Han d'Islande. Victor Hugo
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Название: Han d'Islande

Автор: Victor Hugo

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ le misérable? quelle est la famille?

      Ordener s'approcha du général et lui serra la main.

      – La famille d'Ahlefeld.

      – D'Ahlefeld! dit le vieux gouverneur; oui, la chose est claire, le lieutenant Frédéric est encore en ce moment à Munckholm. Noble Ordener, on veut t'allier à cette race. Je conçois ta répugnance, noble Ordener!

      Le vieillard, croisant les bras, resta quelques moments rêveur, puis il vint à Ordener et le serra sur sa poitrine.

      – Jeune homme, tu peux partir; ta protection ne sera pas absente pour tes protégés; je leur reste. Oui, pars; tu fais bien de toute manière. Cette infernale comtesse d'Ahlefeld est ici, tu le sais peut-être?

      – La noble dame comtesse d'Ahlefeld, dit la voix de l'huissier qui ouvrait la porte.

      À ce nom Ordener recula machinalement vers le fond de la chambre, et la comtesse, entrant sans l'apercevoir, s'écria:

      – Seigneur général, votre élève se joue de vous; il n'est point allé à Munckholm.

      – En vérité! dit le général.

      – Eh mon Dieu! mon fils Frédéric, qui sort du palais, était hier de garde au donjon, et n'a vu personne.

      – Vraiment, noble dame? répéta le général.

      – Ainsi, continua la comtesse en souriant d'un air de triomphe, général, n'attendez plus votre Ordener.

      Le gouverneur resta grave et froid.

      – Je ne l'attends plus en effet, dame comtesse.

      – Général, dit la comtesse en se détournant, je croyais que nous étions seuls. Quel est?....

      La comtesse attacha son regard scrutateur sur Ordener, qui s'inclina.

      – Vraiment, poursuivit-elle,– je ne l'ai vu qu'une fois…– mais… sans ce costume, ce serait....

      – Seigneur général, c'est le fils du vice-roi?

      – Lui-même, noble dame, dit Ordener, s'inclinant de nouveau.

      La comtesse sourit.

      – En ce cas permettez-vous à une dame, qui doit bientôt être plus encore pour vous, de vous demander où vous êtes allé hier, seigneur comte.

      – Seigneur comte! Je ne crois pas avoir eu le malheur de perdre déjà mon noble père, dame comtesse.

      – Ce n'est certes point là ma pensée. Mieux vaut devenir comte en prenant une épouse qu'en perdant un père.

      – L'un ne vaut guère mieux que l'autre, noble dame.

      La comtesse, un peu interdite, prit cependant le parti d'éclater de rire.

      – Allons, on m'avait dit vrai; sa courtoisie est un peu sauvage. Elle se familiarisera pourtant avec les présents des dames, quand Ulrique d'Ahlefeld lui passera au cou la chaîne de l'ordre de l'Éléphant.

      – Véritable chaîne en effet! dit Ordener.

      – Vous verrez, général Levin, reprit la comtesse, dont le rire devenait embarrassé, que votre intraitable élève ne voudra pas non plus tenir d'une dame son rang de colonel.

      – Vous avez raison, dame comtesse, répliqua Ordener, un homme qui porte l'épée ne doit pas devoir ses aiguillettes à un jupon.

      La physionomie de la grande dame se rembrunit tout à fait.

      – Ho! ho! d'où vient donc le seigneur baron? Est-il bien vrai que sa courtoisie ne soit pas allée hier à Munckholm?

      – Noble dame, je ne satisfais pas toujours à toutes les questions.– Mais, général, nous nous reverrons....

      Puis, serrant la main du vieillard et saluant la comtesse, il sortit, laissant la dame stupéfaite de tout ce qu'elle ignorait, seule avec le gouverneur, indigné de tout ce qu'il savait.

      XII

      … L'homme qui est en ce moment assis près de lui, qui rompt avec lui son pain et boit à sa santé la coupe qu'ils ont partagée ensemble, sera le premier à l'assassiner.

SHAKESPEARE, Timon d'Athènes.

      Que le lecteur se transporte maintenant sur la route de Drontheim à Skongen, route étroite et pierreuse qui côtoie le golfe de Drontheim jusqu'au hameau de Vygla, il ne tardera pas à entendre les pas de deux voyageurs qui sont sortis de la porte dite de Skongen à la chute du jour, et montent assez rapidement les collines étagées sur lesquelles serpente le chemin de Vygla.

      Tous deux sont enveloppés de manteaux. L'un marche d'un pas jeune et ferme, le corps droit et la tête levée; l'extrémité d'un sabre dépasse le bord de son manteau, et, malgré l'obscurité de la nuit, on peut voir une plume se balancer au souffle du vent sur sa toque. L'autre est un peu plus grand que son compagnon, mais légèrement voûté; on voit sur son dos une bosse, formée sans doute par une besace que cache un grand manteau noir dont les bords profondément dentelés annoncent les bons et loyaux services. Il n'a d'autre arme qu'un long bâton dont il aide sa marche inégale et précipitée.

      Si la nuit empêche le lecteur de distinguer les traits des deux voyageurs, il les reconnaîtra peut-être à la conversation que l'un d'eux entame après une heure de route silencieuse, et par conséquent ennuyeuse.

      – Maître! mon jeune maître! nous sommes au point d'où l'on aperçoit à la fois la tour de Vygla et les clochers de Drontheim. Devant nous, à l'horizon, cette masse noire, c'est la tour; derrière nous; voici la cathédrale, dont les arcs-boutants, plus sombres encore que le ciel, se dessinent comme les côtes de la carcasse d'un mammouth.

      – Vygla est-il loin de Skongen? demanda l'autre piéton.

      – Nous avons l'Ordals à traverser, seigneur; nous ne serons pas à Skongen avant trois heures du matin.

      – Quelle est l'heure qui sonne en ce moment?

      – Juste Dieu, maître! vous me faites trembler. Oui, c'est la cloche de Drontheim, dont le vent nous apporte les sons. Cela annonce l'orage. Le souffle du nord-ouest amène les nuages.

      – Les étoiles, en effet, ont toutes disparu derrière nous.

      – Doublons le pas, mon noble seigneur, de grâce. L'orage arrive, et peut-être s'est-on déjà aperçu à la ville de la mutilation du cadavre de Gill et de ma fuite. Doublons le pas.

      – Volontiers. Vieillard, votre fardeau paraît lourd; cédez-le-moi, je suis jeune et plus vigoureux que vous.

      – Non, en vérité, noble maître; ce n'est point à l'aigle à porter l'écaille de la tortue. Je suis trop indigne que vous vous chargiez de ma besace.

      – Mais, vieillard, si elle vous fatigue? Elle paraît pesante. Que contient-elle donc? Tout à l'heure vous avez bronché, cela a résonné comme du fer.

      Le vieillard s'écarta brusquement du jeune homme.

      – Cela a résonné, maître! СКАЧАТЬ