Han d'Islande. Victor Hugo
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Название: Han d'Islande

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ mes éperons neufs, dont la molette est plus large qu'un ducat de Lombardie?– C'est la forme la plus nouvelle, n'est-ce pas?

      – Dieu! Dieu! dit le jeune homme en se frappant le front! mais cela me confond!

      – N'est-ce pas? reprit l'officier, se méprenant sur le sens de cette exclamation. Pas la moindre attention à moi! c'est incroyable, mais c'est pourtant vrai.

      Le jeune homme se promenait, violemment agité, de long en large et à grands pas.

      – Voulez-vous vous rafraîchir, capitaine Dispolsen? lui cria l'officier.

      Le jeune homme se réveilla.

      – Je ne suis point le capitaine Dispolsen.

      – Comment! dit l'officier d'un ton sévère, et se levant sur son séant; et qui donc êtes-vous pour oser vous introduire ici, et à cette heure?

      Le jeune homme déploya sa pancarte.

      – Je veux voir le comte Griffenfeld;… je veux dire votre prisonnier.

      – Le comte! le comte! murmura l'officier d'un air mécontent.– Mais en vérité cette pièce est en règle; voilà bien la signature du vice-chancelier Grummond de Knud: «Le porteur pourra visiter, à toute heure et en tout temps, toutes les prisons royales.» Grummond de Knud est frère du vieux général Levin de Knud, qui commande à Drontheim, et vous saurez que ce vieux général a élevé mon futur beau-frère.

      – Merci de vos détails de famille, lieutenant. Ne pensez-vous pas que vous m'en avez déjà assez raconté?

      – L'impertinent a raison, se dit le lieutenant en se mordant les lèvres.– Holà, huissier! huissier de la tour! Conduisez cet étranger à Schumacker, et ne grondez pas si j'ai décroché votre luminaire à trois becs et à une mèche. Je n'étais pas fâché d'examiner une pièce qui date sans doute de Sciold le Païen ou de Havar le Pourfendu; et d'ailleurs on ne suspend plus aux plafonds que des lustres en cristal.

      Il dit, et pendant que le jeune homme et son conducteur traversaient le jardin désert du donjon, il reprit, martyr de la mode, le fil des aventures galantes de l'amazone Clélie et d'Horatius le Borgne.

      IV

      BENVOLIO

      Où diable ce Roméo peut-il être? il n'est pas rentré chez lui cette nuit.

      MERCUTIO

      Il n'est pas rentré chez son père; j'ai parlé à son domestique.

SHAKESPEARE.

      Cependant un homme et deux chevaux étaient entrés dans la cour du palais du gouverneur de Drontheim. Le cavalier avait quitté la selle en hochant la tête d'un air mécontent; il se préparait à conduire les deux montures à l'écurie, lorsqu'il se sentit saisir brusquement le bras, et une voix lui cria:

      – Comment! vous voilà seul, Poël! Et votre maître? où est votre maître?

      C'était le vieux général Levin de Knud, qui, de sa fenêtre, ayant vu le domestique du jeune homme et la selle vide, était descendu précipitamment et fixait sur le valet un regard plus inquiet encore que sa question.

      – Excellence, dit Poël en s'inclinant profondément, mon maître n'est plus à Drontheim.

      – Quoi! il y était donc? il est reparti sans voir son général, sans embrasser son vieil ami! et depuis quand?

      – Il est arrivé ce soir et reparti ce soir.

      – Ce soir! ce soir! mais où donc s'est-il arrêté? où est-il allé?

      – Il a descendu au Spladgest, et s'est embarqué pour Munckholm.

      – Ah! je le croyais aux antipodes. Mais que va-t-il faire à ce château? qu'allait-il faire au Spladgest? Voilà bien mon chevalier errant! C'est aussi un peu ma faute, pourquoi l'ai-je élevé ainsi? J'ai voulu qu'il fût libre en dépit de son rang.

      – Aussi n'est-il point esclave des étiquettes, dit Poël.

      – Non, mais il l'est de ses caprices. Allons, il va sans doute revenir. Songez à vous rafraîchir, Poël.– Dites-moi, et le visage du général prit une expression de sollicitude, dites-moi, Poël, avez-vous beaucoup couru à droite et à gauche?

      – Mon général, nous sommes venus en droite ligne de Berghen. Mon maître était triste.

      – Triste? que s'est-il donc passé entre lui et son père? Ce mariage lui déplaît-il?

      – Je l'ignore. Mais on dit que sa sérénité l'exige.

      – L'exige! vous dites, Poël, que le vice-roi l'exige! Mais pour qu'il l'exige, il faut qu'Ordener s'y refuse.

      – Je l'ignore, excellence. Il paraît triste.

      – Triste! savez-vous comment son père l'a reçu?

      – La première fois, c'était dans le camp, près Berghen. Sa sérénité a dit: Je ne vous vois pas souvent, mon fils.– Tant mieux pour moi, mon seigneur et père, a répondu mon maître, si vous vous en apercevez. Puis il a donné à sa sérénité des détails sur ses courses du Nord; et sa sérénité a dit: C'est bien. Le lendemain, mon maître est revenu du palais, et a dit: On veut me marier; mais il faut que je voie mon second père, le général Levin.– J'ai sellé les chevaux, et nous voilà.

      – Vrai, mon bon Poël, dit le général d'une voix altérée, il m'a appelé son second père?

      – Oui, votre excellence.

      – Malheur à moi si ce mariage le contrarie, car j'encourrai plutôt la disgrâce du roi que de m'y prêter. Mais cependant, la fille du grand-chancelier des deux royaumes!… À propos, Poël, Ordener sait-il que sa future belle-mère, la comtesse d'Ahlefeld, est ici incognito depuis hier, et que le comte y est attendu?

      – Je l'ignore, mon général.

      – Oh! se dit le vieux gouverneur, oui, il le sait, car pourquoi aurait-il battu en retraite dès son arrivée?

      Ici le général, après avoir fait un signe de bienveillance à Poël, et salué la sentinelle qui lui présentait les armes, rentra inquiet dans l'hôtel d'où il venait de sortir inquiet.

      V

      On eût dit que toutes les passions avaient agité son coeur, et que toutes l'avaient abandonné; il ne lui restait rien que le coup d'oeil triste et perçant d'un homme consommé dans la connaissance des hommes, et qui voyait, d'un regard, où tendait chaque chose.

SCHILLER, les Visions.

      Quand, après avoir fait parcourir à l'étranger les escaliers en spirale et les hautes salles du donjon du Lion de Slesvig, l'huissier lui ouvrit enfin la porte de l'appartement où se trouvait celui qu'il cherchait, la première parole qui frappa les oreilles du jeune homme fut encore celle-ci:– Est-ce enfin le capitaine Dispolsen?

      Celui qui faisait cette question était un vieillard assis le dos tourné à la porte, les coudes appuyés sur une table de travail et le front appuyé sur ses mains. Il était revêtu d'une simarre de laine noire, et l'on СКАЧАТЬ