Les grandes espérances. Чарльз Диккенс
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Название: Les grandes espérances

Автор: Чарльз Диккенс

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ comme pour choisir un os à sa convenance. Jamais je n'ai été aussi surpris de ma vie, que lorsqu'après lui avoir assené mon premier coup, je le vis couché sur le dos, me regardant avec son nez tout sanglant et me présentant son visage en raccourci.

      Il se releva immédiatement, et après s'être épongé avec une dextérité vraiment remarquable, il recommença à me toiser. La seconde surprise manifeste que j'éprouvai dans ma vie, ce fut de le voir sur le dos une deuxième fois, me regardant avec un œil tout noir.

      Son courage m'inspirait un grand respect: il n'avait pas de force, ne tapait pas bien dur, et de plus, je renversais à chaque coup; mais il se relevait en un moment, s'épongeait ou buvait à même la bouteille, en se soignant lui-même avec une satisfaction apparente et un air triomphant qui me faisaient croire qu'il allait enfin me donner quelque bon coup. Il fut bientôt tout meurtri; car, j'ai regret à le dire, plus je frappais, et plus je frappais fort; mais il se releva, et revint sans cesse à la charge, jusqu'au moment où il reçut un mauvais coup qui l'envoya rouler la tête contre le mur: encore après cela, se releva-t-il en tournant rapidement sur lui-même, sans savoir où j'étais; puis enfin, il alla chercher à genoux son éponge et la jeta en l'air en poussant un grand soupir et en disant:

      «Cela signifie que tu as gagné!»

      Il paraissait si brave et si loyal que, bien que je n'eusse pas cherché la querelle, ma victoire ne me donnait qu'une médiocre satisfaction. Je crois même me rappeler que je me regardais moi-même comme une espèce d'ours ou quelque autre bête sauvage. Cependant, je m'habillai en essuyant par intervalle mon visage sanglant, et je lui dis:

      «Puis-je vous aider?»

      Et il me répondit:

      «Non, merci!»

      Ensuite, je lui dis:

      «Je vous souhaite une bonne après-midi.»

      Et il me répondit:

      «Moi de même.»

      En arrivant dans la cour, je trouvai Estelle, attendant avec ses clefs; mais elle ne me demanda ni où j'avais été, ni pourquoi je l'avais fait attendre. Son visage rayonnait comme s'il lui était arrivé quelque chose d'heureux. Au lieu d'aller droit à la porte, elle s'arrêta dans le passage pour m'attendre.

      «Viens ici!.. tu peux m'embrasser si tu veux.»

      Je l'embrassai sur la joue qu'elle me tendait. Je crois que je serais passé dans le feu pour l'embrasser; mais je sentais que ce baiser n'était accordé à un pauvre diable tel que moi que comme une menue pièce de monnaie, et qu'il ne valait pas grand'chose.

      Les visiteurs, les cartes et le combat m'avaient retenu si longtemps que, lorsque j'approchai de la maison, les dernières lueurs du soleil disparaissaient derrière les marais, et le fourneau de Joe faisait flamboyer une longue trace de feu au travers de la route.

      CHAPITRE XII

      Je n'étais pas fort rassuré sur le compte du jeune homme pâle. Plus je pensais au combat, plus je me rappelais les traits ensanglantés de ce jeune homme, plus je sentais qu'il devait m'être fait quelque chose pour l'avoir mis dans cet état. Le sang de ce jeune homme retomberait sur ma tête, et la loi le vengerait. Sans avoir une idée bien positive de la peine que j'encourais, il était évident pour moi que les jeunes gars du village ne devaient pas aller dans les environs ravager les maisons des gens bien posés et rosser les jeunes gens studieux de l'Angleterre sans attirer sur eux quelque punition sévère. Pendant plusieurs jours, je restai enfermé à la maison, et je ne sortis de la cuisine qu'après m'être assuré que les policemen du comté n'étaient pas à mes trousses, tout prêts à s'élancer sur moi. Le nez du jeune homme pâle avait tâché mon pantalon, et je profitai du silence de la nuit pour laver cette preuve de mon crime. Je m'étais écorché les doigts contre les dents du jeune homme, et je torturais mon imagination de mille manières pour trouver un moyen d'expliquer cette circonstance accablante quand je serais appelé devant les juges.

      Quand vint le jour de retourner au lieu témoin de mes actes de violence, me terreurs ne connurent plus de bornes. Les envoyés de la justice venus de Londres tout exprès ne seraient-ils pas en embuscade derrière la porte? Miss Havisham ne voudrait-elle pas elle-même tirer vengeance d'un crime commis dans sa maison, et n'allait-elle pas se lever sur moi, armée d'un pistolet et m'étendre mort à ses pieds? N'aurait-on pas soudoyé une bande de mercenaires pour tomber sur moi dans la brasserie et me frapper jusqu'à la mort? J'avais, je dois le dire, une assez haute opinion du jeune homme pâle pour le croire étranger à toutes ces machinations; elles se présentaient à mon esprit, ourdies par ses parents, indignés de l'état de son visage et excités par leur grand amour pour ses traits de famille.

      Quoi qu'il en soit, je devais aller chez miss Havisham, et j'y allai. Chose étrange! rien de notre lutte n'avait transpiré, on n'y fit pas la moindre allusion, et je n'aperçus pas le plus petit homme, jeune ou pâle! Je retrouvai la même porte ouverte, j'explorai le même jardin, je regardai par la même fenêtre, mais mon regard se trouva arrêté par des volets fermés intérieurement. Tout était calme et inanimé. Ce fut seulement dans le coin où avait eu lieu le combat que je pus découvrir quelques preuves de l'existence du jeune homme; il y avait là des traces de sang figé, et je les couvris de terre pour les dérober aux yeux des hommes.

      Sur le vaste palier qui séparait la chambre de miss Havisham de l'autre chambre où était dressée la longue table, je vis une chaise de jardin, une de ces chaises légères montées sur des roues et qu'on pousse par derrière. On l'avait apportée là depuis ma dernière visite, et dès ce moment je fus chargé de pousser régulièrement miss Havisham, dans cette chaise, autour de sa chambre et autour de l'autre, quand elle se trouvait fatiguée de me pousser par l'épaule. Nous faisions ces voyages d'une chambre à l'autre sans interruption, quelquefois pendant trois heures de suite. Ces voyages ont dû être extrêmement nombreux, car il fut décidé que je viendrais tous les deux jours à midi pour remplir ces fonctions, et je me rappelle très bien que cela dura au moins huit ou dix mois.

      À mesure que nous nous familiarisions l'une avec l'autre, miss Havisham me parlait davantage et me faisait quelquefois des questions sur ce que je savais et sur ce que je comptais faire. Je lui dis que j'allais être l'apprenti de Joe; que je ne savais rien, et que j'avais besoin d'apprendre toute chose, avec l'espoir qu'elle m'aiderait à atteindre ce but tant désiré. Mais elle n'en fit rien; au contraire, elle semblait préférer me voir rester ignorant. Elle ne me donnait jamais d'argent, mais seulement mon dîner, et elle ne parla même jamais de me payer mes services.

      Estelle était toujours avec nous; c'était toujours elle qui me faisait entrer et sortir, mais elle ne m'invita plus jamais à l'embrasser. Quelquefois elle me tolérait, d'autres fois elle me montrait une certaine condescendance; tantôt elle était très familière avec moi, tantôt elle me disait énergiquement qu'elle me haïssait. Miss Havisham me demandait quelquefois tout bas et quand nous étions seuls: «Pip, n'est-elle pas de plus en plus jolie?» Et quand je lui répondais: «Oui,» ce qui était vrai, elle semblait s'en réjouir secrètement. Aussi, tandis que nous jouions aux cartes, miss Havisham nous regardait avec un bonheur d'avare, quels que pussent être les caprices d'Estelle. Et quand ces caprices devenaient si nombreux et si contradictoires que je ne savais plus que dire ni que faire, miss Havisham l'embrassait avec amour et lui murmurait dans l'oreille quelque chose qui sonnait comme ceci: «Désespérez-les tous, mon orgueil et mon espoir!.. désespérez-les tous sans remords!»

      Il y avait une chanson dont Joe se plaisait à fredonner des fragments pendant son travail, elle avait pour refrain: le vieux Clem. C'était, à vrai dire, une singulière manière de rendre hommage à un saint patron; mais, je crois bien que le vieux Clem lui-même ne se gênait pas beaucoup avec ses forgerons. C'était une chanson СКАЧАТЬ