Moll Flanders. Defoe Daniel
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Название: Moll Flanders

Автор: Defoe Daniel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ elle a d'autant plus besoin de charité, dit Robin; je l'ôterai de dessus les bras de la paroisse, et elle et moi nous irons mendier ensemble.

      – C'est mal de plaisanter avec ces choses, dit la mère.

      – Je ne plaidante pas, madame, dit Robin: nous viendrons implorer votre pardon, madame, et votre bénédiction, madame, et celle de mon père.

      – Tout ceci est hors de propos, fils, dit la mère; si tu es sérieux, tu es perdu.

      – J'ai bien peur que non, dit-il, car j'ai vraiment peur qu'elle ne veuille pas me prendre; après toutes les criailleries de mes sœurs, je crois que je ne parviendrai jamais à l'y persuader.

      – Voilà bien d'une belle histoire, elle n'est pas déjà partie si loin; Mme Betty n'est point une sotte, dit la plus jeune sœur, penses-tu qu'elle a appris à dire NON mieux que le reste du monde?

      – Non, madame Bel-Esprit, dit Robin, en effet, Mme Betty n'est point une sotte, mais Mme Betty peut être engagée d'une autre manière, et alors quoi?

      – Pour cela, dit la sœur aînée, nous ne pouvons rien en dire, mais à qui donc serait-elle engagée? Elle ne sort jamais; il faut bien que ce soit entre vous.

      – Je n'ai rien à répondre là-dessus, dit Robin, j'ai été suffisamment examiné; voici mon frère, s'il faut bien que ce soit entre nous, entreprenez-le à son tour.

      Ceci piqua le frère aîné au vif, et il en conclut que Robin avait découvert quelque chose, toutefois il se garda de paraître troublé:

      – De grâce, dit-il, ne va donc pas faire passer tes histoires à mon compte; je ne trafique pas de ces sortes de marchandises; je n'ai rien à dire à aucune Mme Betty dans la paroisse.

      Et, là-dessus, il se leva et décampa.

      – Non, dit la sœur aînée, je me fais forte de répondre pour mon frère, il connaît mieux le monde.

      Ainsi se termina ce discours, qui laissait le frère aîné confondu; il conclut que son frère avait tout entièrement découvert, et se mit à douter si j'y avais ou non pris part; mais, malgré toute sa subtilité, il ne put parvenir à me joindre; enfin, il tomba dans un tel embarras, qu'il en pensa désespérer et résolut qu'il me verrait quoiqu'il en advînt. En effet, il s'y prit de façon qu'un jour, après dîner, guettant sa sœur aînée jusqu'à ce qu'il la vît monter l'escalier, il court après elle.

      – Écoute, ma sœur, dit-il, où donc est cette femme malade? Est-ce qu'on ne peut pas la voir?

      – Si, dit la sœur, je crois que oui; mais laisse-moi d'abord entrer un instant, et puis je te le dirai.

      Ainsi elle courut jusqu'à ma porte et m'avertit, puis elle lui cria:

      – Mon frère, dit-elle, tu peux rentrer s'il te plaît.

      Si bien qu'il entra, semblant perdu dans la même sorte de fantaisie:

      – Eh bien, dit-il à la porte, en entrant, où est donc cette personne malade qui est amoureuse? Comment vous trouvez-vous, madame Betty?

      J'aurais voulu me lever de ma chaise, mais j'étais si faible que je ne le pus pendant un bon moment; et il le vit bien, et sa sœur aussi, et elle dit:

      – Allons, n'essayez pas de vous lever, mon frère ne désire aucune espèce de cérémonie, surtout maintenant que vous êtes si faible.

      – Non, non, madame Betty, je vous en prie, restez assise tranquillement, dit-il, – et puis s'assied sur une chaise, droit en face de moi, où il parut être extraordinairement gai.

      Il nous tint une quantité de discours vagues, à sa sœur et à moi; parfois à propos d'une chose, parfois à propos d'une autre, à seule fin de l'amuser, et puis de temps en temps revenait à la vieille histoire.

      – Pauvre madame Betty, dit-il, c'est une triste chose que d'être amoureuse; voyez, cela vous a bien tristement affaiblie.

      Enfin je parlai un peu.

      – Je suis heureuse de vous voir si gai, monsieur, dis-je, mais je crois que le docteur aurait pu trouver mieux à faire que de s'amuser aux dépens de ses patients; si je n'avais eu d'autre maladie, je me serais trop bien souvenue du proverbe pour avoir souffert qu'il me rendît visite.

      – Quel proverbe? dit-il; quoi?

      Quand amour est en l'âme,

      Le docteur est un âne.

      Est-ce que c'est celui-là, madame Betty?

      Je souris et ne dis rien.

      – Oui-dà! dit-il, je crois que l'effet a bien prouvé que la cause est d'amour; car il semble que le docteur vous ait rendu bien peu de service; vous vous remettez très lentement, je soupçonne quelque chose là-dessous, madame; je soupçonne que vous soyez malade du mal des incurables.

      Je souris et dis: «Non, vraiment, monsieur, ce n'est point du tout ma maladie.»

      Nous eûmes abondance de tels discours, et parfois d'autres qui n'avaient pas plus de signification; d'aventure il me demanda de leur chanter une chanson; sur quoi je souris et dis que mes jours de chansons étaient passés. Enfin il me demanda si je voulais qu'il me jouât de la flûte; sa sœur dit qu'elle croyait que ma tête ne pourrait le supporter; je m'inclinai et dis:

      – Je vous prie, madame, ne vous y opposez pas; j'aime beaucoup la flûte.

      Alors sa sœur dit: «Eh bien, joue alors, mon frère.» Sur quoi il tira de sa poche la clef de son cabinet:

      – Chère sœur, dit-il, je suis bien paresseux; je te prie d'aller jusque-là me chercher ma flûte; elle est dans tel tiroir (nommant un endroit où il était sûr qu'elle n'était point, afin qu'elle pût mettre un peu de temps à la recherche).

      Sitôt qu'elle fut partie, il me raconta toute l'histoire du discours de son frère à mon sujet, et de son inquiétude qui était la cause de l'invention qu'il avait faite de cette visite. Je l'assurai que je n'avais jamais ouvert la bouche, soit à son frère, soit à personne d'autre; je lui dis l'horrible perplexité où j'étais; que mon amour pour lui, et la proposition qu'il m'avait faite d'oublier cette affection et de la transporter sur un autre, m'avaient abattue; et que j'avais mille fois souhaité de mourir plutôt que de guérir et d'avoir à lutter avec les mêmes circonstances qu'avant; j'ajoutai que je prévoyais qu'aussitôt remise je devrais quitter la famille, et que, pour ce qui était d'épouser son frère, j'en abhorrais la pensée, après ce qui s'était passé entre nous, et qu'il pouvait demeurer persuadé que je ne reverrais jamais son frère à ce sujet. Que s'il voulait briser tous ses vœux et ses serments et ses engagements envers moi, que cela fut entre sa conscience et lui-même; mais il ne serait jamais capable de dire que moi, qu'il avait persuadée de se nommer sa femme, et qui lui avais donné la liberté de faire usage de moi comme d'une femme, je ne lui avais pas été fidèle comme doit l'être une femme, quoi qu'il pût être envers moi.

      Il allait répondre et avait dit qu'il était fâché de ne pouvoir me persuader, et il allait en dire davantage, mais il entendit sa sœur qui revenait, et je l'entendis aussi bien; et pourtant je m'arrachai ces quelques mots en réponse, qu'on ne pourrait jamais me persuader d'aimer un frère et d'épouser l'autre. Il secoua la tête et dit: «Alors je suis perdu.» Et sur ce point sa sœur entra dans la chambre et lui dit qu'elle ne pouvait trouver la flûte. «Eh СКАЧАТЬ