pour se rendre dans le Shropshire et le Cheshire. Votre Majesté a bien des partisans dans ce pays-là!

      Monmouth allait et venait la main sur son front, de l'air d'un homme qui a perdu la tête.

      – Que dois-je faire? s'écria-t-il enfin, au milieu de tous ces avis contradictoires, quand je sais que de ma décision dépend non seulement mon succès, mais encore la vie de ces pauvres et fidèles paysans et gens de métier.

      – Avec les humbles égards que je dois à Votre Majesté, dit Lord Grey, qui à ce moment même revenait de la manœuvre de la cavalerie, comme il y a fort peu d'escadrons de leur cavalerie de ce côté-ci de l'Avon, je conseillerais de faire sauter le pont et de marcher sur Bath, d'où nous pourrons passer dans le Comté de Wilts, où nous savons que nous serons bien accueillis.

      – Qu'il en soit ainsi, s'écria le Roi, avec la précipitation d'un homme qui accepte un plan non point parce que c'est le meilleur, mais parce qu'il sent que tous les plans sont également sans issue. Qu'en dites-vous, gentilshommes? ajouta-t-il avec un sourire amer. J'ai reçu ce matin des nouvelles de Londres. On me dit que mon oncle a mis sous clef deux cents marchands et autres personnes suspectes de fidélité à leur religion, dans les prisons de la Tour et de la Flotte. Il lui faudra employer la moitié de la nation à garder l'autre, d'ici à peu.

      – En somme, Votre Majesté en viendra à le garder, suggéra Wade. Il pourrait bien se faire qu'il voie s'ouvrir la Porte des Maîtres un de ces matins.

      – Ha! Ha! Croyez-vous? s'écria Monmouth en se frottant les mains, pendant que sa figure s'éclairait d'un sourire. СКАЧАТЬ