La corde au cou. Emile Gaboriau
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Название: La corde au cou

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ pas un meuble intact. Mon architecte me dit que, tout compris, j'aurai pour plus de quarante mille francs de réparations…»

      – Comment! de réparations!… Il comptait donc encore utiliser cette maison?

      – À cetteépoque, monsieur, le mariage de monsieur n'était pas encore arrêté.

      – Soit, mais cette circonstance tendrait à prouver qu'il a revu à cetteépoque la dame mystérieuse, et que la guerre n'avait pas brisé leurs relations…

      – C'est possible.

      – Et il ne vous a jamais reparlé de cette dame?

      – Jamais…

      Il s'arrêta. Dans le vestibule, on entendait M. de Chandoré tousser avec cette affectation d'un homme qui tient à s'annoncer.

      Aussitôt qu'il reparut:

      – Par ma foi, monsieur, lui dit maître Folgat, lui indiquant ainsi que sa présence n'avait plus aucun inconvénient, je me disposais à aller à votre recherche, craignant que vous ne fussiez incommodé.

      – Je vous remercie, répondit le vieux gentilhomme, l'air m'a tout à fait remis.

      Il s'assit; et le jeune avocat se retournant vers Antoine:

      – Revenons, dit-il, à monsieur de Boiscoran. Commentétait-il, le jour qui a précédé l'incendie?

      – Comme tous les autres jours, monsieur.

      – Qu'a-t-il fait avant de sortir?

      – Il a dîné comme d'habitude, de bon appétit. Il est ensuite monté dans son appartement, où il est resté plus d'une heure. En descendant il tenait à la main une lettre, qu'il a remise à Michel, le fils du fermier, pour la porter à Sauveterre, à mademoiselle Chandoré…

      – Précisément. Dans cette lettre monsieur de Boiscoran dit à mademoiselle Denise qu'il est retenu loin d'elle par une affaire impérieuse.

      – Ah!

      – Avez-vous idée de ce que pouvaitêtre cette affaire?

      – Aucunement, monsieur, je vous le jure.

      – Cependant, voyons, ce ne peutêtre sans raison que monsieur de Boiscoran s'est privé du plaisir de passer la soirée auprès de sa fiancée?

      – Non, en effet.

      – Ce ne peutêtre sans but, qu'au lieu de suivre la grande route, il s'est lancé à travers les marais inondés et qu'il est revenu à travers bois…

      Le vieil Antoine, littéralement, s'arrachait les cheveux.

      – Ah! monsieur! s'écria-t-il, vous dites là précisément ce que disait monsieur Galpin-Daveline!

      – C'est malheureusement ce que dira tout homme sensé.

      – Je le sais, monsieur, je ne le sais que trop. Et monsieur Jacques lui-même l'a si bien senti qu'il a essayé d'inventer un prétexte. Mais il n'a jamais menti, monsieur Jacques, il ne sait pas mentir, et lui qui a tant d'esprit, il n'a rien su trouver qu'un prétexte dont l'absurdité saute aux yeux. Il dit qu'il allait à Bréchy voir son marchand de bois…

      – Et pourquoi non! fit M. de Chandoré.

      Antoine secoua la tête.

      – Parce que, répondit-il, le marchand de bois de Bréchy est un voleur, et qu'au su et vu de tout le monde, monsieur l'a mis dehors par lesépaules, voilà plus de trois ans. C'est à Sauveterre que nous vendons nos coupes.

      Maître Folgat venait de sortir de sa poche un agenda, et il y notait certaines indications d'Antoine, arrêtant déjà les grandes lignes de sa défense.

      Cela fait:

      – À cette heure, commença-t-il, arrivons à Cocoleu.

      – Ah! le misérable! s'écria Antoine.

      – Vous le connaissez?

      – Comment ne le connaîtrais-je pas, moi qui ai passé toute ma vie ici, à Boiscoran, au service de défunt l'oncle de monsieur!

      – Alors, quel individu est-ce, décidément?

      – Un idiot, monsieur, ou, comme on dit ici, un innocent, qui a la danse de Saint-Guy, par-dessus le marché, et qui tombe du haut mal.

      – Ainsi, il est de notoriété publique qu'il est complètement imbécile?

      – Oui, monsieur. Quoique pourtant j'ai entendu des gens soutenir qu'il n'était pas si dénué de bon sens qu'on croyait, et qu'il faisait, comme on dit, l'âne pour avoir du son…

      M. de Chandoré l'interrompit.

      – Sur ce sujet, dit-il, le docteur Seignebos peut donner les renseignements les plus précis, ayant gardé Cocoleu chez lui près de deux ans.

      – Aussi ai-je bien l'intention de voir le docteur, répondit maître Folgat. Mais, avant tout, il faudrait retrouver ce misérable idiot…

      – Vous avez entendu monsieur Séneschal, monsieur, il a mis la gendarmerie à sa poursuite.

      Antoine se permit une grimace.

      – Quand les gendarmes prendront Cocoleu, déclara-t-il, c'est qu'il aura voulu se laisser prendre.

      – Pourquoi, s'il vous plaît?

      – Parce que, messieurs, il n'y a personne comme cet innocent pour connaître les coins et les recoins du pays, les trous, les fourrés, les cachettes, et qu'avec l'habitude qu'il a eu de vivre comme un sauvage, de fruits, de racines et d'oiseaux, il peut, en cette saison, rester trois mois sans approcher d'une maison.

      – Diable! fit maître Folgat, désappointé.

      – Je ne connais qu'un homme, continua le vieux serviteur, capable de dénicher Cocoleu, c'est le fils de notre métayer, Michel, ce gars que vous avez vu en bas.

      – Qu'il vienne! dit M. de Chandoré.

      Appelé, Michel ne tarda pas à paraître, et quand on lui eut expliqué ce qu'on attendait de lui:

      – Il y a moyen, répondit-il, quoique certainement ce ne soit point aisé. Si Cocoleu n'a pas la raison d'un homme, il a la malice d'une bête… Enfin, on va essayer.

      Rien ne retenait plus à Boiscoran M. de Chandoré ni maître Folgat.

      Après avoir recommandé au vieil Antoine de bien surveiller les scellés et de donner, s'ilétait possible, un coup d'œil au fusil de Jacques, lorsque la justice viendrait enlever les pièces à conviction, ils remontèrent en voiture.

      Et cinq heures sonnaient à la cathédrale de Sauveterre quand ils arrivèrent rue de la Rampe.

      Mlle Denise attendait dans le salon. Elle se leva lorsqu'ils entrèrent, pâle, les yeux secs et brillants.

      – Comment! tu es seule! s'écria M. de Chandoré, on t'a laissée seule!

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