Valvèdre. Жорж Санд
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Читать онлайн книгу Valvèdre - Жорж Санд страница 7

Название: Valvèdre

Автор: Жорж Санд

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ dominé par la sensation, n'a pas le loisir de savourer et de résumer. Familiarisé avec la sublimité des montagnes et occupé de surprendre les mystères de la végétation, Obernay me paraissait moins enivré et plus heureux que moi. Il était sans fièvre et sans cris, tandis que je n'étais que vertige et transports.

      Vers trois heures de l'après-midi, comme il parlait d'escalader encore une banquette de roches terribles pour chercher un petit saxifrage rarissimus qui devait se trouver par là, je lui avouai que je me sentais très-fatigué, et que je me mourais de faim, de chaud et de soif.

      – Au fait, cela doit être, répondit-il. Je suis un égoïste, je ne songe pas que toute chose exige un apprentissage, et que tu ne seras pas bon marcheur dans ce pays-ci avant huit ou dix jours de fatigues progressives. Tu me permettras d'aller chercher mon saxifrage; il est un peu tard dans la saison, et je crains fort de le trouver tout en graines, si je remets la chose à demain. Peut-être, ce soir, trouverai-je encore quelques corolles ouvertes. Je te rejoindrai à Saint-Pierre, à l'heure du dîner. Toi, tu vas suivre le sentier où nous sommes; il te conduira sans danger et sans fatigue, dans dix minutes tout au plus, à un chalet caché derrière le gros rocher qui nous fait face. Tu trouveras là du lait à discrétion. Tu descendras ensuite vers la vallée en prenant toujours à gauche, et tu regagneras notre gîte en flânant le long du torrent. Le chemin est bon, et tu seras en pleine ombre.

      Nous nous séparâmes, et, après m'être désaltéré et reposé un quart d'heure au chalet indiqué, je descendis vers la vallée. Le sentier était fort bon, en comparaison de ceux qu'Obernay m'avait fait parcourir, mais si étroit, que, lorsque je m'y rencontrais avec des troupeaux défilant tête par tête à mes côtés, je devais leur céder le pas et grimper sur des talus plus ou moins accessibles, pour n'être pas précipité dans une profonde coupure à pic qui rasait le bord opposé. J'avais réussi à me préserver, lorsque, me trouvant dans un des passages les plus étranglés, j'entendis derrière moi un bruit de sonnettes régulièrement cadencé. C'était une bande de mulets chargés que je me mis tout de suite en mesure de laisser passer. A cet effet, j'avisai une roche qui me mettait de niveau avec la tête de ces bêtes imperturbables, et je m'y assis pour les attendre. La vue était magnifique, mais la petite caravane qui approchait absorba bientôt toute mon attention.

      En tête, une mule assez pittoresquement caparaçonnée à l'italienne, et menée en main par un guide à pied, portait une femme drapée dans un léger burnous blanc. Derrière ce groupe venait un groupe à peu près semblable, un guide, un mulet, et sur le mulet une autre femme plus grande ou plus svelte que la première, coiffée d'un grand chapeau de paille et vêtue d'une amazone grise. Un troisième guide, conduisant un troisième mulet et une troisième femme qui avait l'air d'une soubrette, était suivi de deux autres mulets portant des bagages, et d'un quatrième guide qui fermait la marche avec un domestique à pied.

      J'eus tout le temps d'examiner ce personnel, qui descendait lentement vers moi; je pouvais très-bien distinguer les figures, sauf celle de la dame en burnous dont le capuchon était relevé, et ne laissait à découvert qu'un oeil noir étrange et assez effrayant. Cet oeil se fixa sur le mien au moment où la voyageuse se trouva près de moi, et elle arrêta brusquement sa monture en tirant sur la bride, au point de faire trébucher le guide, et au risque de le faire tomber dans le précipice. Elle ne parut pas s'en soucier, et, m'adressant la parole d'une voix assez dure, elle me demanda si j'étais du pays. Sur ma réponse négative, elle allait passer outre, lorsque la curiosité me fit ajouter que j'y étais depuis deux jours, et que, si elle avait besoin d'un renseignement, j'étais peut-être à même de le lui donner.

      – Alors, reprit-elle, je vous demanderai si vous avez entendu dire que le comte de Valvèdre fût dans les environs.

      – Je sais qu'un M. de Valvèdre est à cette heure en excursion sur le mont Rose.

      – Sur le mont Rose? tout en haut?

      – Dans les glaciers, voilà tout ce que je sais.

      – Ah! je devais m'attendre à cela! dit la dame avec un accent de dépit.

      – Oh! mon Dieu! ajouta la seconde amazone, qui s'était approchée pour écouter mes réponses, voilà ce que je craignais!

      – Rassurez-vous, mesdames; le temps est magnifique, le sommet très-clair, et personne n'est inquiet de l'expédition. Tout fait croire aux gens du pays qu'elle ne sera pas dangereuse.

      – Je vous remercie pour votre bon augure, répondit cette personne à la figure ouverte et à la voix douce; madame de Valvèdre et moi, sa belle-soeur, nous vous en savons gré.

      Mademoiselle de Valvèdre m'adressa ce doux remerciement en passant devant moi pour suivre sa belle-soeur, qui s'était déjà remise en marche. Je suivis des yeux le plus longtemps possible la surprenante apparition. Madame de Valvèdre se retourna, et, dans ce mouvement, je vis son visage tout entier. C'était donc là cette femme qui avait tant piqué ma curiosité, grâce aux réticences dédaigneuses d'Obernay! Elle ne me plaisait point. Elle me paraissait maigre et colorée, deux choses qui jurent ensemble. Son regard était dur et sa voix aussi, ses manières brusques et nerveuses. Ce n'était pas là un type que j'eusse jamais rêvé; mais comme, en revanche, mademoiselle de Valvèdre me semblait douce et d'une grâce sympathique! D'où vient qu'Obernay ne m'avait point dit que son ami eût une soeur? L'ignorait-il? ou bien était-il amoureux d'elle et jaloux de son secret au point de ne vouloir pas seulement laisser deviner l'existence de la personne aimée?

      Je doublai le pas, et j'arrivai au hameau peu d'instants après les voyageuses. Madame de Valvèdre était déjà devenue invisible; mais sa belle-soeur errait encore par les escaliers, s'enquérant de toutes choses relatives à l'excursion de son frère. Dès qu'elle me vit, elle me questionna d'un air de confiance en me demandant si je ne connaissais pas Henri Obernay.

      – Oui, sans doute, répondis-je, il est mon meilleur ami.

      – Oh! alors, reprit-elle avec abandon, vous êtes Francis Valigny, de Bruxelles, et sans doute vous me connaissez déjà, moi? Il a dû vous dire que j'étais sa fiancée?

      – Il ne me l'a pas dit encore, répondis-je un peu troublé d'une si brusque révélation.

      – C'est qu'il attendait ma permission, apparemment. Eh bien, vous lui direz que je l'autorise à vous parler de moi, pourvu qu'il vous dise de moi autant de bien qu'il m'en a dit de vous; mais vous, monsieur Valigny, parlez-moi de mon frère et de lui!.. Est-ce bien vrai qu'ils ne sont pas en danger?

      Je lui appris qu'Obernay n'avait suivi M. de Valvèdre que pendant une nuit, et qu'il allait rentrer.

      – Mais, ajoutai-je, devez-vous être inquiète à ce point de votre frère? N'êtes-vous pas habituée à le voir entreprendre souvent de pareilles courses?

      – Je devrais m'y habituer, répondit-elle simplement.

      En ce moment, madame de Valvèdre la fit appeler par une soubrette italienne d'accent et très-jolie de type. Mademoiselle de Valvèdre me quitta en me disant:

      – Allez donc voir si Henri revient de sa promenade, et apprenez-lui que Paule vient d'arriver.

      – Allons, pensai-je, silence à tout jamais devant elle, mon pauvre étourdi de coeur! Tu dois être le frère et rien que le frère de cette charmante fille. D'ailleurs, tu serais bien ridicule de vouloir lutter contre un rival aimé, et sans doute plus que toi digne de l'être. N'es-tu pas déjà un peu coupable d'avoir tressailli légèrement au frôlement de cette robe virginale?

      Obernay arrivait; je courus au-devant de lui pour l'avertir de l'événement. Sa figure rose passa au vermillon le plus vif, puis le sang se retira tout СКАЧАТЬ