Les grandes espérances. Чарльз Диккенс
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Название: Les grandes espérances

Автор: Чарльз Диккенс

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ elle me conduisit dans une partie de la maison qui m'était complètement inconnue.

      Le corridor était très long, et semblait faire tout le tour de Manor House. Arrivée à une des extrémités, elle s'arrêta, déposa à terre sa chandelle et ouvrit une porte. Ici le jour reparut, et je me trouvai dans une petite cour pavée, dont la partie opposée était occupée par une maison séparée, qui avait dû appartenir au directeur ou au premier employé de la défunte brasserie. Il y avait une horloge au mur extérieur de cette maison. Comme la pendule de la chambre de miss Havisham et comme la montre de miss Havisham, cette horloge était arrêtée à neuf heures moins vingt minutes.

      Nous entrâmes par une porte qui se trouvait ouverte dans une chambre sombre et très basse de plafond. Il y avait quelques personnes dans cette chambre; Estelle se joignit à elles en me disant:

      «Tu vas rester là, mon garçon, jusqu'à ce qu'on ait besoin de toi.»

      «Là,» était la fenêtre, je m'y accoudai, et je restai «là,» dans un état d'esprit très désagréable, et regardant au dehors.

      La fenêtre donnait sur un coin du jardin fort misérable et très négligé, où il y avait une rangée de vieilles tiges de choux et un grand buis qui, autrefois, avait été taillé et arrondi comme un pudding; il avait à son sommet de nouvelles pousses de couleur différente, qui avaient altéré un peu sa forme, comme si cette partie du jardin avait touché à la casserole et s'était roussie. Telle fut, du moins, ma première impression, en contemplant cet arbre. Il était tombé un peu de neige pendant la nuit; partout ailleurs elle avait disparu, mais là elle n'était pas encore entièrement fondue, et, à l'ombre froide de ce bout de jardin, le vent la soufflait en petits flocons qui venaient fouetter contre la fenêtre, comme s'ils eussent voulu entrer pour me lapider.

      Je m'aperçus que mon arrivée avait arrêté la conversation, et que les personnes qui se trouvaient réunies dans cette pièce avaient les yeux fixés sur moi. Je ne pouvais rien voir, excepté la réverbération du feu sur les vitres, mais je sentais dans les articulations une gêne et une roideur qui me disaient que j'étais examiné avec une scrupuleuse attention.

      Il y avait dans cette chambre trois dames et un monsieur. Je n'avais pas été cinq minutes à la croisée, que, d'une manière ou d'une autre, ils m'avaient tous laissé voir qu'ils n'étaient que des flatteurs et des hâbleurs; mais chacun prétendait ne pas s'apercevoir que les autres étaient des flatteurs et des hâbleurs, parce que celui ou celle qui aurait admis ce soupçon aurait pu être accusé d'avoir les mêmes défauts.

      Tous avaient cet air inquiet et triste, de gens qui attendent le bon plaisir de quelqu'un, et la plus bavarde des dames avait bien de la peine à réprimer un bâillement, tout en parlant. Cette dame, qui avait nom Camille, me rappelait ma sœur, avec cette différence qu'elle était plus âgée, et que son visage, au premier coup d'œil, m'avait paru avoir des traits plus grossiers. Je commençais à penser que c'était une grâce du ciel si elle avait des traits quelconques, tant était haute et pâle la muraille inanimée que présentait sa face.

      «Pauvre chère âme! dit la dame avec une vivacité de manières tout à fait semblable à celle de ma sœur. Il n'a d'autre ennemi que lui-même.

      – Il serait bien plus raisonnable d'être l'ennemie de quelqu'un, dit le monsieur; bien plus naturel!

      – Mon cousin John, observa une autre dame, nous devons aimer notre prochain.

      – Sarah Pocket, repartit le cousin John, si un homme n'est pas son propre prochain, qui donc l'est?»

      Mis Pocket se mit à rire; Camille rit aussi, et elle dit en réprimant un bâillement:

      «Quelle idée!»

      Mais ils pensèrent, à ce que je crois, que cela était aussi une bien bonne idée. L'autre dame, qui n'avait pas encore parlé, dit avec emphase et gravité:

      «C'est vrai!.. c'est bien vrai!

      – Pauvre âme! continua bientôt Camille (je savais qu'en même temps tout ce monde-là me regardait). Il est si singulier! croirait-on que quand la femme de Tom est morte, il ne pouvait pas comprendre l'importance du deuil que doivent porter les enfants? «Bon Dieu!» disait-il, «Camille, à quoi sert de mettre en noir les pauvres petits orphelins?.. Comme Mathew! Quelle idée!..

      – Il y a du bon chez lui, dit le cousin John, il y a du bon chez lui; je ne nie pas qu'il n'y ait du bon chez lui, mais il n'a jamais eu, et n'aura jamais le moindre sentiment des convenances.

      – Vous savez combien j'ai été obligée d'être ferme, dit Camille. Je lui ai dit: «Il faut que cela soit, pour «l'honneur de la famille!» Et je lui ai répété que si l'on ne portait pas le deuil, la famille était déshonorée. Je discourai là-dessus, depuis le déjeuner jusqu'au dîner, au point d'en troubler ma digestion. Alors il se mit en colère et, en jurant, il me dit: «Eh bien! faites «comme vous voudrez!» Dieu merci, ce sera toujours une consolation pour moi de pouvoir me rappeler que je sortis aussitôt, malgré la pluie qui tombait à torrents, pour acheter les objets de deuil.

      – C'est lui qui les a payés, n'est-ce pas? demanda Estelle.

      – On ne demande pas, ma chère enfant, qui les a payés, reprit Camille; la vérité, c'est que je les ai achetées, et j'y penserai souvent avec joie quand je serai forcée de me lever la nuit.»

      Le bruit d'une sonnette lointaine, mêlé à l'écho d'un bruit ou d'un appel venant du couloir par lequel j'étais arrivé, interrompit la conversation et fit dire à Estelle:

      «Allons, mon garçon!»

      Quand je me retournai, ils me regardèrent tous avec le plus souverain mépris, et, en sortant, j'entendis Sarah Pocket qui disait:

      «J'en suis certaine. Et puis après?»

      Et Camille ajouta avec indignation:

      «A-t-on jamais vu pareille chose! Quelle i… dé… e…»

      Comme nous avancions dans le passage obscur, Estelle s'arrêta tout à coup en me regardant en face, elle me dit d'un ton railleur en mettant son visage tout près du mien:

      «Eh bien?

      – Eh bien, mademoiselle?» fis-je en me reculant.

      Elle me regardait et moi je la regardais aussi, bien entendu.

      «Suis-je jolie?

      – Oui, je vous trouve très jolie.

      – Suis-je fière?

      – Pas autant que la dernière fois, dis-je.

      – Pas autant?

      – Non.»

      Elle s'animait en me faisant cette dernière question, et elle me frappa au visage de toutes ses forces.

      «Maintenant, dit-elle, vilain petit monstre, que penses-tu de moi?

      – Je ne vous le dirai pas.

      – Parce que tu vas le dire là-haut… Est-ce cela?

      – Non! répondis-je, ce n'est pas cela.

      – Pourquoi ne pleures-tu plus, petit misérable?

      – Parce СКАЧАТЬ