Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7. George Gordon Byron
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7 - George Gordon Byron страница 2

СКАЧАТЬ style="font-size:15px;">      Qui parle ainsi? Quoi! vous ici, mon frère?

SALEMÈNES

      Le frère de la reine, ô roi, et votre plus fidèle vassal.

SARDANAPALE, à sa suite

      Comme je l'ai dit, que tout le monde dispose de ses heures, jusqu'à celle de minuit, où nous sollicitons de nouveau votre présence. (La cour se retire.) (A Mirrha, qui s'éloigne.) Mirrha! toi, je croyais que tu restais?

MIRRHA

      Grand roi, tu ne l'as pas dit.

SARDANAPALE

      Mais tu m'y semblais disposée; j'ai vu dans l'expression de tes regards ioniques le désir de ne pas me quitter.

MIRRHA

      Sire, votre-

SALEMÈNES

      Le frère de sa reine, courtisane d'Ionie! Oses-tu bien me nommer et ne pas rougir?

SARDANAPALE

      Sans rougir? Tes yeux sont aussi mauvais que ton cœur! Tu colores ses joues charmantes, comme sur le Caucase la teinte mourante du jour, quand le soleil couchant nuance d'un rose plus sombre la blancheur de la neige; oui, tu lui reproches une insensibilité, un aveuglement qui t'appartiennent seuls. Quoi! des larmes, ma Mirrha!

SALEMÈNES

      Qu'elles coulent; elle pleure pour bien d'autres, et elle est elle-même la cause de pleurs plus amers.

SARDANAPALE

      Maudit celui qui fait ainsi couler les siennes!

SALEMÈNES

      Oh! ne te maudis pas toi-même: – des millions d'hommes le font déjà bien assez.

SARDANAPALE

      Tu oublies qui tu es; ne me fais pas souvenir que je suis roi.

SALEMÈNES

      Plût à Dieu que tu le fusses!

MIRRHA

      Oh! mon roi! je t'en prie; et toi, prince aussi, permettez que je me retire.

SARDANAPALE

      Puisqu'il le faut, et que cet homme brutal n'a pas craint d'insulter ta belle ame, j'y consens; mais souviens-toi que nous devons bientôt nous réunir: j'aimerais mieux perdre un empire que ta présence.

(Mirrha sort.)SALEMÈNES

      Il se peut que tu les perdes tous les deux, et tous deux pour toujours!

SARDANAPALE

      Mon frère, puisque je supporte un pareil langage, je puis du moins commander à moi-même; cependant, ne me force pas à sortir de mon naturel.

SALEMÈNES

      Et c'est justement à ce naturel facile, et même trop faible, que je voudrais t'arracher. Oh! que ne puis-je te réveiller, quand même tu devrais m'en punir.

SARDANAPALE

      Par le dieu Baal! cet homme voudrait faire de moi un tyran.

SALEMÈNES

      Mais tu l'es déjà! Crois-tu qu'il n'y ait d'autre tyrannie que celle du carnage et des haines? celle du vice, les excès et les débordemens du libertinage, l'indolence, l'apathie, les suites d'une molle oisiveté enfantent des milliers de tyrans dont la cruauté surpasse les actes les plus odieux d'un despote énergique, quelles que soient l'impétuosité et la violence de son caractère. Le triste et scandaleux exemple de tes débordemens corrompt les nations ainsi qu'il les oppresse; du même coup, il sappe et ta puissance immédiate et celle de tes officiers les plus éloignés. Aussi, que l'étranger envahisse nos frontières, ou qu'un séditieux appelle à la guerre civile, l'un ou l'autre nous seront également fatals. Le premier ne trouvera plus dans tes sujets un courage capable de le repousser, et le second rencontrera moins des vainqueurs que des complices.

SARDANAPALE

      Et qui te rend aujourd'hui le porte-voix du peuple?

SALEMÈNES

      L'oubli de ta conduite avec la reine, et les chagrins de ma sœur; l'affection naturelle que je conserve pour mes jeunes neveux; ma loyauté envers le roi, loyauté que des paroles ne suffiront plus bientôt pour lui prouver; mon respect pour la race de Nemrode, et, de plus, un autre sentiment que tu ne connais pas.

SARDANAPALE

      Qu'est-ce que cela?

SALEMÈNES

      Un mot qui t'est inconnu.

SARDANAPALE

      Prononce-le, cependant: j'ai toujours aimé à apprendre.

SALEMÈNES

      La vertu.

SARDANAPALE

      Je ne connais pas ce mot! Il n'en est pas un qui plus souvent sonne dans mes oreilles-plus retentissant que le bruit de la multitude ou l'éclatante trompette; ta sœur ne m'a jamais fait entendre autre chose.

SALEMÈNES

      Pour changer ce pénible sujet, écoute un peu parler le vice.

SARDANAPALE

      Qui écouter?

SALEMÈNES

      Les vents eux-mêmes, si tu étais un peu sensible aux échos de la voix des peuples.

SARDANAPALE

      Allons, je suis indulgent comme tu vois, et patient comme tu l'as maintes fois éprouvé. – Parle donc; qui te pousse à agir ainsi?

SALEMÈNES

      Les dangers que tu cours.

SARDANAPALE

      Explique-toi.

SALEMÈNES

      Eh bien donc, toutes les nations, car elles sont nombreuses, dont ton père t'a transmis l'héritage, sont transportées de fureur contre toi.

SARDANAPALE

      Contre moi! Et que veulent les esclaves?

SALEMÈNES

      Un roi.

SARDANAPALE

      Et que suis-je donc, moi?

SALEMÈNES

      A leurs yeux, rien; mais aux miens un homme qui pourrait encore être quelque chose.

SARDANAPALE

      Insolente valetaille! Et que désirent-ils donc? N'ont-ils pas paix et abondance?

SALEMÈNES

      De la première, ils en jouissent aux dépens de leur gloire; de la seconde, bien moins que le roi ne l'imagine.

SARDANAPALE

      Alors, à qui la faute, si ce n'est aux satrapes infidèles qui n'y pourvoient mieux?

SALEMÈNES

      Mais certes, on peut en accuser aussi le monarque dont les regards ne s'étendent jamais au-delà des murs de son palais, ou, s'il le fait, qui ne voit pas au-delà de quelques palais élevés sur les montagnes, jusqu'à ce que les chaleurs de l'été aient disparu. O glorieux Baal! toi qui édifias ce vaste empire, et fus mis au rang des dieux, ou du moins dont la gloire, à travers les siècles, égalera celle d'un dieu, pensais-tu que ton descendant présomptif ne regarderait jamais en roi les royaumes que tu lui conquis en héros, et que tu obtins au prix de ton sang, de tes sueurs et de continuels dangers? Et pourquoi? pour procurer les impôts nécessaires aux frais d'un festin, ou des concussions multipliées au profit d'un infâme favori.

SARDANAPALE

      Je te comprends. Tu voudrais me faire marcher en conquérant. Par tous les astres que consultent les Chaldéens, ces turbulens esclaves mériteraient que je les punisse en cédant à leurs vœux, et que je les conduisisse à la gloire.

SALEMÈNES

      Pourquoi non? Sémiramis n'était СКАЧАТЬ