Mowgli (FR). Kipling Rudyard
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Читать онлайн книгу Mowgli (FR) - Kipling Rudyard страница 5

Название: Mowgli (FR)

Автор: Kipling Rudyard

Издательство: Проспект

Жанр: Иностранные языки

Серия:

isbn: 9785392043828

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СКАЧАТЬ Fleur Rouge, Bagheera voulait dire du feu. Mais aucune créature de la Jungle n'appelait le feu par son vrai nom. Chaque bête en éprouve, toute sa vie, une crainte mortelle, et invente cent manières de le décrire sans le nommer.

      – La Fleur Rouge ! dit Mowgli. Cela pousse au crépuscule auprès de leurs huttes. J'irai en chercher.

      – Voilà bien le Petit d'Homme qui parle ! dit Bagheera avec orgueil. Rappelle-toi qu'elle pousse dans de petits pots. Prends-en un rapidement, et garde-le avec toi pour le moment où tu en auras besoin.

      – Bon, dit Mowgli, j'y vais. Mais as-tu la certitude, ô Bagheera que j'aime – il passa son bras autour du cou splendide, et plongea son regard au fond des grands yeux – as-tu la certitude que tout cela soit l'œuvre de Shere Khan ?

      – Par la Serrure Brisée qui me délivra, j'en ai la certitude, Petit Frère !

      – Alors, par le Taureau qui me racheta ! je payerai à Shere Khan ce que je lui dois, honnêtement ; il se peut même qu'il reçoive un peu plus que son dû.

      Et Mowgli partit d'un bond.

      – Voilà l'homme ! Voilà bien l'homme, murmura la Panthère en se recouchant. Oh ! Shere Khan, tu n'as jamais fait chasse plus dangereuse que cette chasse à la grenouille, il y a dix ans !

      Mowgli était déjà loin parmi la forêt, trottant ferme, et il sentait son cœur tout chaud dans sa poitrine. Il arriva à la caverne au moment où montait le brouillard du soir, reprit haleine et regarda en bas, dans la vallée. Les jeunes loups étaient dehors, mais la mère, au fond de la caverne, comprit, au bruit du souffle de Mowgli, qu'un souci troublait sa Grenouille.

      – Qu'y a-t-il, fils ? dit-elle.

      – Des potins de chauve-souris à propos de Shere Khan ! répondit-il. Je chasse en terre de labour, ce soir.

      Il plongea dans les broussailles pour gagner le cours d'eau, tout au fond de la vallée. Là, il s'arrêta, car, au milieu des cris du Clan en chasse, il entendit meugler un sambhur traqué, le râle de la bête aux abois. Puis montèrent des hurlements de dérision et de malignité ; c'étaient les jeunes loups.

      – Akela ! Akela ! Que le Solitaire montre sa force !… Place au chef du Clan ! Saute, Akela !

      

      Le Solitaire dut sauter et manquer sa prise, car Mowgli entendit le claquement de ses mâchoires et un glapissement lorsque le sambhur, avec son pied de devant, le culbuta. Il ne resta pas à en écouter davantage, mais s'élança en avant ; et les cris s'affaiblirent derrière lui à mesure qu'il se hâtait vers les terres cultivées où demeuraient les villageois.

      – Bagheera disait vrai ! souffla-t-il, en se nichant parmi le fourrage amoncelé sous la fenêtre d'une hutte. Demain, c'est le jour d'Akela et le mien.

      Alors, il appliqua son visage contre la fenêtre et considéra le feu sur l'âtre ; il vit la femme du laboureur se lever pendant la nuit et nourrir la flamme avec des mottes noires ; et quand vint le matin, à l'heure où blanchit la brume froide, il vit l'enfant de l'homme prendre une corbeille d'osier garnie de terre à l'intérieur, l'emplir de charbons rouges, l'enrouler dans sa couverture, et s'en aller garder les vaches.

      – N'est-ce que cela ? dit Mowgli. Si un enfant peut le faire, je n'ai rien à craindre.

      Il tourna le coin de la maison, rencontra le garçon nez à nez, lui arracha le feu des mains et disparut dans le brouillard, tandis que l'autre hurlait de frayeur.

      – Ils sont tout à fait pareils à moi ! dit Mowgli en soufflant sur le pot de braise, comme il l'avait vu faire à la femme. Cette chose mourra si je ne lui donne rien à manger…

      Et il jeta quelques brindilles et des morceaux d'écorce sèche sur la chose rouge. À moitié chemin de la colline, il rencontra Bagheera ; la rosée du matin brillait sur sa fourrure comme des pierres de lune.

      – Akela a manqué son coup, dit la Panthère. Ils l'auraient tué la nuit dernière, mais ils te voulaient aussi. Ils t'ont cherché sur la colline.

      – J'étais en terre de labour. Je suis prêt. Vois.

      Mowgli lui tendit le pot plein de feu.

      – Bien !… À présent j'ai vu les hommes jeter une branche sèche dans cette chose, et aussitôt la Fleur Rouge s'épanouissait au bout… Est-ce que tu n'as pas peur ?

      – Non. Pourquoi aurais-je peur ? Je me rappelle maintenant… si ce n'est pas un rêve… qu'avant d'être un loup je me couchais près de la Fleur Rouge, et qu'il y faisait chaud et bon.

      Tout ce jour-là, Mowgli resta assis dans la caverne, veillant sur son pot de braise et y enfonçant des branches sèches pour voir comment elles brûlaient. Il chercha et trouva une branche qui lui parut à souhait, et, le soir, quand Tabaqui vint à la caverne lui dire assez insolemment qu'on le mandait au Rocher du Conseil, il se mit à rire jusqu'à ce que Tabaqui s'enfuît. Et Mowgli se rendit au Conseil, toujours riant.

      Akela le Solitaire se tenait couché à côté de sa pierre pour montrer que sa succession était ouverte, et Shere Khan, avec sa suite de loups nourris de restes, se promenait de long en large, objet de visibles flatteries. Bagheera vautrait son corps souple aux côtés de Mowgli, et l'enfant serrait le pot de braise entre ses genoux. Lorsqu'ils furent tous rassemblés, Shere Khan prit la parole – ce qu'il n'aurait jamais osé faire aux beaux jours d'Akela.

      – Il n'a pas le droit, murmura Bagheera. Dis-le. C'est un fils de chien. Il aura peur.

      Mowgli sauta sur ses pieds.

      – Peuple Libre, s'écria-t-il, Shere Khan est-il donc notre chef ?… Qu'est-ce qu'un tigre peut avoir à faire avec la direction du Clan ?

      – À cause de la succession ouverte, et comme on m'avait prié de parler…, commença Shere Khan.

      – Qui t'en avait prié ? fit Mowgli. Sommes-nous tous des chacals pour flagorner ce boucher ? La direction du Clan regarde le Clan seul.

      Il y eut des hurlements :

      – Silence, toi, Petit d'Homme !

      – Laissez-le parler. Il a gardé notre Loi !

      Et, à la fin, les anciens du Clan tonnèrent :

      – Laissez parler le Loup Mort !

      Lorsqu'un chef de Clan a manqué sa proie, on l'appelle le « Loup Mort » pour le temps qui lui reste à vivre, et ce n'est guère.

      Akela péniblement souleva sa vieille tête :

      

      

      – Peuple Libre, et vous aussi, chacals de Shere Khan, pendant douze saisons je vous ai conduits à la chasse et vous en ai ramenés, et pendant tout ce temps, nul de vous n'a été pris au piège ni estropié. Je viens de manquer ma proie. Vous savez comment on a ourdi cette intrigue. Vous savez comment vous m'avez mené à un chevreuil non forcé, pour montrer ma faiblesse. Ce fut habilement fait. Vous avez maintenant le droit de me tuer sur le Rocher du Conseil. C'est pourquoi je demande : Qui vient achever le Solitaire ? Car c'est mon droit, de par la Loi de la Jungle, СКАЧАТЬ