Micah Clarke – Tome I. Les recrues de Monmouth. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ intérieure, à la vue de ces sombres vagues, dont les crêtes blanches avaient l'air d'un signal toujours présent pour faire invite à un jeune Anglais et le lancer à la poursuite de quelque but inconnu, mais glorieux.

      III-Sur deux amis de ma jeunesse

      Je crains, mes enfants, que vous ne trouviez le prologue trop long pour la pièce; mais il faut poser les fondations, avant d'élever l'édifice, et un récit de cette sorte serait bien piteux, bien stérile, si vous ne saviez rien des gens qui y figurent.

      Ainsi donc, patientez, pendant que je vous parlerai de mes vieux amis de jeunesse, dont quelques-uns se retrouveront dans mon histoire, dont les autres restèrent au village natal, en exerçant toutefois sur mon caractère, dès cette époque, une influence dont les traces pourraient encore se retrouver.

      Au premier rang parmi les meilleurs de ceux que j'ai connus, était Zacharie Palmer, le charpentier du village, dont le corps vieilli et déformé par le travail cachait l'âme la plus simple et la plus pure qui fût.

      Mais sa simplicité n'était pas le moins du monde le résultat de l'ignorance, car il y avait peu de systèmes qu'il n'eût étudiés et pesés, depuis les leçons de Platon jusqu'à celles de Hobbes.

      À l'époque de mon enfance, les livres étaient bien plus rares que de nos jours, les charpentiers étaient moins bien payés, mais le vieux Palmer n'avait ni femme ni enfant.

      Il dépensait peu pour sa nourriture ou son entretien.

      Ce fut ainsi qu'il arriva à avoir sur l'étagère, au-dessus de son lit, une collection de livres plus choisis – car ils étaient peu nombreux – que ceux du squire ou du curé.

      Et ces livres, il les avait lus si bien qu'il était non seulement en état de les comprendre, mais encore de les expliquer aux autres.

      Ce vénérable philosophe villageois à la barbe blanche, s'asseyait souvent par les soirs d'été devant la porte de sa chaumière, et n'était jamais plus content que quand quelques jeunes gens désertaient le jeu de boules ou des anneaux pour venir s'asseoir sur l'herbe, à ses pieds, et lui faire des questions sur les grands hommes d'autrefois, leurs paroles et leurs actions.

      Mais parmi les jeunes gens, moi et Ruben Lockarby, le fils de l'aubergiste, nous étions ceux qu'il préférait, car nous étions les premiers à venir écouter les propos du vieillard et les derniers à le quitter.

      Jamais père n'eut pour ses enfants plus d'affection qu'il ne nous en témoignait.

      Il n'épargnait aucune peine pour pénétrer jusqu'à nos intelligences primitives et porter la lumière dans ce qui nous embarrassait ou nous troublait.

      Ainsi que tous les êtres qui grandissent, nous donnâmes de la tête contre le problème de l'univers.

      Nous avions épié, guetté de nos regards d'enfants dans ces abîmes infinis où les yeux les plus clairvoyants de la race humaine n'avaient pas vu de fond.

      Et pourtant quand nous regardions ce qui nous entourait dans le monde de notre village, devant l'amertume et l'aigreur dont étaient pénétrées toutes les sectes, nous ne pouvions manquer de nous dire qu'un arbre qui portait de tels fruits devait avoir quelque tare.

      C'était une des pensées que nous n'énoncions point à nos parents, mais que nous soumettions au vieux Zacharie.

      Il avait à dire sur ce point bien des choses pour nous encourager et nous réconforter.

      – Les querelles, ces chamailleries, disait-il, ne sont que superficielles. Elles ont une source dans l'infinie variété de l'esprit humain, toujours enclin à modifier une doctrine pour l'adapter à ses habitudes de pensée. Ce qui importe, c'est le noyau poli qui se trouve au fond de toute croyance chrétienne. Si vous pouviez revivre parmi les Romains ou les Grecs, avant l'époque où fut prêchée, cette nouvelle doctrine, vous reconnaîtriez alors le changement qu'elle a accompli dans le monde. Qu'on donne tel ou tel sens à un texte, cela ne signifie rien. Ce qui est d'une importance capitale, c'est que tout homme ait une bonne, une solide raison pour mener une vie simple et pure. C'est là ce que nous a donné la foi chrétienne.

      «Je ne voudrais pas vous voir vertueux par crainte, dit-il une autre fois. L'expérience d'une longue vie m'a cependant appris que le péché est toujours puni en ce monde, quoi qu'il puisse en être dans l'autre monde. Il n'est pas de faute qu'on ne paie de sa santé, de son confortable, de sa tranquillité d'esprit. Il en est des nations comme des individus. Voyez comme les luxurieux Babyloniens furent détruits par les Perses aux mœurs frugales, et comme les mêmes Perses succombèrent sous l'épée des Grecs, lorsqu'ils eurent appris les vices de la prospérité. Lisez encore, et remarquez que les Grecs sensuels furent écrasés sous les pieds des Romains plus robustes, plus durs à la peine, et enfin que les Romains, après avoir perdu leurs vertus viriles, furent soumis par les nations du Nord. Le vice et la ruine vont toujours de compagnie. C'est ainsi que la Providence les emploie tour à tour pour châtier par l'un les folies de l'autre. Ces choses-là n'arrivent point par hasard. Elles font partie d'un grand système qui agit jusqu'en notre propre existence. Plus vous avancerez dans la vie et mieux vous verrez que le péché et la souffrance ne sont jamais loin l'un de l'autre, et qu'on dehors de la vertu, il ne peut y avoir de véritable prospérité.

      Un maître bien différent de celui-là, le loup de mer, Salomon Sprent, qui habitait l'avant-dernier cottage sur la gauche, dans la grande rue du village!

      Il appartenait à la génération des vieux marins, qui avait combattu sous le pavillon à croix rouge, contre Français, Espagnols, Hollandais, Maures, jusqu'au jour où un boulet lui avait emporté un pied et avait mis fin pour toujours à ses exploits.

      Il était maigre de corps, dur, brun, aussi leste, aussi vif qu'un chat.

      Il avait le corps court, des bras extrêmement longs, dont chacun était terminé par une grande main toujours à moitié fermée, comme si elle serrait un câble.

      Il était couvert de la tête aux pieds, des plus merveilleux tatouages, tracés en couleurs bleue, rouge et verte.

      Elle commençait par la création, sur son cou et se terminait par l'Ascension, sur sa cheville gauche.

      Jamais je n'ai vu pareille œuvre d'art ambulante.

      Il disait souvent que s'il avait été noyé, et que son corps eût été rejeté à la côte, dans quelque pays sauvage, les indigènes auraient pu apprendre tout le Saint Évangile, rien qu'en étudiant sa carcasse.

      Et pourtant je suis désolé d'avoir à dire que toute la religion du marin semblait bornée à sa peau, en sorte qu'il ne lui en restait guère pour l'usage interne.

      Elle avait fait éruption à la surface, comme la fièvre pourprée, mais sans laisser de trace dans le reste de son organisation.

      Il savait jurer en huit langues et vingt-trois dialectes, et il ne laissait pas rouiller, faute d'exercice, ses grandes facultés.

      Il jurait quand il était triste, ou quand il était content, quand il était en colère ou en disposition affectueuse, mais ses jurons n'étaient qu'une forme de langage, sans méchanceté ni amertume, au point que mon père lui-même ne pouvait se montrer bien sévère envers ce pécheur.

      Mais avec le temps, le vieillard s'assagit, et dans les dernières années de sa vie, il revint aux simples croyances de son enfance.

      Il apprit à combattre le diable avec la même fermeté, le même courage dont il avait fait preuve contre СКАЧАТЬ