Quentin Durward. Вальтер Скотт
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Название: Quentin Durward

Автор: Вальтер Скотт

Издательство: Public Domain

Жанр: Историческая фантастика

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СКАЧАТЬ lisons, ajouta-t-il, comme nous écoutons les plaisanteries débitées par un comédien, ou comme nos ancêtres écoutaient celles d'un bouffon de profession, dont ils s'amusaient, quoiqu'ils eussent été bien fâchés de les entendre sortir de la bouche d'un homme qui aurait eu de meilleurs droits pour être admis dans leur société.

      Cette déclaration me rappela complètement à ma prudence ordinaire; et je craignis tellement de me laisser surprendre, que je n'osai pas même expliquer au digne aristocrate, mon ami, que l'individu qu'il avait nommé devait son avancement, à ce que j'avais entendu dire, à certains ouvrages qu'on pouvait, sans lui faire injure, comparer à des romans en vers.

      La vérité est qu'indépendamment de quelques autres préjugés injustes auxquels j'ai déjà fait allusion, le marquis avait contracté une horreur mêlée de mépris pour toute espèce d'écrivains, à l'exception peut-être de ceux qui composent un volume in-folio sur la jurisprudence ou la théologie; et il regardait l'auteur d'un roman, d'une nouvelle, d'un poème, ou d'un ouvrage de critique, comme on regarde un reptile venimeux, c'est-à-dire avec crainte et dégoût. – L'abus de la presse, disait-il, surtout dans ses productions, les plus légères, a empoisonné en Europe toutes les sources de la morale, et regagne encore peu à peu une influence nouvelle après avoir été réduite au silence par le bruit de la guerre. – Il regardait tous les écrivains, excepté ceux du plus gros et du plus lourd calibre, comme dévoués à la mauvaise cause, depuis Rousseau et Voltaire, jusqu'à Pigault-Lebrun et l'auteur des romans écossais, quoiqu'il convînt qu'il les lisait pour passer le temps; cependant, comme Pistol mangeant son poireau[14], il ne dévorait l'histoire qu'en exécrant la tendance de l'ouvrage qui l'occupait. Cette observation me fit reculer le franc aveu que ma vanité avait projeté de faire, et j'amenai le marquis à de nouvelles remarques sur le château de ses ancêtres. – Ici, me dit-il, était le théâtre sur lequel mon père obtint plus d'une fois un ordre pour faire paraître quelques-uns des principaux acteurs de la Comédie-Française, quand le roi et madame de Pompadour venaient l'y voir, ce qui lui arriva plus d'une fois. Là-bas, plus au centre, était la salle baronniale, où le seigneur exerçait sa juridiction féodale, quand son bailli avait quelque criminel à juger, car nous avions, comme vos anciens nobles écossais, le droit de haute et basse justice, fossa cum furcâ, comme le disent les juristes. En dessous est la chambre de la question, c'est-à-dire où l'on donnait la torture; et véritablement je suis fâché qu'un droit si sujet à abus ait jamais été accordé à personne. Mais, ajouta-t-il avec un air de dignité que semblait même augmenter le souvenir des atrocités que ses ancêtres avaient commises dans le souterrain dont il me montrait les soupiraux grillés, – tel est l'effet de la superstition, que même encore aujourd'hui, les paysans n'osent approcher de ces cachots dans lesquels on dit que le courroux de mes aïeux commit plus d'un acte de cruauté.

      Comme nous approchions de la fenêtre, et que je montrais quelque curiosité de voir ce séjour de terreur, nous entendîmes sortir des éclats de rire de cet abîme souterrain, et nous découvrîmes aisément qu'ils partaient d'un groupe d'enfans qui s'étaient emparés de ce caveau abandonné, pour y jouer à Colin-Maillard.

      Le marquis fut un peu déconcerté, et il eut recours à sa tabatière; mais il se remit sur-le-champ. – Ce sont les enfans de Madelon, dit-il, et ils se sont familiarisés avec ces voûtes qui inspirent la terreur au reste des habitans. D'ailleurs, pour vous dire la vérité, ces pauvres enfans sont nés depuis l'époque des prétendues lumières qui ont banni la superstition et la religion en même temps; cela me fait penser à vous dire que c'est aujourd'hui un jour maigre. Je n'ai d'autres convives que vous et le curé de ma paroisse, et je ne blesserais pas volontiers ses opinions. D'ailleurs, ajouta-t-il d'un ton plus ferme et perdant toute contrainte: l'adversité m'a donné sur ce sujet d'autres idées que celles qu'inspire la prospérité; et je remercie le ciel de ne pas rougir en vous avouant que je suis les commandemens de mon église.

      Je me hâtai de lui répondre que, quoiqu'ils pussent différer de ceux de la mienne, j'avais tout le respect convenable pour les réglemens religieux de chaque communion chrétienne, sachant que nous nous adressions au même Dieu, adoré d'après le même principe de la rédemption, quoique sous des formes différentes; et que, s'il avait plu au Tout-Puissant de ne pas permettre cette variété de cultes, nos devoirs nous auraient été prescrits aussi distinctement qu'ils l'étaient sous la loi de Moïse.

      Le marquis n'avait pas l'habitude de secouer la main[15], mais en cette occasion il saisit la mienne et la secoua cordialement. C'était peut-être la seule manière qu'un zélé catholique pût ou dût employer pour me faire sentir qu'il acquiesçait à mes sentimens.

      Ces explications, ces remarques et celles auxquelles donnèrent encore lieu les ruines étendues du château, nous occupèrent pendant deux ou trois tours que nous fîmes sur la longue terrasse, et pendant un quart d'heure que nous restâmes dans un petit pavillon, dont le toit en voûte était encore en assez bon état, quoique le ciment fût détaché sur les côtés.

      – C'est ici, dit-il en reprenant le ton de la première partie de notre entretien, que j'aime à venir m'asseoir à midi pour y trouver un abri contre la chaleur, ou le soir pour voir les rayons du soleil couchant s'éteindre dans les belles eaux de la Loire. C'est ici que, comme le dit votre grand poète, avec lequel, quoique Français, je suis plus familier que bien des Anglais, j'aime à m'asseoir,

      Montrant le code d'une imagination douce et amère[16].

      J'eus grand soin de ne pas protester contre cette variante d'un passage bien connu de Shakspeare, car je présume que notre grand poète aurait perdu quelque chose dans l'opinion d'un juge aussi délicat que le marquis, si je lui avais prouvé que, suivant toutes les autres autorités, il a écrit:

      Ruminant les pensées d'une imagination douce et amère[17].

      D'ailleurs notre première discussion littéraire me suffisait, étant convaincu depuis long-temps (quoique je ne l'aie été que dix ans après être sorti du collège d'Édimbourg) que l'art de la conversation ne consiste pas à montrer des connaissances supérieures dans des objets de peu d'importance, mais à augmenter, à corriger, à perfectionner ce qu'on peut savoir, en profitant de ce que savent les autres… Je laissai donc le marquis montrer son code suivant son bon plaisir, et j'en fus récompensé par une dissertation savante et bien raisonnée qu'il entama sur le style fleuri d'architecture introduit en France pendant le dix-septième siècle. Il en démontra le mérite et les défauts avec beaucoup de goût; et après avoir ainsi parlé de sujets semblables à celui qui m'a fait faire une digression quelques pages plus haut, il fit en leur faveur un appel d'un autre genre, fondé sur les idées que leur vue faisait naître.

      – Qui pourrait détruire sans remords les terrasses du château de Sully? me dit-il. Pouvons-nous les fouler aux pieds sans nous rappeler cet homme d'état aussi distingué par une intégrité sévère que par la force et l'infaillible sagacité de son jugement? Si elles étaient moins larges, moins massives, ou si l'uniformité solennelle en était dénaturée, pourrions-nous supposer qu'elles furent le théâtre de ses méditations, patriotiques? Pouvons-nous nous figurer le duc sur un fauteuil, la duchesse sur un tabouret, dans un salon moderne, donnant des leçons de courage et de loyauté à leurs fils, de modestie et de soumission à leurs filles, celles d'une morale rigide aux uns et aux autres, tandis qu'un cercle de jeune noblesse les écoute avec attention, les yeux modestement baissés, sans parler, sans s'asseoir, à moins de l'ordre exprès donné par Sully lui-même? Non, monsieur, détruisez le pavillon royal dans lequel cette édifiante scène de famille se passait, et vous éloignez de l'esprit la vraisemblance et la vraie couleur d'un tel tableau. Pouvez-vous vous figurer ce pair, ce patriote distingué, se promenant dans un jardin à l'anglaise? Autant vaudrait vous le représenter en frac bleu et en gilet blanc, СКАЧАТЬ



<p>14</p>

Le jour de Saint-David les Gallois ornaient leurs chapeaux d'un poireau, en mémoire de la victoire d'Azincourt; leur poste dans cette bataille avait été dans un jardin potager, où ils s'étaient parés de cette espèce de cocarde. Dans la pièce d'Henri V, Shakspeare introduit le capitaine gallois Fluellen, qui tient aux usages nationaux et se voit en butte aux quolibets de Pistol, faux brave et vantard, qu'il force à manger le poireau dont il s'est moqué, on exprimant un dégoût prononcé pour ce végétal. – (Note de l'éditeur.)

<p>15</p>

Suivant l'usage des Anglais. – (Note de l'éditeur.)

<p>16</p>

Shewing the code of sweet and bitter fancy.

<p>17</p>

Chewing the cud of sweet and bitter fancy. C'est-à-dire, «Se livrant aux prestiges tour à tour tristes et rians de l'imagination.» En fait de traduction, comme on voit, la lettre tue et l'esprit vivifie. – Je ne sais trop si ces passages sont même fort piquans en anglais. Du reste, il faut ajouter que l'erreur du marquis vient de ce que shewing the code et Chewing the cud semblent prononcés à peu près de la même manière pour l'oreille d'un étranger. – (Note de l'éditeur.)