Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11
Автор: George Gordon Byron
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/32509
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Dans le fait, les circonstances sans exemple qui accompagnèrent cette séparation, les dernières paroles pleines d'enjouement et d'affection que la femme, adressa au mari en le quittant, tandis que l'époux abandonné ne cessa de parler de sa femme avec les plus tendres éloges, nous prouvent assez qu'au moment où ils se séparèrent, ils ne pouvaient éprouver, l'un contre l'autre, aucun ressentiment bien profond. Ce ne fut qu'après, qu'une force répulsive agit sur ces deux cœurs, lorsque la partie qui avait fait le premier pas décisif crut son orgueil engagé à persévérer avec dignité dans cette même route, et que cette inflexibilité provoqua, comme on devait s'y attendre, dans l'ame fière de l'autre, un profond ressentiment qui finit par se manifester par l'amertume et le dédain. S'il est néanmoins quelque vérité dans cet axiome qui dit «que ceux qui ont commis l'offense ne pardonnent jamais,» Lord Byron, qui fut, jusqu'au dernier moment, disposé à une réconciliation, prouva du moins que sa conscience ne lui reprochait pas de torts bien graves comme agresseur.
Mais quoiqu'il eût été difficile peut-être aux victimes de cette désunion, d'en indiquer ou d'en définir une seule cause, outre cette incompatibilité d'humeur, qui est l'écueil ordinaire de tous les mariages de ce genre, le public, qui ne veut jamais être pris en défaut dans ces occasions, eut, comme de coutume, une bonne provision de motifs pour expliquer cette rupture, tous tendant à noircir le caractère du poète auquel il prêtait déjà des couleurs si sombres, et le représentant comme un monstre accompli de dépravation et de cruauté. La réputation de l'objet de son choix qui lui attribuait toutes les vertus possibles, cette réputation qui, je n'en doute pas, avait été pour lui une des causes déterminantes de ce mariage, par la vanité qu'il mit à obtenir un tel modèle de vertu (tout en passant dans le monde pour un réprouvé), fut ce qui donna à ses adversaires des armes contre lui, non-seulement pour en faire un contraste avec son propre caractère, mais comme si les perfections de la femme étaient des preuves positives de tous les méfaits dont il leur plaisait d'accuser le mari.
Cependant le silence inflexible que (par des motifs de générosité et de délicatesse, sans doute) sa femme elle-même ne cessait d'opposer aux demandes répétées qui lui étaient faites, de spécifier les torts qu'elle avait à lui reprocher, laissa à l'imagination et à la méchanceté le champ le plus vaste pour exercer leur activité. On rapporta donc, et on crut presqu'universellement, que la seconde proposition de mariage du noble lord à miss Milbanke n'avait été faite que dans le but de se venger de l'affront d'un premier refus, et qu'il le lui avait avoué lui-même en allant à l'église. À l'époque où, comme le lecteur l'a vu dans ses lettres écrites pendant sa lune de miel, il se croyait de la meilleure foi du monde au sein du bonheur, et se vantait même, dans l'orgueil de son imagination, que si le mariage se faisait à bail, il renouvellerait avec joie le sien pour quatre-vingt-dix-neuf ans, à cette même époque, s'il en faut croire ses véridiques historiens, il s'occupait à poursuivre le sombre projet de vengeance dont on vient de parler, et à tourmenter sa femme par toute espèce d'actions lâches et cruelles, – telles que de décharger des pistolets pour l'effrayer pendant qu'elle était au lit 18, et autres fantaisies de même genre.
Note 18: (retour) Il y avait cependant une espèce de fondement à ce conte, dans l'habitude qu'il avait prise dès son enfance d'avoir toujours des pistolets chargés auprès de lui la nuit, habitude qu'on regarda comme un penchant si bizarre, qu'elle fut ajoutée à la liste des symptômes (portés, je crois, au nombre de seize) qui furent soumis à l'opinion des médecins comme preuve d'un dérangement intellectuel. Un autre de ces symptômes était l'impression presque convulsive que Kean avait produite sur lui dans le rôle de sir Giles Overreach. Mais le motif le plus plausible (comme il en convenait lui-même) sur lequel reposait cette accusation de démence, était un acte de violence qu'il avait fait tomber sur une vieille montre qu'il possédait dès l'enfance, et qu'il avait portée en Grèce avec lui. Dans un accès de désespoir et de rage causé par quelqu'une de ces difficultés humiliantes auxquelles il était journellement en proie, il lança la montre avec fureur sur le foyer, et la brisa en mille morceaux au milieu des cendres avec les pincettes.(Note de Moore.)
J'ai déjà dit quelque chose de la fausseté des liaisons de coulisse qui lui furent attribuées, surtout avec une de nos belles actrices à qui il avait à peine parlé une fois. Mais l'extrême confiance avec laquelle ce conte fut mis en circulation et généralement cru donne un assez bon échantillon de l'espèce de témoignage dont le public se contente dans ses accès de vertueuse indignation. Il est cependant très-loin de mes intentions d'alléguer que, dans le cours de ses relations avec le théâtre, le noble poète ne fut pas quelquefois entraîné dans un genre de société inconvenant, sinon dangereux à la régularité de la vie conjugale. Mais les accusations portées contre lui sur ce point; en ce qu'elles attaquent son caractère d'époux, n'en sont pas mieux fondées, la seule circonstance qui eût pu réellement donner matière à cette imputation n'ayant eu lieu qu'après sa séparation.
Ne se contentant pas de ces charges ordinaires et palpables, la voix publique s'enhardit à aller encore plus loin, et se prévalant du mystérieux silence que gardait l'une des parties, elle osa se répandre en sombres suggestions, en insinuations vagues, que l'imagination de chaque auditeur fut libre d'interpréter comme il lui plut. La conséquence de toutes ces calomnies fut que le cri public s'éleva contre Lord Byron, comme on n'en avait peut-être jamais vu d'exemple dans la vie privée: et toute la gloire qu'il s'était acquise pendant le cours des quatre années qui venaient de s'écouler n'avait pas surpassé de beaucoup les reproches et les accusations calomnieuses qui, dans l'espace de quelques semaines, avaient fondu sur lui. Outre ceux qui croyaient de bonne foi à des excès que les apparences ne rendaient que trop probables, et qui les réprouvaient également, soit qu'ils le considérassent comme poète, ou comme homme du monde, il y avait aussi sans cesse sur le qui vive, cette classe nombreuse et active de gens qui regardent la haine des vices des autres comme équivalant à la vertu, ainsi que ces ennemis naturels de tous les succès qui, ayant long-tems souffert de la gloire du poète, purent alors, sous le masque de champions de l'innocence, accabler l'homme de toute leur malignité. Journaux, libelles, caricatures, tout fut employé pour livrer son caractère à la haine publique 19. À peine une voix s'éleva-t-elle en sa faveur, ou fut-elle écoutée; et, quoiqu'un petit nombre d'amis fût resté inébranlable à ses côtés, ils désespérèrent totalement, ainsi que lui-même, de parvenir à arrêter ce torrent, et, après s'être efforcés deux ou trois fois en vain de se faire entendre, ils se résignèrent au silence. Au nombre des tentatives qu'il fit pour confondre ses calomniateurs, est un appel (tel que celui qui est contenu dans le billet suivant) à quelques-uns de ceux avec lesquels il avait continué de vivre familièrement.
Note 19: (retour) L'extrait suivant d'un poème qui fut publié à cette époque donnera quelque idée de la manière dont on l'injuriait.
«Loin de l'Angleterre, sa terre natale, qui toléra trop long-tems le continuel refrain de ses chants profanes, il va, déjà blanchi dans le vice à son début dans la vie, poursuivie une carrière toute pleine de crimes et de folies, et chercher sous un ciel étranger une existence plus en rapport avec la perversité de son ame, dans d'autres climats où son goût blasé et ses regards impies s'attendent à de nouveaux plaisirs. Il fait sagement de chercher une plage ignorée, où on l'estimera d'autant plus qu'on le connaîtra moins.»
Dans un libelle rimé, intitule Épître poétique de Délia à lord Byron, l'auteur s'exprime de cette charitable manière:
«Sans СКАЧАТЬ